Les enjeux environnementaux concernent à la fois la gestion des déchets, avec l’amélioration du recyclage, et leur réduction. A Dakar, l’association Zéro Déchet Sénégal aide les particuliers, les entreprises et les collectivités dans leurs projets de réduction des déchets.
Pour Charlotte Spinazzé, fondatrice de l’association Zéro Déchet Sénégal, le déclic a eu lieu à la naissance de son premier enfant en 2015. "J’ai été frappée par l’esprit de sur-consommation qui accompagne la naissance d’un enfant. C’est à ce moment là que j’ai commencé à initier à titre personnel une démarche de réduction des déchets, en changeant mes modes de consommation et mes habitudes. J’ai privilégié les commerçants qui proposaient les produits en vrac ou consignés et commencé à fabriquer certains produits moi-même (produits ménagers, cosmétiques, papier alimentaire…)". En parallèle, elle lance un blog pour expliquer sa démarche et partager ses expériences.
Petit à petit, elle est sollicitée pour faire des sensibilisations dans des écoles ou devant le réseau Rexpos, pour organiser des ateliers, etc. Tout ceci l’amène à créer l’association Zéro Déchet Sénégal afin de formaliser ces actions, fédérer les bonnes volontés et répondre aux demandes de plus en plus nombreuses. Parmi les adhérents, on trouve beaucoup d’expatriés mais également des Sénégalais, plutôt jeunes et féminins. Auparavant, Charlotte, diplômée de Sciences-Po Paris, avait effectué plusieurs missions en tant que consultante pour des projets liés à l’agriculture et au développement rural pour les Nations Unies.
Aujourd’hui, l’association agit à deux niveaux. Tout d’abord, Zéro Déchet Sénégal fait connaître les enjeux et les problématiques liés à la gestion des déchets. "Au Sénégal, on estime que la production de déchets s’élève à 190 kg par an et par habitant. Ils sont majoritairement abandonnés ou brûlés, ce qui entraîne des pollutions considérables sur les sols, l’air et l’océan. La masse de déchets ne cesse d'augmenter. Ainsi, la décharge de Mbeubeuss qui s'étalait sur 12 hectares en 2002, couvrait 115 hectares en 2016, selon nos analyses d'images satellite" s'alarme Charlotte.
Par ailleurs, elle agit sur le terrain en aidant les particuliers, les entreprises ou les collectivités qui souhaitent entamer une démarche de réduction de leurs déchets. Elle a lancé un site internet et une page Facebook suivie par 1500 personnes pour partager les expériences de ses adhérents et des conseils pratiques (exemples : Bonnes adresses pour consommer local avec un minimum d'emballage ou encore 10 conseils pour réduire ses déchets au Sénégal). Le groupe Zéro Déchet Sénégal se réunit tous les 2 mois à Dakar pour échanger sur des moyens concrets et pratiques pour réduire son empreinte écologique dans son quotidien.
Privilégier les choses ré-utilisables
La réduction des déchets passe par des choses assez simples telles que privilégier les choses ré-utilisables plutôt que jetables, les bouteilles en verre consignées plutôt que les bouteilles en plastique, etc. L’association informe également des solutions, pour le moment modestes, de recyclage au Sénégal. "Actuellement, la séparation des déchets à la source est très peu développée au Sénégal. Il existe pourtant des infrastructures de recyclage et de compostage. C’est cette gestion séparée qui permet de réduire le recours à l’incinération et au stockage et de préserver au mieux les ressources naturelles utilisées dans les processus de fabrication" explique la jeune femme.
L’association est en train de monter 3 projets pilote, avec une classe, un restaurant et une famille pour les aider à réduire leurs déchets et pouvoir ainsi documenter et dupliquer ces expériences à plus grande échelle (d’un quartier, d’une école…).
A titre personnel, Charlotte et sa famille constate une réduction très significative de leurs déchets et surtout, une nouvelle façon de consommer. "J’ai retrouvé le plaisir de faire les courses, en favorisant les petits commerçants et les produits locaux". Elle fabrique également pas mal de choses elle-même (sa lessive, son dentifice) et utilise des savons locaux plutôt que des gels douche importés. "A travers l'association, mon objectif est de montrer qu’il existe des solutions alternatives et les valoriser, de privilégier l’économie circulaire, sans pour autant culpabiliser les gens ou devenir trop rigide" conclut-elle.