La Grèce pourrait recevoir la médaille de bronze des plus mauvais recycleurs de plastique en Europe. Un système de recyclage performant et de réutilisation permettraient pourtant des économies d'énergie significatives mais aussi la création d'emplois et de nouvelles industries.
Manuel de recyclage, dans les poubelles bleues
Une récente étude de l'Association des Industriels du Plastique européens, PlasticsEurope, classe la Grèce parmi les trois derniers pays européens avec un taux de recyclage de 20%. Alors que le taux moyen de l'UE27, Norvège, Suisse, Croatie et Turquie est établi à 59,1%. Les meilleurs élèves, les pays Scandinaves, ont atteint un taux entre 96% et 99%. D'après l'étude PlasticsEurope, la Grèce recycle donc 17% du plastique et en utilise seulement 3% pour l'extraction d'énergie.
Bataille contre les décharges illégales
La Grèce fait face à un défi bien différent de celui des pays en tête du classement pour lesquels la préoccupation majeure est d'assurer "zéro plastique dans les décharges". A Athènes, l'administration se concentre sur la fermeture des décharges illégales. En effet, le pays fait face à son deuxième procès européen concernant 90 décharges illégales. Une broutille par rapport aux 1.100 déjà condamnées.
Mise en place du tri
La ville tente également de mettre en place des programmes de tri. Dans la mesure où la production de plastique ne cesse d'augmenter depuis 1950 (taux annuel moyen de 9%), les pays européens ont tout à gagner à recycler et optimiser l'utilisation du plastique. D'ailleurs, l'industrie du plastique est depuis bien longtemps persuadée que le plastique jeté en décharge est du gâchis car il existe des pistes de réutilisation sérieuses avec un rendement important, tant économique qu'écologique.
Le plastique dans les poubelles bleues !
Selon la Société Hellénique pour le Développement du Recyclage (SEDR), en charge de la mise en place du système "Poubelles Bleues" en Grèce, le plastique est collecté avec avec le reste des déchets recyclables via les poubelles bleues. Les déchets sont triés par types et transférés aux entreprises de recyclage adéquates, stockés ou envoyés en décharges. Chaque Mairie a été équipée de poubelles bleues, de camions et du support nécessaire pour la mise en place du système. Mais si la Grèce à fait des progrès au niveau du recyclage avec une amélioration du taux de récupération de 15% entre 2006 et 2011, certains défis restent d'actualité. La crise sans précédent, que traverse le pays, influence l'ensemble de l'économie et, par conséquent, les activités de recyclages, comme par exemple les grèves à répétition qui conduisent les autorités à faire des collectes massives toutes dirigées en décharges. De plus, le manque de financement freine le développement des installations. Et comble de tout, pour remplacer les décharges fermées sous la pression de l'UE, les municipalités se voient forcées de créer de nouvelles décharges illégales !
Cacophonie de crise
Dans un article du journal grec Kathimerini, Philippe Kirkitsos de la Société Ecologique de Recyclage, explique que "la situation est très étrange, personne ne sait ce qu'il se passe. Beaucoup de maires ouvrent une nouvelle décharge ou engagent une entreprise privée, qui a un contrat atypique avec une décharge ou les enterre elle-même". La réutilisation et le recyclage du plastique est une priorité pour les industriels et les gouvernements, selon la Commission Européenne et "les meilleures pratiques de gestion des déchets devraient être échangées entre les États Membres, sachant que dans certains États membres, plus de 80% des déchets sont récupérés".
Le plastique une piste pour la reprise économique ?
Manque de financement, de conviction et de confiance des utilisateurs, faiblesse des installations et crise économique expliquent le classement de la Grèce en matière de recyclage du plastique. Mais cette situation laisse entrevoir un espoir : la Grèce dispose d'une large marge de manoeuvre pour créer des industries, des services et des activités innovants dans le secteur du recyclage et des énergies renouvelables, qui participeraient au redressement de l'économie, en créant des emplois.
Camille Delcour (www.lepetitjournal.com/athenes.html) jeudi 17 janvier 2013
Liens utiles :
SEDR, www.eeba.gr
PlasticsEurope, www.plasticseurope.org
Sources :
Article de Kathimerini du 09/04/2012 de Giorgo Lialios, « ???? ????????? ????????? ??? ???? ?????? ??? ??????? » (Nouvelles décharges illégales pour chaque ancienne qui ferme)
Interview effectué le Août 2012, SEDR, Elena Chouliara.
Etude 2012 de PlasticsEurope, « Plastics ? the Facts 2012 », www.plasticseurope.org
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