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24 M – Ada Colau, nouvelle Maire de Barcelone ?

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 24 mai 2015, mis à jour le 25 mai 2015

Ce sont environ 36 millions d'électeurs qui étaient appelés aux urnes hier pour voter aux élections municipales et aux élections régionales dans certaines provinces autonomes. Des élections attendues pour évaluer l'état d'esprit général alors que l'Espagne se relève péniblement de la crise et que le chômage pèse sur la population. Explications des enjeux de ces élections et résultats.

(CC Ricardo Patiño)

Ce dimanche dans toutes les municipalités d'Espagne, les résidents étaient appelés à voter pour leur maire et leurs représentants locaux. Pouvaient participer à ces élections les Espagnols majeurs qui résident en dans la péninsule, ainsi que les personnes résidant en Espagne mais ayant la nationalité d'un autre pays de l'Union Européenne. Voilà pourquoi en plus des 34.521.871 Espagnols appelés pour les municipales, 463.628 étrangers vivant sur le territoire ont pu eux aussi aller voter, selon l'INE.

Ada Colau mène Barcelona en Comú à la Mairie
Selon les premiers résultats, Ada Colau, représentante du regroupement citoyen Barcelona en Comú, mouvement héritier des Indignés, devient la première femme maire de la ville de Barcelone en remportant 11 sièges sur 41. Le maire conservateur sortant Xavier Trias, de Convergència i Unió, n'a pas pu s'imposer en obtenant juste 10 sièges. Derrière ce duo en tête des urnes, les autres partis politiques se sont partagé les sièges restants : Ciudadanos et Esquerra arrive en troisième place (5 siège chacun), suivis du Parti Socialiste (4), et enfin du Partido Popular et Candidatura d'Unitat Popular (3 chacun).
Les artisans d'Ada Colau se sont rassemblés au cri de "si se puede" pour souligner que si, il est possible d'accéder aux rênes d'une ville aussi importante que Barcelone, à la tête d'un parti qui n'existait pas aux élections précédentes, et qui se dit constitué de citoyens plutôt que de politiciens de carrière.

Ada Colau est la première femme à accéder à la mairie de Barcelone. Cette activiste barcelonaise de 41 ans a commencé dès les années 2000 à s'impliquer dans son combat social et politique en prenant part à des mouvements Okupas et en participant à des actions de protestations antimondialisation. Elle s'est rapidement engagée pour dans un combat social en défense des familles endettées par les hypothèques immobilières. En créant la PAH, Plataforma de Afectados por la Hypoteca, Ada Colau a fait de la lutte contre les expulsions sont cheval de bataille. En 2013, elle présenta au nom de PAH auprès du Conseil des Députés une série de propositions visant à modifier la loi sur les hypothèques, et à protéger les familles en situation difficile. Ces propositions ont été écoutées et une discussion ouverte au parlement. Le Tribunal de Justice de l'UE appuya même cet élan en assurant que les lois espagnoles en terme d'hypothèque ne protègent pas assez les citoyens.

Entourée d'autres activistes, elle forma en 2014 la plateforme citoyenne Guanyem Barcelona afin de représenter les intérêts de la population aux élections municipales. Quelques mois plus tard, elle se présente aux élections avec le regroupement politique Barcelona en Comú, issu de l'alliance de Guanyem avec plusieurs groupes et partis de gauche.  En se présentant comme une voix citoyenne et non pas comme un leader politique, Ada Colau a gagné la confiance d'une génération d'électeurs mobilisés, issus des mouvements des Okupas et des Indignés. Son électorat relativement jeune a su mobiliser le mouvement lors de ces élections, grâce aux réseaux sociaux notamment.

Barcelona en Comú a appuyé son programme électoral sur une politique sociale privilégiant l'intérêt des habitants et la vie de quartier. Une position qui est venue s'opposer aux mesures du maire sortant Xavier Trias, qui lui prônait l'attrait touristique et la position internationale de la marque de la ville de Barcelone. Le parti de Ada Colau souhaite quant à lui réduire au maximum les nuisances dues au tourisme de la ville. Barcelona en Comú veut avant tout agir sur l'urgence sociale. Elle propose un "plan de choc" afin de créer de l'emploi, garantir les droits sociaux et abolir les privilèges. Le parti a promis d'investir 100 millions d'euros afin de garantir l'accès au logement et à l'alimentation.
Ada Colau veut mener à bien les mesures du PAH et faire appliquer la Loi catalane du droit au logement : l'objectif est de recenser les appartements vides pour pousser les propriétaires à les louer ou pour sanctionner les banques qui ne les mettraient pas à disposition. Toujours dans l'intérêt des familles, une révision à la baisse des grilles tarifaires des transports en commun devrait être réalisée.
D'autre part, Barcelona en Comú a prévu la création d'un Bureau Municipal Anticorruption afin de veiller au bon fonctionnement des administrations et recueillir les éventuelles délations de corruption de la part de fonctionnaires tout comme de citoyens.

