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Arnauld de Nadaillac relativise le poids de l'interculturel dans le travail

Travailler dans un environnement multiculturel n'est a priori pas chose facile. Arnauld de Nadaillac, consultant en formation professionnelle et gestion des ressources humaines, apporte ses réponses depuis douze ans dans le royaume. Pour lui, les codes culturels ont leur importance, mais cela ne doit pas éclipser les principes de base de la vie en entreprise

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Pour Arnauld de Nadaillac, il est important de prendre en compte la dimension interculturelle des relations, mais il ne faut pas perdre de vue les principes de base de la vie en entreprise (Photo Emmanuelle Michel)
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 5 novembre 2008, mis à jour le 21 décembre 2023

Les expatriés débarquant en Thaïlande se demandent souvent ce qu'il faut savoir pour bien travailler avec les Thaïlandais. Dans un pays parfois influencé par les méthodes de management japonaises ou américaines, très méthodiques et systématiques, Arnauld de Nadaillac tente d'apporter une approche plus européenne, "plus humaine". Sa ligne directrice est simple : "Développer les gens, faire en sorte qu'ils aient les compétences nécessaires pour travailler". Après avoir travaillé pendant dix ans pour l'ambassade de France à Bangkok dans le domaine de la formation professionnelle, ce spécialiste des relations interculturelles intervient depuis trois ans comme consultant auprès de grandes entreprises thaïlandaises et françaises telles que Bouygues ou Siam Cement, ou encore des PME, pour les aider à améliorer la formation et le développement de leurs ressources humaines.

Tout ne repose pas sur les différences culturelles

Le rôle de la face, l'importance du respect des aînés, l'ambiance de travail, les relations informelles, les sorties entre collègues, la nécessité d'éviter d'être trop direct, telles sont les questions qu'il aborde chaque année, lors d'un séminaire organisé avec la Chambre de Commerce, à travers des discussions entre étrangers et Thaïlandais.

Cela dit, le consultant français prévient que les différences culturelles ne sont pas toujours les plus importantes dans un cadre de travail. "Il faut relativiser les différences culturelles, dit-il. Ce n'est pas parce qu'on est ici depuis longtemps qu'on est forcément mieux intégré. Un bon manager peut être à l'aise en quelques mois, simplement en étant à l'écoute des autres". L'organisation sociologique et les questions psychologiques jouent bien souvent un rôle prépondérant. Deux universités thaïlandaise et française peuvent par exemple avoir un mode de fonctionnement beaucoup plus proche qu'une université et une entreprise d'un même pays. Concernant le facteur psychologique, le rôle de la "face"est à moduler selon les relations établies entre le manager et son équipe, estime Arnauld de Nadaillac. Il insiste sur le rôle essentiel de la relation de confiance. "Une secrétaire thaïlandaise peut tout à fait accepter que son patron lui parle durement de temps à autre, si elle sait que dans le fond, elle garde sa confiance", souligne-t-il. Les poncifs du type "les Thaïs sont très calmes"doivent également être remis en perspective. "Fondamentalement, tout cela dépend de la personnalité du manager", insite le consultant.

Une culture d'entreprise loin d'être figée

Arnauld de Nadaillac rappelle que la culture thaïlandaise est loin d'être figée. Beaucoup de grands groupes réussissent à évoluer et à innover tout en respectant la hiérarchie traditionnelle. Beaucoup de jeunes Thaïlandais de retour de l'étranger se mettent à exprimer davantage leurs idées. Pour ce spécialiste, les raisons d'aimer travailler avec les Thaïlandais ne manquent pas. "J'aime en particulier la dimension bouddhiste, qui leur fait prendre du recul. Les gens "mis au placard"se lamentent moins sur leur sort". Contacter Arnauld de Nadaillac nada_arn@wbm.co.th

Emmanuelle MICHEL mercredi 5 novembre 2008

22 ans dans la formation professionnelle, dont plus de la moitié en Asie du Sud-Est

Arnauld de Nadaillac ne se limite pas à la Thaïlande. Il intervient également sur la création de centres de formation au Laos, au Cambodge et au Sri Lanka. Avec une idée fixe : rester à l'écoute et comprendre le contexte dans lequel il travaille. Son intérêt pour la formation professionnelle l'a très tôt fait dévier de son cursus d'ingénieur. Il y a 22 ans, lors de son premier séjour en Thaïlande, il avait déjà monté un centre de formation à la réparation de machines à coudre, dans un camp de réfugié Hmongs du nord du pays.
E.M. (LPJ - 5/11/2008)

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Publié le 5 novembre 2008, mis à jour le 21 décembre 2023

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