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ARTURO BRACHETTI – Entre Paris et Turin, le transformiste fast à l’âme un peu slow

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2013

Le livre Guinness des records l'indique comme le transformiste le plus rapide au monde, il peut changer de tenue en quelques secondes seulement et ses spectacles, riches en effets surprenants, remportent un immense succès dans le monde entier. Rencontre avec Arturo Brachetti, l'homme à la célèbre houppe en forme de Tour Eiffel. Ou de Mole, qui sait ?

Lepetitjournal.com/Turin - Commençons par le commencement, une question qui nous permettra peut-être de trancher l'éternel dilemme. Pouvez-vous nous expliquer l'origine de votre célèbre houppe ? Certains affirment que c'est un hommage à la Tour Eiffel? Ne s'agirait-il pas plutôt d'une Mole en miniature, le monument symbole de votre ville, Turin ?
Arturo Brachetti
- C'est selon. Vous, vous y voyez quoi exactement ?

 Aux lecteurs donc de trancher. Ici, Arturo Brachetti et la Mole en toile de fond (photo ©Paolo Ranzani)

Le rôle de Paris a été très important dans votre carrière. Quel est le lien qui vous unit à cette ville et à la France ?
Je dois énormément à Paris et à la France, c'est indéniable. C'est là que ma carrière a commencé. Je me souviens encore du jour où je suis arrivé à la Gare de Lyon, ma valise à la main, pour passer une audition au Paradis latin. Une audition devant le fameux Jean-Marie Rivière, le dernier grand maître du cabaret, et ses collaborateurs. Ils m'ont posé des questions sur ce que je savais faire, j'ai expliqué mes numéros. A la fin, ils m'ont demandé : "Combien de temps te faut-il pour changer de costume ?" J'ai répondu : "Deux ou trois secondes". En voyant leurs expressions perplexes, j'ai pensé : "Et voilà ! A Paris, il y a quelqu'un d'encore plus rapide que moi". Et bien non, j'étais bien le seul, non seulement à Paris mais dans le monde entier ! J'ai décroché mon contrat, mais je suis parti du bas de l'échelle : j'étais accessoiriste de scène, l'homme à tout faire du théâtre en quelque sorte. Après les spectacles, quand le Paradis latin s'était complètement vidé, je répétais  mes numéros. Et puis, un beau jour, on m'a appelé pour débuter sur scène le lendemain. Depuis ce moment-là, tout n'a été qu'une suite d'aventures. 

Tout au long de ma carrière, c'est en France que j'ai reçu le plus de marques de reconnaissance : il y a quelques années, j'ai été nommé Chevalier des Arts et des Lettres et, le 2 décembre prochain, mon personnage en cire sera au Musée Grévin de Paris aux côtés de ceux de Roberto Benigni, de Luciano Pavarotti et de Monica Bellucci !

(photo ©Paolo Ranzani)

Vos spectacles plongent les spectateurs au c?ur d'un monde enchanté, drôle et surprenant. Quels sont pour vous les ingrédients qui ne doivent jamais manquer pour créer un sentiment de complicité avec son public ?
En premier lieu, l'imagination. Et le désir de redevenir un enfant, ne serait-ce que pour quelques heures. C'est exactement ce que j'essaie de transmettre à mon public. Qui à son tour répond en rentrant dans mon jeu, en devenant complice de ce qui se passe sur la scène. 

Quelle place tient dans votre vie l'émotion d'être sur scène ?
Une place centrale, elle est au c?ur de mon travail. C'est le moment où l'artiste peut s'exprimer, donner le meilleur de lui-même et aller à la rencontre de son public.

(photo ©Paolo Ranzani)

Voici venu le moment de dire votre Turin je t'aime. Quelle est "votre" ville ? Souvenirs, images, lieux, coups de c?ur?
Pour moi, Turin a plusieurs visages. La ville des années 70 ; à l'époque j'étais un jeune élève de l'Accademia et Turin étais gris et brumeux. Mais également la ville d'aujourd'hui, solaire, aux places animées à toute heure de la journée. Les lieux que j'aime le plus sont des lieux cachés. Ils sont peut-être en plein centre mais ils restent un peu à l'écart, car ils sont en dehors des circuits touristiques. Je pense par exemple à la Vineria Ranzini, ou au Théâtre della caduta, mais aussi au Circolo del Demanio? 

Le transformisme est "fast", vous arrivez de la patrie du "Slow" Food. D'après vous, dans notre vie, qu'est-ce qui doit être fast et qu'est-ce qui doit être slow ?
Laissez-moi réfléchir? Disons que le transformisme est fast parce j'ai voulu qu'il en soit ainsi. Ce que je veux dire, c'est qu'avant moi il n'y avait plus rien ; depuis la mort de Fregoli, qui n'avait pas laissé d'héritier, cet art était tombé dans l'oubli. J'ai complètement réinventé un certain nombre de techniques et réduit au strict nécessaire, à quelques secondes seulement, le temps indispensable au changement de costume. Mais attention, il ne s'agit pas uniquement d'un changement de couleur de costume, c'est le changement dans l'âme qui fait la différence. Quand je passe d'une tenue à l'autre, c'est comme si je changeais aussi de personnage et ce changement va jusqu'au tréfonds de mon être. Et au fond, ce "fast" se rapproche profondément de la philosophie "slow".

Propos recueillis par Luisa Gerini (www.lepetitjournal.com/Turin) mercredi 13 novembre 2013

En ce moment Arturo Brachetti est à Paris avec son nouveau spectacle Comedy Majik Cho.  

La presse française lui a réservé des critiques très favorables : il a fait la Une du quotidien Le Monde et Le Figaro a signalé un spectacle "à ne pas manquer".

"C'est un spectacle entièrement centré sur la magie contemporaine, un genre de spectacle qui n'est pas encore arrivé en Italie, mais je voudrais le faire connaître dans la Péninsule.  Je dirige une équipe d'illusionnistes internationaux qui veulent apprendre les secrets de la magie à mon très jeune élève Luca Bono (qui est d'ailleurs mon élève également dans la vie réelle). Mais ils en font voir de toutes les couleurs au pauvre Luca qui est pris à partie. Sur scène avec moi, il y a donc Luca Bono et deux autres Italiens, Luca Regina et Tino Fimiani, un duo un peu surréel qui puise son comique dans le monde du cabaret."

Comedy Majik Cho ? Au Théâtre du Gymnase de Paris jusqu'au 5 janvier 2014

 

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Publié le 12 novembre 2013, mis à jour le 13 novembre 2013
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