S'il y a bien un phénomène que la pandémie n’aura pas ralenti, c’est la profusion de déchets aux quatre coins de la planète. La Grèce n’y échappe pas, autant connue pour ses plages idylliques que pour sa mauvaise gestion des déchets.
La corrélation entre santé publique, mode de vie et environnement est désormais évidente. En ce sens, la protection de la biodiversité constitue un enjeu majeur pour sortir de la crise sanitaire actuelle, et se prémunir contre celles à venir.
Pourtant, dans l’urgence, la lutte contre le COVID se fait au détriment de celle contre le plastique et les déchets. L’utilisation de masques, gants, emballages, blouses, tubes, a explosé au vu des exigences sanitaires, d’autant que la baisse du prix du pétrole en a rendu la fabrication moins couteuse. Le recyclage de ces déchets à usage unique, potentiellement contaminés, est un processus long, coûteux et peu rentable. Mal gérés, ils risquent de se retrouver enfouis, brulés, ou abandonnés dans la nature, générant des dégâts énormes.
En Grèce, cette nouvelle pollution s’ajoute à celle que le pays connaissait déjà. Elle produit habituellement 700.000 tonnes de déchets plastiques par an, soit 68 kg par habitant, dont 11.500 tonnes échouent en mer, selon l'ONG WWF.
Pour le seul cas des masques jetables, 200 fois plus ont été produits mondialement cette année et 75% d’entre eux finiront dans la nature selon l’ONU.
Quelles solutions ?
Pour les associations de protection de l’environnement, la solution la plus efficace est d’utiliser des masques en tissu et de réduire les déchets plastique au maximum. A leur échelle, elles tentent de sensibiliser la population et d’alerter le gouvernement sur la nécessité de préparer “l’après crise”.
"Les décisions que le gouvernement Grec prend aujourd’hui, détermineront les lendemains que nous vivrons”, déclare Natalia Tsigaridou, membre de Greenpeace Grèce. L’association a envoyé récemment une lettre au premier ministre Grec, Mr Mitsotakis, soumettant des propositions pour une utilisation du fond Européen de relance qui aille dans le sens d’une reprise verte et équitable.
A l’heure où la Grèce élabore son plan national de gestion des déchets, met en place la directive européenne sur les plastiques jetables et prépare sa feuille de route pour une économie circulaire, les inquiétudes persistent : “La Grèce est en crise économique et les gens sont sans emploi, ce qui rend très difficile la concentration sur les questions environnementales”, explique l’association ZeroWaste Athènes.
Eviter le retour à l’Anormal
Entre opportunité de changement ou situation aggravée, les choix politiques seront déterminants. Pour Greenpeace, “un changement systémique est nécessaire, où protection environnementale et justice sociale iront de pair.” Les fonds publics alloués ne doivent pas contribuer à la reproduction de l’ancien système, qui mènerait à de nouvelles crises.