Une étude scientifique suisse prédit une diminution drastique de l'enneigement des Alpes d'ici 2100 si le réchauffement climatique n'est pas contenu.
Faible enneigement dans le Toggenburg pendant l'hiver 2017 (Jean-Baptiste Chatain)
Jusqu'à 70% de neige en moins dans les Alpes d'ici la fin du siècle, c'est la prédiction alarmante d'une équipe composée de chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et de l'Institut pour l'étude de la neige et des avalanches (SLF). Les scientifiques ont basé leurs évaluations sur plusieurs modèles de changement climatiques et établi différents scénarios d'enneigement à l'horizon 2100. Leurs conclusions, publiées dans la revue de l'Union européenne des géosciences (UEG), The Cryosphère, révèlent que la diminution de la couverture neigeuse en montagne est inéluctable, et ce quel que soit le scénario envisagé.
La hausse des températures aurait pour conséquence de raccourcir sensiblement la saison des sports d'hiver et de limiter significativement l'enneigement à basse et moyenne altitude. "Si nous ne diminuons pas les émissions, nous ne pourrons pas garantir suffisamment de neige pour la pratique des sports d'hiver en dessous de 2.500 mètres", peut-on lire dans un communiqué de l'UEG.
L'augmentation des précipitations hivernales, envisagée par plusieurs modèles, se traduirait en effet majoritairement par des chutes de pluie plutôt que de neige aux étages montagnard et subalpin . Et le réchauffement global pourrait retarder d'un mois la formation d'un manteau neigeux suffisant pour la pratique du ski, avec des conséquences économiques importantes pour les régions alpines.
Les scientifiques estiment que la diminution de la couverture neigeuse ne pourrait être limitée qu'à 30% dans le meilleur des cas. Un scénario du moindre mal qui implique nécessairement de respecter les objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le climat à l'issue de la COP21. Les Etats signataires s'y engagent à diminuer les émissions de gaz à effet de serre pour limiter la hausse des températures à 2° par rapport aux niveaux préindustriels. Un chiffre que la plupart des spécialistes considèrent déjà comme hors de portée.
"Le fait de perdre 30% de la couverture neigeuse des Alpes avec le scénario de réchauffement global à 2° Celsius est triste, mais dans le même temps plus encourageant que le chiffre de 70%", estime Christoph Marty du SLF, co-auteur de l'étude. "Dans tous les cas, la couverture neigeuse alpine va diminuer, mais nos émissions futures détermineront dans quelles proportions."
Jean-Baptiste CHATAIN (www.lepetitjournal.com/zurich) lundi 20 février 2017.
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