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PSYCHOLOGIE- Seisme et stress post traumatique

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 29 mars 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

Au cours de leur vie, les êtres humains peuvent se trouver brusquement face à des situations qui les font sentir impuissants, fragiles, qui provoquent peur, sentiment d'insécurité, angoisse. C'est ce qui s'est passé au Chili avec le tremblement de terre et raz de marée du 27 mars et qui se prolonge à travers les innombrables répliques quotidiennes. Ces manifestations peuvent déclencher un stress post traumatique à prendre au sérieux. Explications avec Eliana Rahal psychologue franco-chilienne

Les êtres humains ont besoin d'un minimum de stabilité, de sécurité pour pouvoir de projeter vers l'avenir. Autrement, tout devient incertain ou irréalisable,.
Les circonstances violentes, même si elles sont peu fréquentes, font partie, d'une certaine manière, de la vie elle-même, dans le mesure où rien ni personne peut nous assurer la tranquillité permanente ou l'absence de faits qui dépassent notre capacité de réponse ou d'adaptation.
Les conditions du grand tremblement de terre et ses répliques successives et le ras de marée, sont des événements qui provoquent de fortes souffrances et peuvent mener au stress chronique si celui ci n'est pas traité dès son début.
Nous le constatons quotidiennement, quelque chose a changé depuis le 27 février. Nombreuses sont les personnes qui ont du mal à se concentrer, à structurer leur journée de travail et leurs activités personnelles. Certaines vivent dans la panique d'une nouvelle réplique. On observe des réactions d'agressivité chez des personnes non agressives. Les rapports avec les autres ont parfois changé, des problèmes d'insomnie ont pu surgir et pour certains le sujet de conversation est monothématique; ils ont une tendance à ne parler que des tremblements et des circonstances qui les ont entourés (peut-être comme une manière de les exorciser).
Tout ceci nous invite à être particulièrement attentifs à nos propres réactions, à nos propres sentiments et émotions ainsi qu'à ceux de nos proches, afin d'évaluer le degré de stress post-traumatique.


Que faire en cas de stress post traumatique?
1. Prendre conscience et aider à prendre conscience ceux qui en souffrent.
2. Créer un réseau de familiers et/ou amis auxquels ont peut avoir recours pour parler, pour sortir ou passer la nuit chez eux. Créer des situations de sécurité.
3. Consulter un médecin. Dans presque tous les cas les médicaments sont indispensables (contre l'angoisse). Leur usage n'implique pas une dépendance, puisque nous savons que nous les prenons pour une raison précise et que dans le mesure ou les symptômes commencent à disparaître, le médecin va prescrire une diminution des médicaments.
4. Consulter un psychothérapeute : celui ci va aider la personne à mieux analyser, comprendre et surmonter la situation. Par ailleurs, il va aussi permettre de connaître les causes sous jacentes - si elles existent ? liées à la personnalité et qui ont été un terrain favorable à la parution du stress post traumatique. La psychothérapie est fondamentale et ses résultats sont très positifs à court terme (autour de trois mois) dans la plupart des cas.
Pendant les séances il est nécessaire de:
- Partager et donner de l'information
- Utiliser des techniques de relaxation
- Désensibilisation, renforcement positif et négatif
- Renforcement de capacités à affronter
- Hypnose clinique
- Analyse des conflits psychiques inconscients qui ont été un terrain fertile à la parution du traumatisme
- Thérapie de groupe
5. Activité physique ; le sport  dépend des goûts de chacun, car il faut qu'il soit aussi une source de satisfaction (en même temps que de récupération physique et psychique). Si c'est le yoga, faisons du yoga, si c'est une activité aérobique, elle est aussi utile que le yoga ou la danse.
6. Essayer, dans le mesure du possible, de continuer nos activités quotidiennes dans le travail, études, tâches ménagères, même si en les réalisant on éprouve un sentiment d'angoisse.


