

Le tunnel de la Traversette, creusé au XVe siècle afin de relier la région de Saluces à la France, sera inauguré demain après une période de travaux estivaux financés par la Région Piémont qui entend ainsi valoriser le patrimoine naturel et historique du Val Pô. Ce dernier forme avec le Parc régional du Queyras la réserve de biosphère transfrontalière du Monviso
1480 : le tunnel de la Traversette, également connu sous le nom de Pertuis du Viso (en italien Buco di Viso, le trou du Mont Viso) est mis en service. C'est le premier tunnel reliant la France et l'Italie et, il faut bien le dire, il ne s'agit pas d'un ouvrage pharaonique, mais plutôt d'un petit tunnel de 2,5 m de hauteur et de 2 m de largeur, à peine suffisants pour faire passer un mulet bâté. Rien à voir avec les grands ouvrages qui seront réalisés à partir du XIXe siècle comme le creusement du tunnel du Fréjus et, actuellement, celui du tunnel ferroviaire de base du Lyon-Turin. Toutefois, pour l'époque et surtout en tenant compte de l'altitude (2880 m côté italien), le creusement du tunnel fut un travail remarquable, un effort qui s'explique par l'importance stratégique d'un ouvrage permettant de rejoindre plus rapidement la Provence depuis le marquisat de Saluces, tout en évitant de payer la gabelle exigée dans le duché de Savoie et dans le Dauphiné.
2014, plus de 500 ans après et à l'initiative de la Région Piémont, le Buco di Viso est de nouveau sous le feu des projecteurs dans le cadre d'un projet transfrontalier intéressant les territoires français et italiens situés des deux côtés du Mont Viso. Demain, à 11h30, ce tunnel historique reliant le Val Pô et le Queyras sera inauguré de manière officielle, montrant ainsi son nouveau visage. Les travaux financés par la Région Piémont et réalisés cet été ont en effet permis de sécuriser les deux accès de la galerie et rendu son parcours plus aisé, tout en améliorant la signalisation. Côté français, notamment, non seulement il a été nécessaire de libérer l'entrée du tunnel de l'éboulis de roches qui s'est accumulé au fils des années, mais il a également fallu construire un prolongement du tunnel en béton armé pour protéger la sortie.

Le projet a été réalisé en collaboration avec l'Ente di gestione aree protette Pô Cuneese, le Parc régional du Queyras, la Réserve nationale Ristolas Mont Viso, les Communes de Crissolo et de Ristolas, le CAI et les refuges du territoire.
Il re di pietra, un patrimoine naturel extraordinaire
L'intérêt de cette intervention est tout d'abord de nature historique, car ce Buco di Viso, voulu par Ludovic II, marquis de Saluces, afin de développer le commerce du sel, très important à l'époque pour la conservation des aliments, devint rapidement un maillon de la route du sel reliant le Piémont aux salins d'Aigues-Mortes en France. Emprunter le tunnel offrait deux avantages : il permettait d'éviter la montée jusqu'au col de la Traversette, tout en faisant gagner jusqu'à deux jours de chemin entre Saluces et la région de Grenoble. Au moment de l'annexion du marquisat au duché de Savoie, le tunnel perdit son importance stratégique et fut donc laissé progressivement à l'abandon. Mais les travaux du tunnel ont aujourd'hui également un autre objectif : celui de valoriser et de promouvoir les atouts d'une région préservée, qui abrite un patrimoine naturel extraordinaire. Comme d'ailleurs le savent bien les randonneurs de plus en plus nombreux, qui partent à la découverte de cette montagne majestueuse, surnommée il re di pietra, le roi de pierre, en empruntant la Via alpina ou en organisant le tour du Mont Viso.
Luisa Gerini (www.lepetitjournal.com/Turin) mardi 14 octobre 2014
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La Réserve de biosphère transfrontalière du Monviso ![]() |







