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Guillaume Grosso : "Je suis un homme engagé et de terrain"

lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats dans chaque circonscription des FDE. Guillaume Grosso, candidat de la "gauche au RÉEL" à la 6e circonscription, a répondu à nos questionslepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats dans chaque circonscription des FDE. Guillaume Grosso, candidat de la "gauche au RÉEL" à la 6e circonscription, a répondu à nos questions
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 22 mai 2022, mis à jour le 22 mai 2022

Dans la perspective des prochaines élections législatives (à partir du 27 mai en ligne et du 5 et 19  juin 2022 pour la 6e circonscription), lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats dans chaque circonscription des Français de l’étranger. Guillaume Grosso, candidat de la gauche au Réel soutenue par le Parti radical de Gauche à la 6e circonscription, a répondu à nos questions.

 

Guillaume Grosso et sa suppléante Julia Napoli
Guillaume Grosso et sa suppléante Julia Napoli

 

Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?

J’ai été, comme beaucoup de Français, profondément choqué par les résultats de la Présidentielle. Avec un score qui n’a jamais été aussi haut, l’extrême-droite continue sa route lente mais déterminée vers les portes du pouvoir. Même si le pire a été évité pour cette fois, les digues tombent les unes après les autres. Notre pays n’a jamais été aussi polarisé, extrémisé, hystérisé.

 

Je crois qu’il ne faut pas sous-estimer la gravité de la situation actuelle et des tensions qui traversent notre société. Il faut y répondre tout de suite. Il faut d’urgence réenchanter la France et l’Europe. Dans cinq ans, il sera peut-être trop tard.

 

C’est pour cela que je souhaite être député. Pour répondre à cette perception qu’ont les Français que le personnel politique ne s’occupe pas d’eux, car je suis un homme engagé et de terrain. Pour aussi redonner le goût de la démocratie en prenant des engagements clairs : pour la République, l’écologie, l’Europe et la laïcité.

 

Quel est votre rapport avec cette circonscription ?

Je suis arrivé en Suisse il y a près d’une décennie. Je suis directeur dans une organisation qui lutte contre les maladies infectieuses. Je suis aussi président de l’association d’aide et de soutien à nos compatriotes Français du monde – adfe en Suisse. Je connais bien les problèmes de terrain, c’est un privilège que de servir les Français de notre circonscription.

 

En 2021, j’ai conduit avec succès une liste humaniste et progressiste, qui a su rassembler la gauche, le centre et les écologistes aux élections des Conseillers des Français de l’Étranger. La liste que je menais a fait plus de 25% et a terminé au coude-à-coude avec En Marche, distanciant tous les autres candidats.

 

Ma candidature pour la députation s’inscrit dans le même esprit d’ouverture. Radical de gauche, président de Français du monde – adfe, élu de terrain, à chaque fois mon objectif est que tous les humanistes puissent se sentir chez eux dans une maison commune. Ma méthode, c’est le dialogue et la discussion. En Suisse, il y a une culture du respect d’autrui et de la recherche du consensus, qui est aussi la mienne.

 

Ma suppléante, Julia Napoli, n’est membre d’aucun parti politique mais elle est, comme moi, très engagée sur le terrain, à la fois au sein de l’association Français du monde – adfe, en tant qu’élue Déléguée consulaire et par son travail sur les politiques d’éducation prioritaire.

 

En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ?

Je suis engagé depuis très longtemps au service des Français de l’Étranger. J’ai rejoint l’association Français du monde – adfe il y a plus de quinze ans, d’abord en Tunisie où je travaillais à l’époque, puis en Suisse. Ce désir d’être utile à notre communauté, c’est une histoire de cœur.

 

Au cours des deux dernières années, j’ai pu voir avec la crise de la COVID19 à quel point la communauté française a été confrontée à une avalanche de difficultés nouvelles. Familles séparées de part et d’autre de la frontière, grands-parents privés de visite à leurs petits-enfants, aïeux en EHPAD ou en EMS isolés, scolarisation des enfants à domicile… mais aussi faillites perte d’emploi ou de logement et difficultés à boucler les fins de mois.