Municipales pour tous, autonomiques pour certains
En plus de ces municipales, 13 des 17 provinces autonomes de la péninsule ibérique ont procédé à leurs élections autonomiques. En effet, la Constitution espagnole organise le territoire en "communautés autonomes". Cela veut dire que chaque région ou commune autonome, dispose d'un organe législatif propre, et d'un représentant élu au suffrage universel pour chaque territoire ainsi découpé. Chaque année les élections des communautés autonomes se déroulent en même temps que les municipales. Cependant 4 régions se distinguent en ne les réalisant pas au même moment. L'Andalousie a procédé à ses élections autonomiques en mars dernier, la Catalogne les a prévu pour le 27 septembre, et celles de Galice et du Pays basque auront lieu en 2016. La possibilité de procéder à des élections différées est permise grâce aux statuts de constitution des ces régions automnes. Lors de leur accès à la « Constitution de l?autonomie », ces régions ont prévu la spécificité d'être libre de convoquer leurs élections propres lorsque bon leur semble. Et bien souvent, elles préfèrent les organiser à une autre date que les municipales, afin de donner plus de poids à ces élections, ou pour de pas suivre les dates imposées par le gouvernement général espagnol.

National : le PP se maintient, Podemos passe devant C's
Les sondages annonçaient un paysage politique national dominé par la droite. Les partis émergents tels que Podemos et Ciudadanos, bouleversent le paysage politique depuis déjà quelques temps et remettent en cause le traditionnel bipartisme PP / PSOE. Les 8.122 communes qui votaient pour leurs représentants étaient jusque là majoritairement dirigées par le PP.  Au final, le Partido Popular a réussi à se maintenir en tête des forces politiques du pays avec 32,46% des votes (selon dernières estimations) alors que les Socialistes ont obtenu 26,10% des voix. Cependant, si le PP reste le parti le plus voté dans les municipalités, la victoire est à nuancer avec d'importantes pertes d'électeurs constatées. C'est une nouvelle ère qui commence, pour la démocratie espagnole, qui verra dans quelle mesure les élus seront en mesure de faire jouer le jeu des alliances pour gouverner leurs communes et régions.

La polémique du vote depuis l'étranger
Les Espagnols expatriés ont rencontré de nombreuses difficultés pour voter depuis l'étranger aux élections municipales et régionales. Depuis 2011, le gouvernement espagnol a institué la procédure de vote dite "rogado" qui contraint les Espagnols vivant à l'étranger à entreprendre de nombreuses démarches pour pouvoir voter. Les électeurs concernés avaient tout d'abord l'obligation d'être inscrits au CERA (Censo de Espanoles Residentes Ausentes) avant le 1er janvier 2015 pour pouvoir participer aux élections du 24 mai. Ils devaient ensuite envoyer plusieurs documents pour obtenir une autorisation de vote. Le journal ABC avait même publié un "guide pour voter depuis l'étranger" qui expliquait les pas à suivre pour pouvoir exercer son droit. Ce système, perçu comme long et compliqué par la plupart des Espagnols résidant à l'étranger, a reçu de virulentes critiques car nombre d'entre eux n'ont pas pu exercer leur droit hier. El Mundo rapporte la création d'un collectif nommé Marea Granate, qui dénonce une désinformation de la part des politiques ainsi que de nombreux retards dans l'envoi des papiers officiels pour pouvoir permettre aux citoyens espagnols habitant à l'étranger de pouvoir voter. Les chiffres sont explicites : la participation des expatriés espagnols aux élections législatives de 2008 avait atteint les 31,74%, contre 4,95% à celles de 2011, année durant laquelle a été mise en place cette nouvelle procédure de vote, toujours selon El Mundo.
Ce sont 1,8 millions d'Espagnols résidant en dehors du pays qui ont été appelés à voter hier.

Perrine LAFFON et Alexia RICARD (lepetitjournal.com ? Espagne) Lundi 25 mai 2015


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Publié le 24 mai 2015, mis à jour le 25 mai 2015

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