Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Au revoir Michel de Grèce

Michel, prince de Grèce et du Danemark, s’est éteint ce dimanche 28 juillet 2024 à Athènes. Ses obsèques ont eu lieu hier dans l’église du Premier Cimetière d’Athènes.

Portrait de Michel de GrècePortrait de Michel de Grèce
Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 2 août 2024, mis à jour le 2 août 2024

« Nous sommes des reliques de l’Histoire », disait Michel de Grèce. Le petit-fils du roi de Grèce, Georges 1er, n’a pas seulement écrit l’histoire de la Grèce, mais a aussi participé à construire celle de la France et de tous les pays par lesquels il est passé.

« Il était un grand seigneur, un ami et un conteur merveilleux, un témoin exceptionnel de l’Histoire », a déclaré Stéphane Bern au Figaro à l’annonce de sa mort. Pas seulement membre de la famille royale grecque, Michel de Grèce était aussi un grand auteur qui écrivait en français et en anglais, et un historien reconnu.

De sang royal

Né à Rome le 7 janvier 1939, où résidaient ses parents, le prince Christophe de Grèce et la Princesse Françoise de France, il est le petit-fils, par son père de Georges 1er et par sa mère, de Jean d’Orléans, duc de Guise et prétendant au trône de France.

SI son nom vous dit peut-être quelque chose, c’est parce qu’il était aussi le cousin de Philippe d’Édimbourg, le mari d’Elisabeth II, mais aussi de Felipe VI, roi d’Espagne et de la reine du Danemark, Margrethe II.

La vie n’a pas fait de cadeau à Michel de Grèce. À l’âge d’un an, il perd son père, et lorsque la Seconde Guerre mondiale s’abat sur l’Europe, sa famille se divise. Sa mère part s’exiler à Tanger (Maroc) puis arrive en Espagne. À ce propos, Michel de Grèce disait : « C’est rarement un sujet abordé. Le général Franco était certes un dictateur, mais il n’a pas passé d’alliance avec Hitler, contrairement à d’autres en Europe. Les familles royales se sentaient donc protégées en Espagne ». S’il se sentait en sécurité auprès de sa mère, Michel de Grèce fait de nouveau face à la mort. La princesse Françoise de France décède à Paris en 1953, à la suite d’une dépression. Michel n’a que 14 ans.

Il rejoint finalement ses cousins, et toute la dynastie des Orléans, au manoir du Cœur Volant à Louveciennes (France). Là-bas, il y retrouve son oncle et sa tante, le Comte et la Comtesse de Paris. Il leur en sera « éternellement reconnaissant » de l’avoir accueilli.

Si Michel de Grèce est proche des siens, il n’hésite pas à renoncer à son accession au trône pour épouser Marina Karella, une artiste et roturière grecque. Costas Stamatopoulos, historien spécialiste de la royauté souligne qu’elle « sera d’un amour et d’un soutien indéfectibles pendant toute sa vie ». Et même s’il avait pu récupérer ses droits à la couronne grecque, Michel de Grèce n’a jamais voulu revenir en arrière sur ses décisions, affirme l’historien : « Alors que toute la famille royale grecque est exilée pour ne pas avoir à collaborer avec la dictature des colonels, il [Michel de Grèce, ndlr] m’a confié avoir reçu une proposition du régime du colonel Papadopoulos, pour reprendre la couronne de Grèce. Il avait une trentaine d’années et a posé de telles conditions que les colonels ont refusé ».

Écrivain à succès

« Le travail de monarque, qui est un véritable travail à temps plein, sans congés, avec des obligations et concessions permanentes, l’ennuyait profondément […]. Il connaissait bien ce monde et voulait rester en dehors. Sa curiosité insatiable et son immense culture faisait surtout de lui un écrivain très productif », décrivait Stéphane Bern au Figaro. Alors, pour échapper au train-train quotidien et ses obligations royales, Michel de Grèce écrivait. Beaucoup.

Il s’inspirait des histoires royales pour écrire ses romans. L’auteur a écrit une trentaine d’ouvrages, dont Ma sœur l’Histoire, ne vois-tu rien venir ?, récompensé par le prix Cazes en 1970. Passionnés par les vies extraordinaires de certaines femmes de sang royal, à l’image de sa grand-mère maternelle Isabelle d’Orléans, il a notamment mis à l’honneur, dans ses ouvrages, la vie de la reine syrienne lady Jane Digbby, Sissi l’Impératrice ou encore celle de la résistante grecque Laskarina Bouboulina.

Costas Stamatopoulos le décrivait comme « le plus intellectuel de la famille royale grecque ». « Il était assez fin pour traduire son titre royal grec en français et l’utiliser comme pseudonyme « Michel de Grèce ». Il était aussi, grâce à son épouse, ouvert sur le monde de l’art. Comme ses deux filles. Et, s’il écrivait et pensait en français, il était profondément attaché à la Grèce », avait-il poursuivi dans un entretien accordé au Figaro.

Effectivement, après avoir passé des années à Paris et à New-York, c’est en Grèce qu’il revient pour prendre sa « retraite ». Cela faisait 5 ans qu’il était de retour à Athènes. C’est d’ailleurs là, dans son pays, qu’il est décédé le 28 juillet dernier. Ses funérailles ont eu lieu hier, en présence notamment des membres de l’ancienne famille royale grecque, de l’épouse de l’ancien roi d’Espagne, Sophie d’Espagne et de Mareva Mitsotakis, épouse du Premier ministre hellène. Michel de Grèce a été inhumé au cimetière de Tatoï.

lepetitjournal.com Athènes
Publié le 2 août 2024, mis à jour le 2 août 2024

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions