Marcelo a choisi les portes de Gucci pour se poser, lui, son accordéon et son rêve. En effet s'il est dans les rues aujourd'hui, à jouer les airs les plus connus, c'est dans le but d'acheter un bateau. Un autre expatrié venu tout droit du Brésil mais qui ne s'était jamais produit dans ces conditions auparavant. Dans son pays d'origine, les conditions sont de pire en pire et il est inimaginable de se faire de l'argent grâce à sa passion, surtout pas dans cet environnement. Il a voulu tenter sa chance.
Marcelo a toujours été dans la musique « J'ai une famille de musiciens, j'ai donc toujours eu la musique en moi. L'accordéon, je l'ai appris il y a 25 ans et j'en ai pratiqué pendant 10 ans. Mais j'ai arrêté quand j'ai fait mes études pour devenir professeur. Après un job 6 ans, j'ai recommencé à jouer. » L'accordéon, cet instrument que nous n'écoutons que très peu souvent, s'invite pourtant chaque jour dans notre quotidien. Ce sont tous les jours de la semaine que Marcelo vient se produire pendant des heures. En Nouvelle-Zélande, ça serait peut-être l'aboutissement de tout un projet.
« Ca fait déjà un an que je suis ici, j'ai réussi à obtenir un visa pour un an de plus. Si tout se passe comme prévu, je pourrai acheter mon bateau à la fin de l'été prochain. » En effet, la Nouvelle-Zélande est le pays de tous les possibles. Marcelo a choisi ce pays parce qu'il est magique, mais aussi parce qu'au Brésil, l'organisation gouvernementale plonge ses habitants dans un gouffre financier. Alors que ce projet de bateau serait irréalisable dans son pays d'origine, la cité des Voiles est le lieu propice. Comme premier voyage, l'accordéoniste a bien choisi sa destination.
En plus d'être coach dans une équipe de baseball et de servir dans un café, il a voulu lier l'utile à l'agréable en se faisant de l'argent tout en jouant d'un instrument qu'il aime. « Jouer de l'accordéon, c'est facile pour moi. Bon, pas tous les jours car dans certaines conditions on se pose des questions. Mais je pense que c'est toujours mieux que d'autres jobs. » Et Marcelo nous confirme ce que Bruce et Emilie nous avez dit, ici, les gens sont plutôt généreux. Et pourtant, la popularité de l'accordéon n'est pas la même en Nouvelle-Zélande qu'au Brésil. « Ce n'est pas commun, mais c'est ça que j'aime ! Faire découvrir, voir les réactions des passants. »
En tant que première expérience dans la rue, Marcelo est toujours en train d'apprendre les codes : les chansons qui fonctionnent le plus, le lieu où se placer, tous ces petits détails sont importants. D'une initiation à la musique traditionnelle brésilienne, à Edith Piaf mais aussi tout ce qui est musique internationale, Marcelo présente une set list diverse et variée pour tous les goûts.
Sa seule mésaventure aura été la cohabitation de la rue de Queen Street. « Une fois, un SDF est venu me voir pour me chasser et m'insulter. » Des réactions qui ne sont pas toujours faciles à accepter. « Il faut savoir passer au-dessus. Car au-delà de ça, les gens sont contents même s'ils ne connaissent pas vraiment cette musique. Et ils ne donnent pas que de l'argent. J'ai eu beaucoup de cadeaux, mais spécifiquement de la nourriture, ce qui me convient parfaitement (rires). »
Prochaine étape ? Créer ses propres morceaux. Mais pour cela il faut du temps, et son organisation reste millimétrée pour pouvoir résilier son rêve.
Si vous voulez supporter Marcelo, sa page Facebook est ici. Et voici le groupe avec lequel il se produit dans des petits cafés de la ville : Trio Santa Morena. Sinon, il se place devant Gucci, dans Queen Street évidemment !