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SOCIETE – Futur incertain pour quatorze mères porteuses sorties de l'enfer

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

La police a libéré mercredi dernier quatorze mères porteuses vietnamiennes, dont les enfants étaient apparemment destinés à des couples étrangers, lors de la découverte d'un vaste réseau de trafic touchant plusieurs pays asiatiques. Depuis, certaines de ces femmes se sont vues refuser la demande d'avortement, considérée comme illégale dans le pays, tandis que les autorités thaïlandaises souhaitent toutes les expulser au Vietnam

Le site Babe 101 réunissait près d'une quarantaine de mères porteuses permettant à des couples étrangers de "commander" un enfant en échange de 23.000 euros (Copie d'écran du site Babe 101)

Quatorze Vietnamiennes, dont la moitié enceintes, ont été libérées mercredi à Bangkok d'un gang qui se servait d'elles pour la gestation d'enfants à destination de riches couples étrangers infertiles, commandant leur bébé en ligne. Le sort des neuf enfants à naître est dans les mains de la justice thaïlandaise qui n'a pas encore pris de décision sur le sort de la progéniture de ces femmes retenues de force, leur passeports confisqués, désespérées, et dont certaines ne sont peut-être pas la mère biologique.
Des militants ont fait par de leur inquiétude, dans une zone de flou juridique avec la Thaïlande qui semble indécise. "Il y a un risque que ces enfants se retrouvent sans pays, qu'ils n'obtiennent aucune nationalité", a déclaré Benedict Phillips, directeur stratégique en Asie pour Save The Children.
Le ministre de la Santé Jurin Laksanawisit a décrit le gang, qui se fait appeler Baby 101, comme "illégal et inhumain" et pense que certaines femmes ont été violées. Quelques unes se seraient vues offrir 5.000 dollars (3.600 euros) par bébé mais auraient été trompées, selon la police. Quatre Taïwanais, un Chinois et trois Birmans ont été arrêtés, en compagnie d'une Taïwanaise de 35 suspectée de trafic humain.

Interdites d'avortement, menacées d'expulsion
Les sept femmes enceintes résident actuellement dans un centre au nord de Bangkok. "Elles sont enceintes de 12 semaines à huit mois, et deux d'entre elles portent des jumeaux, âgés de 20 semaines et huit mois", a déclaré Paskorn Chaivanichsiri, directeur de l'hôpital. Deux femmes ont demandé l'avortement, mais cette procédure n'est légale qu'en cas de viol ou si la santé de la mère est en danger selon les lois thaïlandaises. Phil Robertson, de Human Right Watch, a souligné que la Thaïlande, où les couples ne peuvent faire appel à une mère porteuse que si cette dernière partage des liens de sang et n'est pas payée, possédait un "excellent" service social, mais que les victimes devraient pouvoir décider de leur propre futur. "Les femmes devraient pouvoir se remettre du choc et penser clairement à ce qu'elles veulent faire. Elles ne veulent peut-être pas rentrer avec une bouche de plus à nourrir".
Les autorités thaïlandaises veulent renvoyer les femmes au Vietnam avec leurs bébés, a déclaré le colonel Chalermpol Jintarat du département de l'Immigration, à la suite d'une réunion avec les autorités sanitaires vendredi. Les négociations avec les représentants vietnamiens auront lieu aujourd'hui.
"Pour nous assurer que le bébé n'est pas lié à la mère, nous avons besoin d'un test ADN, et nous devons d'abord en discuter avec l'ambassade du Vietnam", a-t-il ajouté.
Benedict Phillips a déclaré que la Thaïlande prenait de nombreuse initiatives pour protéger la progéniture des immigrants clandestins, mais que ces enfants ne se voyaient pas donner la nationalité thaïlandaise et étaient exclus du système de santé."C'est un exemple extrême d'un phénomène beaucoup plus commun qui est celui des sans-papiers qui fuient la misère et se retrouvent sans la protection de la loi".

Un réseau étendu sur l'Asie
Près de 40 femmes, uniquement identifiables par un nombre, ont leur photo sur le site www.baby-101.com, qui semble être géré par le gang arrêté. Le prix de ce service de gestation pour autrui (GPA), du don de sperme et d'ovule a la naissance du bébé, est de 32.000 dollars (23.000 euros) et semble destiné aux acheteurs taïwanais. Les bureaux sont listés à Bangkok, Phnom Penh et au Vietnam. "Ces quatre gouvernements doivent coopérer pour mettre fin à ce trafic", a déclaré Robertson.
Les Bureaux d'Investigation Criminelle de Taïwan ont affirmé ne pas avoir été contactés par la Thaïlande à propos de ce dossier. La GPA est illégale dans le pays et il y a eu de nombreux cas d'hommes étrangers payant des femmes pour qu'elles portent leur enfant. En mai dernier, la police a arrêté quatre Taïwanais employant illégalement des femmes ouzbeks pour être les mères de quatre enfant, car ils pensaient que les bébés métis étaient "mignons".
La maison où ont été retrouvées neuf victimes de ce réseau Baby 101 se trouvait dans un quartier riche de Bangkok, aux pelouses impeccables et au service de sécurité. Sur les murs, étaient accrochées des images de bébés caucasiens et une liste de noms vietnamiens, une vingtaine au total. Un tableau blanc, principalement écrit en mandarin, contenait les mots anglais "Ken's friends come" ("les amis de Ken viennent"), ainsi qu'une date en mars. "Il y avait huit ou neuf femmes vietnamiennes ici. Elles sont venues en Thaïlande car le service médical est meilleur que dans leur pays", a déclaré un homme voulant rester anonyme et prétendant être un traducteur. Il affirme qu'aucune d'entre elles n'était enceintes à leur arrivée.
En bas de la rue, une autre maison, où ont été retrouvées quatre autres femmes, est fermée et calme. Deux portes plus loin, la plaque d'une maison suggère qu'elles vivaient à portée de voix d'un policier.
(http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) lundi 28 février 2011

Lire aussi :
Notre article du 19 janvier 2011, La légalisation face à un vrai tabou en Thaïlande
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Publié le 28 février 2011, mis à jour le 14 novembre 2012
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