 

En tant qu’élu local au Conseil des Français de l’Étranger et au sein de l’Assemblée des Français de l’Étranger où je représente notre circonscription, j’ai contribué à alerter les pouvoirs publics et à chercher des solutions, notamment en défendant les bourses scolaires pour les enfants scolarisés dans les écoles françaises de Suisse et en plaidant avec succès pour que le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères soutienne davantage de projets portés par le riche tissu associatif des Français à l’étranger. Surtout, il s’agit d’être attentif à chaque difficulté, chaque situation pour laquelle des Français m’ont sollicité. Pour moi, être au service de ses concitoyens, c’est d’abord être accessible et écouter.

 

Comment voyez-vous le mandat de député ?

Être député pour moi, c’est être à l’écoute localement tout en portant la voix de ses administrés nationalement. Si je vote pour mon député, je veux qu’il soit encore là dans un an, dans deux ans, dans cinq ans. Je veux qu’il soit bien imprégné des problématiques locales. Je veux aussi qu’il soit travailleur et fasse entendre mes problèmes dans l’hémicycle.

 

Ceux qui me connaissent peuvent en témoigner : je travaille dur, je n’ai jamais raté une séance à l’Assemblée des Français de l’Étranger ni au Conseil des Français de l’Étranger et je suis fier que notre association Français du monde – adfe ait toujours fait son possible pour soutenir les Français en difficulté qui nous sollicitaient. Et à ceux qui veulent un député solidement attaché à la circonscription, je dis : je vis en Suisse depuis bientôt une décennie. Et dans deux ans, dans cinq ans, je serai encore là à vos côtés.

 

Ensuite, il faut pouvoir porter les problèmes sur la scène nationale, Européenne ou même mondiale. Par ma formation et mon parcours professionnel dans des organisations internationales, j’ai eu la chance de me retrouver dans des rôles où je devais précisément faire cela : parler à tout le monde, bâtir un consensus et convaincre des gouvernements de bouger sur un sujet. Je crois que cette expérience sera très utile en tant que député.

 

Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?

Il y a quelques années, Jean-Luc Mélenchon, de passage en Suisse, avait lancé : « j’ai l’intention de vous faire les poches ». Pour moi qui ai arpenté la circonscription pour soutenir nos concitoyens, que ce soit au travers de l’association Français du monde – adfe ou de mon mandat d’élu, je peux vous dire que rien n’est moins vrai que le cliché qui imagine nos compatriotes en richissimes nababs fuyant les redressements fiscaux. Les Français de Suisse et du Liechtenstein sont chauffeurs routiers, boulangers, chercheurs ou enseignants, ils travaillent dans les organisations internationales, les ONG, la banque, l’horlogerie, la restauration, l’hôtellerie ou les commerces de proximité, ils sont employés, cadres ou à leur compte… bref : il y a une très grande diversité de profils.

 

Il s’agit donc d’abord d’être à l’écoute pour pouvoir résoudre une large variété de situations. C’est pourquoi dès mon élection, je mettrai en place une plateforme et une équipe dédiée, que les Français de la circonscription pourront facilement contacter. Pour que puissent remonter au Parlement les problématiques de terrain. Je souhaite aussi soutenir notre réseau diplomatique et notre administration consulaire, en lui donnant les moyens humains et financiers de répondre mieux et plus vite aux problèmes rencontrés par nos compatriotes. Je suis inquiet de la baisse des moyens, qui rend le travail incroyablement difficile pour les agents et rallonge les délais pour les usagers, qui ne trouvent d’ailleurs plus toujours, faute d’effectifs, une oreille aussi attentive pour écouter leurs problèmes. En outre, je veux harmoniser par le haut les retraites et les prestations santé des expatriés, y compris les conjoints, pour que la mobilité de nos compatriotes soit une richesse et non un fardeau lors de leur retour en France.