A propos du stress post traumatique
Les évènements durs, forts et exceptionnels nous font sentir notre vulnérabilité, ils cassent notre aspiration à la sécurité et nous provoquent - plus ou moins profondément ? souffrance, peur, angoisse et autres problèmes psychiques et/ou physiologiques.
Si ces situations ne sont pas très intenses ou si elles sont de courte durée, on peut surmonter les conséquences dans un délai relativement court, seuls ou avec l'aide d'un spécialiste.
Mais, il y a des circonstances qui, à cause de leur intensité, extension, durée ou par les conséquences qu'elles entrainent pour soi même ou pour les autres, troublent fortement notre vie psychique ou physique. Les troubles qui apparaissent en rapport à ces circonstances peuvent provoquer ce que les spécialistes ont appelé stress post traumatique.
Parmi les facteurs considérés comme les plus fréquents dans l'origine du stress post traumatique on trouve : la mort subite, inattendue d'un membre de la proche famille ou d'un ami très aimé, un diagnostic mettant en jeu le propre pronostic vital, la nouvelle que son enfant a une maladie grave, les agressions personnelles permanentes, vivre des accidents graves, être spectateur de situations graves chez quelqu'un d'autre (exemple : accident) et?les catastrophes naturelles, qui dans un certain sens comprennent toutes les autres.
Par ailleurs, les réactions immédiates de panique face au facteur déclenchant (dans le cas du Chili la catastrophe qu'est un tremblement de terre) ne son pas toujours des symptômes de ce trouble.
Toutes les personnes "affolées" sur le moment, ne développent pas un stress post traumatique.


Qui est plus vulnérables au stress post traumatique?
- Personnes ayant vécu des situations de manque d'assurance psychique ou physique au cours de leur vie.
- Personnes que pour différentes raisons sont plus vulnérables à l'angoisse.
- Personnes qui ont des traits de personnalité dépressifs ou qui ont une tendance à voir le côté négatif des choses.
- Personnes ayant vécu de façon récurrente des situations provocant de stress.


Symptômes et situations habituels associés au stress post traumatique:
Pour diagnostiquer un trouble post traumatique, il faut que la personne présente les symptômes suivants (pas nécessairement tous, mais une forte majorité, l'angoisse étant toujours présente) :
1. La personne a été exposée à un événement traumatique dans lequel sont présents : A. La personne a vécu a été témoin ou a été confrontée a un l'événement durant lesquels des individus ont pu mourir ou être gravement blessés ou fortement menacés. B. La réaction de la personne à l'événement s'est traduite par une peur intense, un sentiment d'impuissance ou d'horreur. Chez les enfants, un comportement désorganisé ou agité peut se substituer à ces manifestations.
2. L'événement traumatique est constamment revécu de l'une (ou plusieurs) façons suivantes : A. Souvenirs répétitifs et envahissants de l'événement provoquant un sentiment de détresse. Chez les enfants, jeu répétitif sur des thèmes du traumatisme. B Rêves répétitifs de l'évènement provoquant un sentiment de détresse. Chez l'enfant : rêves effrayants sans contenu clair. C. Impression ou agissement soudain « comme si » l'événement allait se reproduire (y compris de hallucinations, « flash back» D. Sentiment intense de détresse psychique. E Réactivité physiologique face a des situations (vécues réellement ou « comme si » qui rappellent le traumatisme ?
3. Évitement persistant des stimuli associés au traumatisme et diminution de l'activité générale (par rapport à l'activité précédent l'évènement): effort pour éviter les pensées, les sentiments ou conversations liées au traumatisme, incapacité de se rappeler d'un aspect important du traumatisme, restriction des affects (par exemple incapacité d'avoir des sentiments de tendresse, sentiments dépressifs d'avenir « bouché ».
4. Symptômes résistants qui démontrent une activation neuro végétative. Au moins présence de deux des manifestations suivantes : difficultés d'endormissement ou sommeil interrompu, irritabilité, difficultés de concentration, hyper vigilance, réaction de sursaut exagérée.
Le stress post traumatique peut être aigu, c'est celui qui apparaît presque immédiatement après l'évènement et qui a une durée d'environ deux mois Il peut être aussi chronique, et donc, avec des symptômes similaires, avoir une durée qui dépasse deux mois et qui provoque une souffrance permanente.

Le stress post traumatique est un problème psychologique auquel il faut faire attention, puisque si on prend les mesures signalés, les possibilités de récupération sont élevées. Sans les soins essentiels, il peut devenir chronique ou bien laisser la personne vulnérable face à toute situation imprévisible, même si celle-ci est légère.
Eliana Rahal psychologue clinicienne bilingue (www.lepetitjournal.com/santiago) Lundi 29 mars 2010

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Publié le 29 mars 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

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