Urgence! La Pologne fait partie des onze pays européens, pointés du doigt par l'UE, qui vont devoir se plier aux exigences européennes en matière de tri et régler la question du désordre, de la saleté et de l'accumulation de leurs déchets.
La dernière directive européenne met l'accent sur la nécessité d'intensifier la réduction, le recyclage et la réutilisation des déchets. La Pologne produit une quantité trop importante de déchets qu'elle est ensuite dans l'impossibilité de recycler en totalité. Ainsi, le pays n'arrive-t-il qu'en 17eme position selon le dernier rapport de la Commission européenne décrivant la manière dont les pays européens gèrent leurs déchets municipaux. Evalués au regard de 18 critères (recyclage, coût de l'élimination des déchets, etc.), les 27 Etats membres ont été classés grâce à un système de points, qui révèle des disparités très importantes dans l'UE.
Alors que l'Autriche, les Pays-Bas, le Danemark ou encore l'Allemagne ont remporté plus de 35 points (sur 42 possibles), La Pologne n'en a totalisé que 18.
La Pologne championne de l'hyper consumérisme
Ewa Wilk, journaliste de l'hebdomadaire socio-politique polonais Polityka explique que la surconsommation polonaise induit la surproduction de déchets. "Selon les sociologues, les occidentaux modernes sont des consommateurs de nouveautés, et la prospérité polonaise de ces deux dernières décennies n'est qu'imitation de la modernisation. Désirer des choses et jouir de leur possession sont une tendance inhérente à l'espèce humaine, mais l'avènement du capitalisme en Pologne en a instauré une variante plus puissante, à l'américaine". Le consommateur polonais d'aujourd'hui désire et a accès à toute sorte de choses, il aime jouir de ces possessions qui sont souvent jetables ou obsolètes très rapidement, induisant de consommer davantage. C'est un cercle vicieux : aujourd'hui je désire, j'achète, pas cher donc je ne peux pas ne pas acheter !... et demain, je remplace, je rachète.
Ewa Wilk fait référence à l'anthropologue culturel Wlodzimierz Pessel, spécialiste de la problématique des déchets, notamment en Pologne. Cet expert nous dit que "La culture matérielle des Polonais s'est construite dans une constante pénurie". La tendance polonaise à entasser et à conserver toute sorte d'objets est un héritage de leur histoire aussi n'imaginent-ils pas comment on peut jeter utile.
Recycler, pour quoi faire si c'est cher ?
Les pays de l'Est qui sont entrés dans l'ère consumériste bien plus tard que ceux de l'ouest ont encore du mal à intégrer la notion du recyclage. "En Allemagne, on transforme la moitié des déchets en matières premières et on ambitionne d'atteindre le seuil de 75%. En Pologne, le taux de transformation est seulement de 5-10%. Seules la Roumanie et la Lettonie font pire" explique la journaliste.
Aujourd'hui le "réflexe vert" n'existe pas chez les polonais qui sont étrangers au tri sélectif et encore coutumiers des décharges sauvages? Les mesures mises actuellement en place en Pologne dans le domaine du traitement des déchets, soulèvent d'ailleurs l'opposition d'une partie de la population. "Payer davantage pour pouvoir jeter constitue un choc considérable". Il semble bien qu'avant la mise en place et le respect collectif d'une politique environnementale, il reste du chemin à parcourir.
Sybille Billiard (www.lepetitjournal.com/varsovie) - mardi 9 avril 2013
Photo : stock Corbis
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