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Amantee, voyage tranquille dans l’histoire des objets et des hommes

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Courtoisie - Protégés derrière un beau jardin tropical, des siècles d'histoire de l'art et de l'artisanat asiatique sont soigneusement dorlotés dans cette villa ancienne en attendant de trouver acquéreur, pour le plus grand plaisir des visiteurs d'un jour
Écrit par Pierre QUEFFELEC
Publié le 18 juin 2019

Les endroits culturellement attractifs ne courent pas les rues de Bangkok. Gilles Sandré, franco-québécois féru d'antiquités, fin gourmet et amateur de belles demeures, a fait son nid il y a 10 ans dans une superbe propriété traditionnelle près de Don Muang. Caverne d'Ali Baba pour collectionneurs d'art ancien, table de choix pour bons vivants, Amantee est devenue un havre de paix où le temps n'a plus la même valeur

Après plusieurs années à bourlinguer autour du globe, Gilles Sandré s'est installé à Bangkok en 2002 avec son épouse pour se lancer dans le commerce d'antiquités. En guise de vitrine, ce collectionneur né, amoureux de maisons de caractère, a ouvert Amantee, un somptueux domaine fait d'un ensemble de maisons traditionnelles thaïlandaises qu'il a aménagées pour recevoir avec une même simplicité invités de marque et visiteurs anonymes.

Avec 2.000 mètres carrés de terrain, Amantee fait tout de suite oublier le tumulte moderne de Bangkok tout en rappelant les charmes de la tradition thaïlandaise. Située tout près de l'ancien aéroport de Don Muang, cette somptueuse propriété, qui n'a rien à envier à la fameuse maison de Jim Thompson, est un vrai havre de paix avec en son centre une vraie caverne d'Ali Baba pour amateurs d'antiquités et d'histoire des civilisations asiatiques.

L'histoire passionnante des hommes, des objets...

Après avoir zigzagué dans les soïs du quartier paisible du soi 13 de Chaeng Wattana, se présente le portail de bois vieilli qui a du mal à contenir la végétation débordante de la propriété. On sonne avant d'entrer, Gilles vient à notre rencontre avec cette nonchalance accueillante et rassurante qui met tout de suite à l'aise. Que l'on soit venu pour acheter des pièces rares, pour déjeuner ou simplement pour prendre un thé et profiter de la beauté de l'endroit, une visite de la galerie s'impose. Elle est de toute façon sur le chemin de la villa.

Et puis Gilles frémit d'envie de partager sa caverne, ne décevons pas le maître des lieux. Il s'agit toutefois d'une "caverne" méticuleusement organisée, où s'exposent de manière ordonnée des dizaines d'antiquités issues de toute la région. Du Tibet populaire du 19e à la Thaïlande d'Ayutthaya en passant par Angkor, la Chine des Ming ou encore la Birmanie glorieuse, Gilles nous fait voyager dans l'histoire des cultures asiatiques aussi bien au travers de simples objets du quotidien que d'?uvres d'art inestimables avec une faconde de passionné.

Et si la revue de la boutique ne suffit pas à satisfaire les curiosités, il poursuit sans problème sur la maison elle-même ! Du sol au plafond en passant par les piliers, il connaît l'histoire de la moindre planche avec ce don de la rendre captivante.

... et du maître de maison

Et que dire de sa propre histoire ? Tantôt chasseur d'horizons inattendus pour touristes en mal de sensations, tantôt stratège du développement, humanitaire en temps de guerre ou détaché officiel de circonstance, ce Français, Québécois d'adoption, n'a qu'un demi-siècle d'existence et semble pourtant avoir vécu la vie de dix héros de romans. "Je suis un homme de route, pas de racines", dit-il.

Enfin, pour savourer l'ivresse de ce voyage dans les histoires des objets et des hommes, les salons suspendus de l'agora, le lieu de vie de la maison qui toise élégamment les jardins tout autour, invitent à la détente devant un bon repas ou un simple thé.

Dans cet endroit imprégné de l'histoire et de l'art de vivre asiatique, le temps n'a plus la même importance. Laisser filer une minute, une heure ou une journée n'est alors plus un drame, c'est un bonheur retrouvé.

Nouveau départ après avoir subi de plein fouet les inondations
Située dans le nord de la capitale, sur Chaeng Wattana, Amantee a été durement touchée par les inondations l'an dernier. Près d'un mètre de hauteur d'eau putride a envahi la propriété et stagné là pendant plusieurs semaines, ruinant le jardin tropical et détériorant tout le rez-de-chaussée où se trouve notamment la galerie. Après un gros travail de réhabilitation des lieux, la villa a retrouvé son charme. Gilles Sandré a néanmoins déploré de lourdes pertes financières, qui ce sont ajoutées au ralentissement des affaires dû au marasme économique en Europe et au États-Unis. Mais comme l'homme n'est pas du genre à se laisser abattre, il a pris le temps, durant ces longs jours d'attente à défier les eaux noirâtres, de méditer sur une nouvelle stratégie commerciale qui l'a amené à proposer ses meubles anciens à des prix très en dessous de ce qu'il avait l'habitude de pratiquer pouvant aller jusqu'à 50% moins cher. "Les temps ont changé, il faut changer avec eux, dit-il, et faire ce qu'il faut pour relancer la demande, faire revenir une clientèle qui a été éloignée coup sur coup par les soubresauts successifs de la crise politique locale et les inondations".

Pierre QUEFFÉLEC (www.lepetitjournal.com Bangkok) mardi 15 mai 2012

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Publié le 15 mai 2012, mis à jour le 18 juin 2019

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