Depuis 1957 et l’engouement créé par la Nouvelle Vague, le cinéma Theatiner a la bonne habitude de diffuser des films français dans un cadre pittoresque et élégant.
Il suffit de cinq minutes à l’intérieur du hall de ce petit cinéma sur la Theatinerstraße pour voir entrer quatre Italiens puis deux Allemands suivis de deux Français. Au carrefour des langues et des cultures, le Theatiner vous fait voyager à sa façon. Sans 3D, 4D ou technologie Imax et loin des blockbusters aux millions d’entrées, la salle munichoise diffuse des films venant des quatre coins du monde en version originale sous-titrée qui plaisent aux expatriés comme aux cinéphiles allemands.
Le Theatiner et son histoire
A la tête du cinéma depuis sa création, la famille Kirchner a su marquer le cinéma allemand de son empreinte. Walter Kirchner, fondateur de la société de distribution Walter Kirchner Neue Filmkunst en 1953, a permis un essor sans précédent du cinéma international en Allemagne. Plus que de simples importations, il eut également le flair pour promouvoir la modernité artistique en accompagnement l’ascension de réalisateurs comme Danièle Huillet ou Michelangelo Antonioni.
Marlies Kirchner, quant à elle, se charge de la direction du théâtre. Elle occupe le poste de directrice depuis 1957, soit un an après sa création. Jusqu’à la crise sanitaire, c’est elle qui accueillait les spectateurs à la caisse du cinéma. Aujourd’hui, la nonagénaire garde un œil avisé sur le programme de diffusion de son Theatiner.
Depuis la fermeture de son jumeau à Göttingen, le Theatiner emploie une douzaine de personnes pour assurer son bon fonctionnement. Un hall d’entrée, de beaux couloirs avec un grand escalier, un bar, une modeste salle de 146 places comptant d’élégantes loges latérales et puis c’est tout.
Une expérience unique en son genre
En 66 années, les équipes du Theatiner Filmkunst ont vu défiler de nombreuses tendances et modes cinématographiques. Inspirée par la Nouvelle Vague, la famille Kirchner a toujours cherché à ce que le septième art épouse l’instantanéité de son époque. Dans les couloirs comme à l’écran, on y voit du Truffaut, du Godard mais aussi des publications plus récentes.
Au programme lors de notre venue, Les choses simples d’Eric Besnard, où Lambert Wilson quitte le monde des affaires pour se ressourcer dans la tranquillité de la propriété de Grégory Gadebois, au fin fond des Alpes. L’architecture et la décoration du lieu rendent le visionnage d’un long-métrage plus savoureux qu’ailleurs. Un grand rideau rouge s’ouvre et se ferme comme à l’époque.
Pendant que la régie stoppe les bandes annonces pour démarrer le film, une femme s’occupe d’appuyer sur un panneau de commandes à l’intérieur de la salle. Semblable à des interrupteurs de sonnette d’appartements, les boutons permettent de régler l’intensité des différentes lumières, les différents éclairages et l’alimentation de la salle.
D’une faible capacité, la salle n’est pas nécessairement pleine. En semaine, le Theatiner est fréquenté par un public d’habitués. A la caisse, les spectateurs sont ravis de pouvoir choisir précisément leur place sur le plan de la salle. Aux heures creuses, on croirait avoir le cinéma pour soi. Les sièges en bois n’empêchent pas d’avoir un confort digne d’un beau salon parisien où un écran géant serait disposé.
L’actualité du Theatiner Filmkunst
A travers différentes projections en version originale sous-titrée, le Theatiner Filmkunst varie les nationalités mises à l’honneur et fait (re)découvrir les talents au-delà de notre Europe de l’Ouest. Cette semaine, une série de films du début de la carrière du réalisateur québécois Denis Villeneuve seront projetés entre le 24 et le 31 octobre. A l’occasion du 50ème anniversaire du Putsch mené par Augusto Pinochet, des films chiliens seront aussi à l’affiche pour la fin du mois d’octobre.
Pour varier ses évènements, le cinéma munichois organise ainsi plusieurs semaines thématiques. Récemment, les deux semaines « Cinema Italia » du 5 au 18 octobre ont tenu leur promesse et n’ont pas déçu la communauté italienne bavaroise. Par moment, le Theatiner propose également des rencontres à ses spectateurs : le 16 octobre, Lila Avilés s’est rendu disponible pour échanger avec les spectateurs à l’occasion de la sortie de son film Tótem.
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