Le magasin de Mario Volante est unique en Grèce et ses clients affluent de tout le pays. Le principe: la remise à neuf de vélos, avec des pièces 100% d’origine. Un travail d’orfèvre, aussi fastidieux que captivant pour cet homme de 36 ans, qui s’est livré pour nous, dans son atelier, sur son activité singulière, synonyme pour lui de lien paternel.
Une boutique de réparation et remise à neuf de vélos tenue par Mario Volante, un magasin unique en Grèce, niché en périphérie d’Athènes. . Un passionné de 2 roues, que ce soit de bicyclette ou de moto. Un homme animé par son métier, qui nous a accueilli les bras ouverts ici, dans son «chez lui».
Quand on franchit les portes de son atelier, à Anagenniseos 11, on se sent propulsé dans un tour express en DeLorean, direction les années 70. Passé le porche, on ne peut s’empêcher de regarder tout autour de nous. Sur la droite, des voitures à pédales sorties des sixties. Au fond, des posters vieillissants, des figurines vintages et des tableaux old school, rappelant l’ambiance iconique de cette époque. Sur la gauche, l’atelier de Mario, où le cadavre d’un vélo, semble être en restauration. Il nous accueille dans ce décor avec un sourire franc et chaleureux, en contraste avec ses airs de bad boy, biker aux bras tatoués. C’est ainsi, assis sur des banquettes en cuir tannées par le temps, que l’homme de 36 s’est livré pour nous, sur son métier, sur sa vie et ses envies.
Du moteur, aux pédales
Mécanicien moto de formation, Mario a toujours évolué dans cet atelier, ouvert par son père en 1981 et n’avait jamais touché un vélo avant 2014. « Je travaillais avec mon père sur la réparation et de l’entretien de moto, en aucun cas je n’avais imaginé un jour, faire ce que je fais aujourd’hui », avoue-t-il, «quand j’ai repris l’affaire à mon nom en 2010, la crise frappait de plein fouet la Grèce. Peu de personnes venaient au garage, donc très peu de travail. Les années défilaient et il était impératif que j’innove, que je trouve un moyen de gagner de l’argent pour vivre et entretenir ma boutique».
Ainsi, c’est par un concours de circonstances que naquit sa transition, passant des moteurs bruyants aux pédaliers feutrés. « J’avais un ami qui possédait un vieux vélo de course. Un jour, lors d’un repas chez lui, je lui proposais de le remettre en état. Après l’avoir restauré, il m’a demandé combien il me devait pour la réparation. C’est de là qu’est venu le déclic. J’ai de suite su que je pouvais créer un nouveau business avec cela». Un événement de vie insignifiant qui fut l’instigateur du déclenchement de cette inattendue vocation.
De la passion jusqu’au bout des ongles
Car oui, nous parlons là de passion. Mario semble pouvoir nous parler pendant des heures de son métier. Nous expliquant toutes les étapes de son travail, de la réception à la livraison finale d’un vélo. « Tout d’abord, je fais énormément de documentation sur la marque, le modèle, l’année de mise en service, pour pouvoir commander uniquement les bonnes pièces d’origine. Car je souhaite qu’il redevienne parfaitement identique à ce qu’il était à l’époque. C’est ce qui prend le plus de temps lors d’une restauration et c’est plus fastidieux. Après cela, ce n’est que du plaisir, c’est le travail manuel. Beaucoup plus minutieux que sur une moto ».
Cependant, ce changement drastique de secteur d’activité n’a pas été de tout repos pour lui, «je ne connaissais rien au bicycle avant. J’ai dû étudier énormément ce domaine, passer des nuits sur des livres de mécanique et historique de vélo ». Une volonté de maîtriser son sujet dans les moindres détails, «je commande uniquement des pièces d’origine, elles sont parfois si vieilles et si rares, que cela en devient presque de l’art ». Un véritable travail d’orfèvre, pour satisfaire sa clientèle, lui infligeant des harassantes journées de plus de 10 heures.
Rien n’est trop beau pour ses clients qui affluent de toute la Grèce. Son carnet de commandes complet jusqu’en mars 2022 l’atteste sans discussion.
Un héritage familial
« Dès l’âge de 9 ans, je commençais déjà à bricoler des motos que l’on trouvait à la casse avec mon père. C’est lui qui a ouvert ce magasin, il y a plus de 40 ans », nous confia-t-il avec émotion. Chez lui, ses paroles autant que son attitude trahissent la passion qu’il voue à son métier, « j’aime réellement ce que je fais ». Une véritable vocation, transmise comme héritage par un parent soucieux de faire prospérer son affaire. Lui, ce petit-fils d’un émigré italien ayant fui la Seconde Guerre mondiale pour s’installer en Grèce, espère bien faire perpétuer ce patrimoine à ses enfants. C’est à demi-mot qu’il nous révèle qu’il sera bientôt père et que l’un de ses plus grands rêves serait de pouvoir enseigner à sa future descendance les rudiments de son métier, « Je me surprends la nuit, à rêver, bricoler avec mon fils ou ma fille. Lui apprenant simplement à changer une roue ou à faire une vidange, dans mon garage… Comme ce fût le cas avec mon père. Pour ainsi perpétuer la tradition familiale ».