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POLITIQUE - Yingluck dit à Prayuth d’enquêter sur son propre frère

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 7 janvier 2018

Celle qui fut la première femme à diriger un gouvernement en Thaïlande a suggéré dimanche à l'homme qui avait renversé son administration il y a deux ans d'enquêter sur son propre frère qui fait l'objet d'accusations de corruption.

Yingluck Shinawatra avait été démise de ses fonctions de Premier ministre quelques jours avant que le chef de l'Armée d'alors, le général Prayuth Chan-Ocha, ne s'empare du pouvoir en mai 2014, imposant le deuxième coup d'Etat en moins de dix ans, et le douzième putsch réussi depuis 1932.

Elle a depuis fait l'objet d'une série de poursuites en justice dirigées par la junte dont notamment un procès pour négligence qui pourrait lui valoir jusqu'à dix ans de prison et une procédure séparée pour saisir plus d'un milliard de dollars en dommages-intérêts.

Les deux dernières affaires sont liées à un coûteux programme de subventions aux riziculteurs mis en place par le gouvernement de Yingluck.

"Le Premier ministre (Prayuth) dit que toutes les actions en justice contre moi sont faites dans le respect de la loi et ne sont pas du harcèlement," a écrit Yingluck sur sa page Facebook dimanche.

"J'aimerais que le Premier ministre applique pour moi la même logique et justice que la justice et la protection qu'il assure à son frère et aux autres membres de son camp. Parce que les lois doivent être imposées à tous, pas seulement utilisées contre mon camp."

Les remarques de Yingluck faisaient directement référence aux récentes accusations de corruption survenues ce mois-ci contre le frère du Premier ministre et chef de la junte Preecha Chan-Ocha, qui est aussi général de l'armée.

Selon les médias locaux, l'un des fils de Preecha aurait remporté plusieurs contrats de construction juteux par la Troisième armée qui fut un temps sous le commandement de Preecha.

Preecha a assuré que son fils avait gagné les contrats par des voies normales et équitables, niant toute malversation.

Mais ce n'est pas la première fois que le frère du chef de la junte doit faire face à des titres négatifs.

En début d'année, il avait admis avoir aidé un autre de ses fils à décrocher un poste avantageux dans l'armée.

Et lorsque la junte a ordonné que les hauts responsables déclarent leurs richesses –dans un acte de transparence au lendemain du coup d'Etat- Preecha avait 1,2 millions de dollars sur son compte en banque, argent qu'il a affirmé être des biens de l'armée dont il prenait soin, mais ne constituait en rien sa fortune personnelle.

Ce genre de titres de presse ont piqué au vif Prayuth qui défend son putsch par la nécessité d'éradiquer la corruption politique et mettre fin à des années d'instabilité entre les factions rivales.

Cependant, les critiques estiment que le régime est bel et bien sélectif dans les poursuites pour corruption, avec pour principal objectif de débarrasser le pays du clan Shinawatra.

Le frère de Yingluck, Thaksin Shinawatra, ex-Premier ministre lui aussi balayé par un coup d'Etat en 2006 vit en exil depuis plusieurs années pour échapper à une peine de deux ans de prison pour conflit d'intérêts.

La Thaïlande, profondément divisée entre pro et anti-Shinawatra, est confrontée à une crise politique récurrente.

Au-delà de la famille Shinawatra, depuis sa prise de pouvoir, l'armée a multiplié les poursuites judiciaires contre ses partisans, notamment en vertu d'une loi controversée de lèse-majesté.

Le Premier ministre Prayuth semblait prendre quelques distances vis-à-vis de son frère dans des commentaires recueillis dimanche après son retour de New York, la première fois qu'il abordait l'affaire en détails.
"Un frère est un frère, ce n'est pas le même chose pour moi", dit-il. "Il n'est pas stupide. Mais je ne me porte pas garant pour lui car c'est sa propre responsabilité".
AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) dimanche 25 septembre 2016
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Publié le 25 septembre 2016, mis à jour le 7 janvier 2018

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