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LIBERTES - La censure, révélatrice de la fragilité du pouvoir militaire

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FACT (Freedom Against Censorship Thailand), une association locale qui milite pour la liberté d'expression sur Internet, organisait lundi au cinéma Rama House un séminaire à propos de la censure sur le dernier film d'Apitchapong Weerasethakul. (Photo LPJ

Depuis le coup d'état, le pouvoir militaire tarde à faire ses preuves dans la mise en place de sa politique de réformes, tout en commettant de nombreuses erreurs. La critique s'amplifie et accroît son pouvoir sur l'opinion, et pousse la junte à multiplier les censures

Depuis plusieurs semaines, le débat fait rage en Thaïlande entre partisans et opposants à la censure d'Etat. L'affaire a commencé début avril par le blocage du site de partage de vidéos Youtube.com, sur lequel un internaute avait posté une vidéo jugée fortement injurieuse pour le roi Bhumibol. Si l'acte fût bien compris par la majorité de la population, qui vénère le souverain, cette censure d'un site très populaire a attiré l'attention de l'opinion sur les nombreuses tentatives de contrôle de l'information par le gouvernement thaïlandais.

Depuis leur prise de pouvoir le 19 septembre dernier, les militaires du Conseil National de Sécurité (CNS) auraient bloqué l'accès de dizaines de sites dits "sensibles", selon FACT (Freedom Against Censorship Thailand, http://facthai.wordpress.com/), une association locale qui milite pour la liberté d'expression sur Internet. Sont notamment concernés les forums de discussion portant sur la politique ou sur le conflit qui déchire le Sud du pays. Certains forums, s'ils restent ouverts, pratiquent l'autocensure par une validation des commentaires au compte-goutte. C'est notamment le cas du forum Ratchadamnoen du site www.pantip.com, interdit courant avril, puis rouvert après que ses modérateurs aient promis de supprimer tout commentaire politiquement sensible, ou encore de www.thaivisa.com, fréquenté par la communauté des expatriés vivant en Thaïlande.

Tentatives d'extensions

Ces tentatives pour limiter l'accès à l'information des internautes thaïlandais sont révélatrices de la fragilité du pouvoir des militaires. Ces derniers sont parvenus à museler radios et télévisions, interdisant par exemple tout discours favorable à l'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra. La presse écrite, dont l'impact sur la masse est limité, est restée relativement épargnée. C'est donc sur le web - et dans une moindre mesure lors de manifestations hebdomadaires à Bangkok - que s'expriment les protestations. En dehors du cas flagrant de l'affaire You Tube, la censure des sites politiques va bien au-delà du « lèse-majesté », prétexte souvent avancé par les autorités.
Ces derniers jours, le débat s'est étendu à la censure sur grand écran. Le cinéaste Apichatpong Weerasethakul, primé à Cannes en 2004 et à Deauville début avril, s'est vu demander par le Bureau de la censure du cinéma de pratiquer quatre coupes sur le montage de son dernier film, « Syndromes and a Century » (http://www.dvdrama.com/news.php?19753 ) avant sa sortie en salles dans le royaume. Dans l'une des scènes incriminées, un bonze jouait de la guitare? L'artiste a réagi en annulant purement et simplement la sortie du film et a lancé une pétition en ligne (http://www.petitiononline.com/nocut/petition.html) pour la suppression de la censure cinématographique.

François Tourane  24 avril 2007

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Publié le 24 avril 2007, mis à jour le 3 avril 2020

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