Anniversaire de l’invasion de Chypre : un tournant pour les liens gréco-turcs

C’était il y a bientôt 50 ans. L’opération Attila menée par la Turquie, lancée le 20 juillet 1974, marque le début de l’offensive militaire des forces armées turques. Depuis cette invasion, la Turquie, alors minoritaire sur l‘île, occupe désormais 38% du territoire chypriote.

Traditionnellement, c’est le Président turc Erdogan qui visite les territoires de Chypre occupés par les troupes turques le 20 juillet. Mais cette année, ils seront deux à se rendre sur l’île. Le Premier ministre grec Mitsotakis ira à Nicosie pour assister aux événements commémoratifs. Une première dans son mandat de Premier ministre. Sa décision d’accepter l’invitation du Président chypriote Nikos Chistodoulides a été prise avant les élections européennes.  

Une double-visite sous tension

Kyriakos Mitsotakis l’a déjà annoncé : il n’hésitera pas à répondre à toute remarque ou pique incendiaire du Président turc, alors que leurs relations sont particulièrement tendues et difficiles.

La visite est également un moyen de répondre à toute remarque et critique concernant la gestion des questions de politique étrangère par le gouvernement grec. Ce lundi, une réunion à ce sujet se tiendra au Musée de la Guerre à Athènes, où les anciens Premiers ministres conservateurs Kostas Karamanlis et Antonis Samaras y assisteront. Même si, selon le gouvernement, les positions des deux anciens Premiers ministres « seront soigneusement consignées ».

Mais une question reste en suspens : la visite des deux « ennemis » de l’île sera-t-elle basée sur une réthorique incendiaire, ou les canaux de discussion entre Ankara et Athènes resteront-ils assez ouverts, en vue de la rencontre prévue entre Mitsotakis et Erdogan en septembre prochain, à New-York ?

Récemment, les relations gréco-turques ont été une source de préoccupations grandissantes, malgré le calme apparent dans la mer Égée. La « régression » des discussions, dont Ankara est jugée responsable par le gouvernement grec, limite la perspective d’un dialogue constructif entre les deux pays.

Mitsotakis dans le même état d’esprit que l’année dernière ?

Pour le 49ème anniversaire de l’invasion de Chypre, le ministère des Affaires étrangères avait publié un communiqué quant à la position de la Grèce par rapport à cet évènement. Une attaque qui n’a toujours pas été digérée par le gouvernement, affirmant que « le problème chypriote reste une question internationale d’invasion et d’occupation illégales » et que « la résolution de la question chypriote est une priorité nationale absolue ». Pour finir sur une touche plus positive, assurant que « la Grèce assistera et soutiendra toujours et systématiquement le juste combat de l’hellénisme chypriote ».

Reste à savoir si le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis gardera en tête cette optique lors de sa visite à Chypre ce 20 juillet prochain.