En français comme en grec, le silence peut être d’or mais il peut aussi signifier beaucoup. Bien qu’en apparence contradictoire, le refus de s’exprimer représente un moyen comme un autre de manifester son opinion. Voyons cela plus en détail…
Dans l’expression "qui ne dit mon consent", le silence équivaut implicitement à donner son accord, en d’autres termes, l’absence d’objection correspond à une acceptation. Cette locution ancienne daterait du XIIIe siècle et aurait été prononcée pour la première fois par le pape Boniface VIII (1235-1303) : "qui tacet consentire videtur", soit "qui se tait semble consentir". Il est difficile de déterminer dans quel cadre il utilisa cette formule mais elle semble avoir été le fruit de son opposition farouche à Philippe le Bel, lequel voulait en finir avec lui. L’histoire de ce pape reste extrêmement intéressante aussi bien du point de vue de son pontificat mouvementé qui dura 9 ans, que de sa réputation d’ "hérétique". En effet, les tribunaux du roi de France le déclarent hérétique, ce qui reste absolument surprenant pour cette époque.
Ησιωπήείναικατάφαση
En grec, l’expression est équivalente. Pas d’images cryptées, de sens caché ou encore de messages hautement symboliques. Les Hellènes aiment à dire que"le silence tient lieu d’affirmation", soit "Ησιωπήείναικατάφαση" (i siopi inai katafasi). Attention toutefois à ne pas confondre cette locution avec une autre formule du même type mettant en scène le silence. En effet, avec un sens tout à fait différent, voire opposé, "le silence tient lieu de réponse", soit "Ησιωπήμουπροςαπάντησήσου" (i siopi mou pros apandisi sou). Dans ce cas on ne daigne même pas s’exprimer, la réponse étant plutôt négative. Quoi qu’il arrive, et si l’on souhaite s’inscrire dans la neutralité, mieux vaut suivre à la lettre les recommandations d’une autre expression célèbre : "le silence est d’or", soit "Ησιωπήείναιχρυσός" (i siopi inai hrisos). Motus et bouche cousue alors !