 

Je suis opposé à la double taxation via l’ « impôt universel » promis par Jean-Luc Mélenchon. Cette mesure verrait les Français de l’Étranger payer un impôt dans leur pays de résidence et en France. L’objectif affiché est de lutter contre l’évasion fiscale. Je suis Républicain, et donc bien évidemment convaincu de la nécessité de poursuivre les fraudeurs, qui échappent à leur devoir de solidarité citoyenne. Mais la double imposition risque de ne pas régler un problème qui ne touche qu’une infime proportion de Français richissimes, tout en créant une gigantesque machine à gaz pour des centaines de milliers de Français de la classe moyenne. Ce serait un frein considérable à l’expatriation. Pour moi, le Français vivant à l’étranger ne doit pas être considéré comme un ennemi, mais comme un atout, tant pour la France que pour le pays qui l’accueille.

 

Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?

Ma campagne s’intitule « la gauche au RÉEL ». Avec un nom construit sur les initiales des mots République, Écologie, Europe et Laïcité, cette campagne affiche une ambition : gouverner avec pragmatisme, proposer des solutions concrètes pour faire avancer la France et l’Europe. Je suis soutenu par le Parti radical de gauche (PRG), à la fois le plus ancien parti politique français et l’un des plus jeunes. Fondé en 1973, il se rattache, par ses origines, son esprit et son nom, à une tradition qui remonte au milieu du XIXe siècle. Nombre de personnalités du radicalisme ont mené des combats importants pour la République.

 

Mais le rassemblement que je mène est loin de s’arrêter à un parti. Mon cœur est à gauche mais j’ai toujours su travailler dans le respect des opinions de tous nos compatriotes. Beaucoup de gens viennent me voir pour rejoindre la campagne. Des humanistes, des centristes, des socialistes, des écologistes, des progressistes… Ils apprécient les valeurs et la dynamique que je porte, mon ancrage local et la démarche de rassemblement et d’ouverture autour des idées républicaines, écologistes, européennes et laïques.

 

En rejoignant ma campagne, ils savent aussi que nous avons une possibilité réelle de faire gagner ces idées : la liste que j’ai menée l’année dernière aux élections des Conseillers des Français de l’Étranger a recueilli plus de 25% des suffrages, quand En Marche pouvait compter sur 28% des électeurs, Les Républicains 14% et les Insoumis, 5%. Nous étions à 300 voix d’En Marche. Pour ces législatives, la victoire est possible si les électeurs se mobilisent et se rassemblent dès le premier tour.

 

Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ?

Mon projet est sans ambiguïté. Je souhaite rassembler les Français de gauche, du centre et écologistes, Républicains convaincus, pour une Europe fédérée, forte et solidaire, pour que la France devienne un modèle en matière d’écologie, et pour une laïcité sans complaisance avec les fondamentalismes.

 

Dès mon élection, je veux porter des mesures concrètes au Parlement pour la République, l’écologie, l’Europe et la laïcité. Je souhaite notamment lancer un plan ambitieux qui engagera la France dans l’économie bleue, réservera les aides de l’État aux entreprises respectant les exigences environnementales et favorisera les circuits courts.

 

Je veux aussi m’atteler, non par la désobéissance mais par la négociation, à construire une Europe fédérée, au service d’un continent fort et solidaire. Je pense que l’Europe est seule capable d’infléchir la course folle de la globalisation. Il faut la réformer pour la rendre plus sociale, plus écologique. Il ne faut pas la faire disparaitre, ce serait de la folie.

 

Quel bilan dressez-vous du mandat du député sortant ? 

Le moins que l’on puisse dire est que Joachim Son-Forget, notre député, ne passe pas inaperçu. J’ai eu l’occasion de le rencontrer, c’est certainement un homme intelligent et un musicien talentueux. Il a cependant connu un parcours peu commun en quelques années : élu en 2017 pour En Marche, il a quitté le parti présidentiel pour se rapprocher de l’UDI, puis s’est affiché avec Marion Maréchal-Le Pen avant d’être aperçu récemment aux côtés d’Éric Zemmour. Il se représente à ces élections en candidat indépendant. Le 5 juin, nous saurons si cette trajectoire étonnante reçoit le soutien des Français de notre circonscription.

Anne-Claire Voss
Publié le 22 mai 2022, mis à jour le 22 mai 2022

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