Alors qu'elle s'apprête à fêter ses 50 ans en 2018, Sofrana (la SOciété FRAnçaise de NAvigation) a annoncé fin octobre son rachat par le Groupe CMA CGM, un leader mondial du transport en conteneurs. Entretien avec Benoît Marcenac, directeur général de Sofrana, sur les bénéfices d'une telle acquisition et les liaisons maritimes dans le Pacifique Sud.
1968 - 2018 : 50 ans au service du transport maritime dans le Pacifique
Après avoir connu de modestes débuts en 1968, faisant la navette entre les territoires français d'outre-mer de Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna, Sofrana est aujourd'hui un acteur clé dans le commerce maritime régional des îles du Pacifique.
Grâce à une flotte moderne de dix navires polyvalents sur huit voies commerciales, elle fournit des liaisons maritimes vitales, desservant 21 ports en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans les îles du Pacifique.
Basée à Auckland, la société possède des clients très variés : de Norske (leader mondial de production de papier) aux petits importateurs des îles du Pacifique, en passant par d'autres compagnies maritimes ou des particuliers... En préservant toujours sa moelle épinière : une solution d'expédition personnalisée et un SAV au plus près de ses clients.
Malgré sa spécificité d'opérateur de niche et une qualité de services reconnue, Benoît Marcenac commence à se poser des questions sur la pérennité de son entreprise : "en raison de sa taille, il devenait difficile pour Sofrana de faire face à la concurrence sans le soutien d'un grand frère ou d'une grande soeur". C'est pourquoi, après une discussion de 11 mois, la compagnie décide d'accepter la proposition de rachat d'Australian National Line (ANL), la filiale régionale du géant mondial CMA CGM.
2018 : quel avenir pour Sofrana au sein de CMA CGM ?
Numéro 3 des principaux armateurs mondiaux et numéro 1 français, le groupe CMA CGM, dont le siège social est situé à Marseille, est déjà très présent dans la zone Asie-Pacifique. Avec plus de 16 lignes commerciales, sa filiale ANL dessert les principaux ports d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, d'Asie du Nord, d'Asie du Sud-Est, d’Inde et d'Amérique du Nord. Cette couverture régionale, associée à la connaissance de Sofrana des îles du Pacifique, permet ainsi d’offrir aux clients des services encore plus performants.
"Sofrana a toujours eu une spécificité d'opérateur de niche et elle la gardera malgré son rachat", nous rassure Benoît Marcenac, "CMA CGM a l'habitude de gérer des marques différentes (le groupe avait en 2015 pris le contrôle de NOL à Singapour, de OPDR et McAndrews en Europe et Mercosul au Brésil, ndlr) Sofrana préserve donc son identité de marque, c'est sa moelle épinière".
Quels sont les avantages d'une telle acquisition pour Sofrana ? Comment va se passer la fusion pour les équipes basées à Auckland ? "Ce rachat nous permet d'accéder à leur système d'information, à leurs coûts d'exploitation mais surtout au réseau de CMA CGM" nous explique Benoît Marcenac. La clé, c'est le réseau. Et CMA CGM, 3ème groupe mondial de transport maritime, l'a. Il permet de remonter toute sorte d'informations intéressantes et de développer la logistique de bout en bout, sans intermédiaire.
"La plupart des employés ici sont néo-zélandais, je suis le seul français. Alors oui, c'est une bonne chose que Sofrana se fasse racheter par un groupe français et préserve ainsi son ADN français mais ce n'est pas le plus important. Nous avons dès à présent des formations et un suivi de CMA CGM pour intégrer Sofrana au système d'information avant le 1er Février. Mon rôle maintenant est que ce rachat se passe en douceur pour mes équipes."