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CORRUPTION – Thai Airways dans le turbulent sillage du scandale Rolls Royce

Thai Airways Rolls RoyceThai Airways Rolls Royce
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 19 janvier 2017, mis à jour le 23 février 2019

La compagnie aérienne thaïlandaise Thai Airways a fait savoir jeudi qu'elle avait lancé une enquête interne après les révélations du motoriste britannique Rolls-Royce qui aurait versé pour plusieurs millions de dollars de pots-de-vin pour remporter des contrats, arrosant des employés de la compagnie mais aussi des fonctionnaires.

Le déclenchement de l'enquête intervient après Rolls-Royce a annoncé en début de semaine  dans un communiqué avoir conclu des accords avec le service de répression des fraudes britanniques (Serious Fraud Office, SFO) pour suspendre des poursuites concernant des affaires de corruption dans le cadre de marchés internationaux (lire l'article de La Tribune).

Les investigations du SFO, les plus importantes jamais réalisées, ont révélé que Rolls Royce avait versé des pots-de-vin colossaux entre 1989 et 2013 pour remporter des contrats en Thaïlande, en Indonésie, en Inde, en Russie, au Nigéria, en Chine et en Malaisie.

Un juge britannique a déclaré cette semaine que l'enquête avait mis au jour "les violations les plus graves des lois criminelles en matière de corruption", forçant Rolls Royce, qui a coopéré aux investigations, à présenter des excuses.

Pour mettre fin au scandale, Rolls Royce s'est engagé à payer une amende de 763 millions d'euros répartis entre les autorités britanniques, les Etats-Unis et le Brésil.

Néanmoins, les résultats de cette enquête vont très certainement susciter des remous dans les pays où les dessous-de-table ont été versés.

En Thaïlande, les enquêteurs du SFO ont découvert que 34 millions d'euros (1.3 milliards de bahts) en pots-de-vin et autres avantages incitatifs avaient été payés entre 1991 et 2005 à des intermédiaires -dont des "agents de l'Etat thaïlandais et des employés de Thai Airways"- pour permettre à l'entreprise britannique de remporter des contrats de motorisation d'avions.

Un communiqué de Thai Airways indique que la compagnie aérienne va "rassembler des informations de toutes les sources afin d'enquêter en profondeur sur le sujet".

"Lorsque tous les faits auront été compilés et vérifiés, la compagnie déterminera les actions adéquates à mener contre toute forme de corruption trouvée", ajoute le communiqué.

Le Secrétaire général de la Commission Nationale Anti-Corruption (NACC), Sansern Poljiak, a indiqué que des membres de son équipe "cherchaient à obtenir davantage d'informations" des autorités britanniques et américaines avant de décider de lancer ou non leur propre enquête.

Il a prévenu que certains faits mis au jour par les enquêteurs britanniques pourraient remonter à une date trop lointaine pour que des poursuites puissent être engagées par la justice thaïlandaise, même si des actions civiles en réparation seront toujours possibles.

Les données publiques dévoilées par les tribunaux britanniques ne nomment pas les individus impliqués.

Mais plusieurs millions sont allés à quelqu'un surnommé "Intermédiaire 3" qui a distribué de l'argent sous forme d'"honoraires de succès" au personnel de Thai Airways et à des agents de l'Etat thaïlandais.

Les allégations de corruption couvrent une période de prospérité économique pendant laquelle le secteur de l'aviation a connu une forte croissance. La Thaïlande, qui a connu de nombreux coup d'Etat dans son histoire, était alors dirigée par des gouvernements civils.

Thai Airways a pendant longtemps entretenu des liens étroits avec les militaires, la police et les élites gouvernementales.

Son conseil d'administration est généralement composé d'officiers supérieurs de la police et de l'armée.

Actuellement, la Thaïlande figure au 76e rang de l'indice de la perception de la corruption (CPI) de Transparency International qui porte sur 168 pays.

La junte militaire au pouvoir qui s'est emparée du pouvoir en 2014 a promis d'éradiquer la corruption rampante dans le royaume.

Mais les détracteurs disent que les enquêtes de la junte se concentrent sur les opposants politiques alors que les cadres du pouvoir se sont trouvés pris dans des affaires.
 

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 19 janvier 2017, mis à jour le 23 février 2019

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