Le musée Picasso de Barcelone déroule un programme exceptionnel en cette année de célébration pour ses soixante ans, et de commémoration du cinquantième anniversaire de la mort du maître.
2023 a commencé en grand au musée Picasso de Barcelone, avec la magnifique exposition dédiée au découvreur du cubisme, Daniel-Henry Kahnweiler, et à tous les grands artistes qu'il a révélés, à commencer évidemment par Pablo Picasso. Preuve que les collectionneurs peuvent aussi avoir du génie quand ils ont ce talent de révéler et d'accompagner des artistes prometteurs aux prémices de leur carrière.
L'exposition Kahnweiler a donné le ton de cette année exceptionnelle de célébration du soixantième anniversaire du musée et de la commémoration du cinquantenaire de la mort de Pablo Picasso. Une occasion unique de projeter les multiples facettes du maître, à travers ses œuvres bien sûr, mais aussi en mettant à l'honneur une grande part des innombrables artistes qu'il a inspirés, et continue d'inspirer. Le directeur du musée Emmanuel Guigon a ainsi choisi d'exposer les photographies de Carmen Calvo... avec beaucoup de "flair", puisque la photographe de Valencia vient d'être honorée du prestigieux prix Julio González et d'une rétrospective nationale.
Les visiteurs du musée Picasso de Barcelone auront ainsi le privilège (du 04/05 au 03/09) d'apprécier ou redécouvrir son œuvre très poétique, marquée par le voyage et la correspondance, comme en témoigne sa collection de cartes postales. Dans le musée niché au cœur du quartier gothique de Barcelone, les installations d'Hélène Delprat sur le thème des Ménines feront plus explicitement écho aux tableaux de Picasso des salles voisines, et à ses variations en hommage à l'œuvre de Vélasquez. Il y a comme une volonté de rompre les codes dans ces expressions librement "picassiennes" auxquelles se joignent aussi Fréderic Amat et son regard sur les ballets russes, l'artiste performative Orlan, ou encore la photographe Pilar Aymerich.
"Hors les murs"
L'un des regards les plus décalés étant sans doute celui de Carlos Pazos, qui s'intéresse à l'empreinte de Pablo Picasso sur le cinéma hollywoodien, dans le cadre d'une exposition ironiquement intitulée "Nicasso, el film". C'est à la fois drôle, pertinent et impertinent: un travail de collage en forme d'hommage et de reconnaissance de la dimension prodigieusement populaire de l'inventeur du cubisme, et de son influence qui a dépassé l'espace des musées et salles d'exposition pour influencer toute la société. C'est dans ce sens qu'il faut aussi comprendre également la volonté du directeur Emmanuel Guigon d'élargir l'audience du musée "hors les murs", en débordant d'une part sur les réseaux sociaux avec le "mot dièse" #ParlemPicasso, et en proposant toute une série d'activités en relation avec la Catalogne, et particulièrement la ville de Barcelone. C'est ainsi une "cartographie" de Pablo Picasso qui se dessine et se reflète dans l'œuvre du photographe français Bernard Plossu et sa série de "paysages picassiens". C'est également une façon de s'interroger sur la façon dont l'art de Picasso modèle notre propre vision du monde.
Au cœur de ce programme très riche, il ne faut pas oublier la collaboration exceptionnelle avec la filmothèque de Catalunya (Barcelone), qui propose cette année cinq films en l'honneur de Pablo Picasso. L'ensemble de ces évènements est détaillé sur le site Internet du musée, remis à neuf pour l'occasion, afin de suivre pas à pas une programmation 2023 qui s'achèvera comme elle a commencé : en grand ! Avec une exposition consacrée, à l'automne prochain, aux rapports étroits et amicaux entre Pablo Picasso et Joan Miró. Un rendez-vous en guise d'apothéose de cette année "Picassienne" à Barcelone.
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