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CINEMA - Raw, film d'horreur insoutenable, arrive en Nouvelle-Zélande

Raw, film d'horreur insoutenableRaw, film d'horreur insoutenable
Écrit par Lepetitjournal.com Auckland
Publié le 20 avril 2017, mis à jour le 20 avril 2017

Acclamé à plusieurs festivals internationaux (de Cannes à Toronto en passant par Londres), provoquant des réactions d'une violence inédite telles que des évanouissements ou des vomissements, Raw (Grave en français) aspire à l'horreur des grands et y parvient sans scrupules. Retour sur ce film poignant qui cherche constamment la frontière entre la fascination et la révulsion, l'envie et le dégoût, l'humanisme et le vampirisme.

Justine a grandi dans une famille de vétos végétariens. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d'intégrer l'école vétérinaire où sa s?ur aînée Alexia est également élève. Mais à peine installés, le bizutage commence pour les premières années et Justine se voit contrainte de manger de la viande. Dégoûtée dans un premier temps, elle devient peu à peu obsédée par une envie de chair crue.

Premier long métrage de Julia Ducournau, Grave est un film terriblement malsain, dérangeant et pourtant attachant, à l'image de son héroïne. Sujet trop rare dans le cinéma, le cannibalisme est ici montré sous un oeil aguicheur, provoquant des rires (jaunes), du malaise, voire du dégoût.

La réalisatrice a choisi les décors bétonnés d'une université de Liège pour disséquer le passage à l'âge adulte d'une jeune ingénue dans un environnement où des étudiants, enfin libérés, s'affranchissent des règles sociales sous des litres d'alcools et de pilules.

Après Hippocrate, la Crème de la Crème ou encore Wei or Die, encore un film français sur les dérives des études universitaires ? Détrompez-vous, Grave n'est à aucun moment un pamphlet moralisateur sur le bizutage ou les soirées étudiantes. Le film dépeint et interroge, au-delà de l'horreur du cannibalisme, les préjugés et la façon dont les femmes sont traitées et sexualisées. Il confronte le spectateur aux horreurs d'être une femme aujourd'hui. L'héroïne subit les souffrances d'un corps qui cherche à s'épanouir et la dépasse. Les plaques et démangeaisons en font un monstre qui panse ses plaies avec des bandages précaires avant de céder à l'appel de la viande, cette chair masculine à laquelle elle ne peut résister. Le sexe devient cette intarissable envie de mordre l'autre, renvoyant l'homme à ses instincts animal (rappelons que nous sommes dans un décor d'école vétérinaire).

Julia Ducournau a travaillé avec les sensations afin que le spectateur ressente les images dans son corps, réalisant ainsi une oeuvre aussi inattendue qu'insoutenable. L'esthétique du film est irréprochable (que ce soit au niveau des plans, de la lumière glauque et macabre des scènes ou de la bande originale); la façon de tourner avec beaucoup de délicatesse et l'interprétation bluffante des interprètes séduisent. La psychologie des personnages et la relation entre les deux soeurs équilibrent le côté trash et gore de l'histoire. On regrette simplement une fin prévisible et facile qui diminue légèrement la portée du film mais n'enlève rien à son originalité. A voir (avant d'avoir dîné).

Merci à la société 818. Voir leur site internet ici 

Pour voir Raw à Auckland :
AUCKLAND PUBLIC LIBRARY
LORNE ST
AUCKLAND 1010
Toutes les séances ici 

La rédaction lepetitjournal.com/auckland - Mercredi 20 Avril 2017

le petit journal auckland
Publié le 20 avril 2017, mis à jour le 20 avril 2017

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