Édition internationale

ITINERAIRE URBAIN – Le tour du monde à Porta Palazzo

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

Envie de voyages insolites sans bouger de chez soi ? Grâce à l'agence de voyage Viaggi Solidali, partons à la découverte de Porta Palazzo, le quartier multiethnique de Turin. Un parcours riche en saveurs, couleurs et odeurs qui milite pour la découverte et la tolérance

On peut voyager très loin tout en restant chez soi. Voilà la philosophie des parcours ethniques proposés par l'association Viaggi Solidali. Spécialisé dans le tourisme responsable, ce voyagiste a décidé de former des guides d'origine étrangère : quoi de mieux en effet que ces Turinois d'adoption pour faire découvrir aux Turinois de souche, aux écoliers ou aux touristes de passage les aspects méconnus de quartiers soi-disant malfamés, victimes d'une mauvaise réputation qu'ils ne méritent pas ?

La première communauté étrangère à Turin est la communauté chinoise qui semble omniprésente puisque ses membres privilégient les activités commerciales. On peut d'ailleurs encore croiser le premier Chinois de Turin, arrivé en 1947, à l'intérieur de la galerie Umberto I (photo lepetitjournal.com)

Nous voilà donc réunis au Cortile del Maglio. Cet ancien arsenal, aujourd'hui lieu de paix et de partage, est le point de départ de notre itinéraire touristique hors du commun. C'est Adriana (pétillante colombienne), Mirela et Nadia (toutes deux d'origine roumaine) qui nous guident dans les petites ruelles animées autour de Porta Palazzo. Ce quartier populaire de Turin a toujours été une zone d'immigration. D'abord, ce sont les paysans piémontais puis du sud qui ont peuplé l'endroit ; ensuite, dès la fin de la seconde guerre mondiale, les étrangers commencèrent à s'y installer. A Porta Palazzo, on parle près de 40 langues et toutes les religions cohabitent dans une harmonie de saveurs et de couleurs. Regroupées autour du plus grand marché alimentaire d'Europe, les différentes communautés gardent leur identité mais se mélangent. Dans l'épicerie Rinaldi, au détour d'une placette, on retrouve cette mixité. La graine de couscous côtoie les grains de café, le savon de Marseille, les épices indiennes et la sauce au soja.

De Chine, nous passons en Roumanie. Mais les étals des bouchers roumains cachent une boucherie un peu particulière, tenue par une Cubaine qui arbore fièrement le drapeau de son pays (photo Valentine Patry)

Les quatre coins du monde réunis à Porta Palazzo

Les lycéens qui composent notre groupe de visite déambulent dans le quartier, très intéressés, et suivent avec attention leurs récits. Pleine d'enthousiasme, Adriana nous parle de la Colombie, son pays d'origine, et de la communauté d'Amérique latine de Turin (environ 10.000 Péruviens et quelque 300 Colombiens). Une petite présentation qu'elle effectue devant un restaurant chinois. Cette confrontation peut surprendre mais ici elle est quotidienne, en raison de la promiscuité bien sûr mais aussi car les deux communautés sont habituées à se fréquenter en Amérique du sud : c'est grâce aux nombreux magasins chinois que de nombreux immigrés en provenance d'Amérique du sud ont longtemps pu se procurer un certain nombre de produits auxquels ils étaient habitués dans leur pays. Nous poursuivons notre itinéraire à travers un marché aux poissons très napolitain avant d'aller devant les étals roumains du marché couvert. Cette balade est donc l'occasion d'une initiation aux saveurs mais aussi au savoir. Car quand Nadia nous parle des Roumains qui composent la communauté étrangère la plus nombreuse de Turin, elle nous explique l'Histoire et les raisons de cette vague d'immigration.

Pour finir, un petit tour par le Maghreb s'impose (photo Valentine Patry)

Mixité et tolérance

Venir à Porta Palazzo, c'est voyager au Maghreb, en Europe de l'Est, en Chine, en Afrique noire... Les continents se superposent et s'enrichissent pour se fondre en un tout harmonieux, multiculturel mais qui reste fortement italien. Dans le mercato dei contadini où vous trouverez les fruits et légumes de saison, les paysans piémontais côtoient les paysans chinois : car pour nourrir la communauté chinoise de Turin, quoi de plus simple que de cultiver certains produits agricoles aux portes de la ville ? Il s'agit donc d'une mutation profonde? Mais au-delà des différences, il y a des points communs que l'association Viaggi Solidali s'efforce de nous montrer à travers ce parcours. Cette visite nous introduit dans un monde méconnu pour faire tomber les préjugés. Un beau voyage qui nous fait voir notre environnement quotidien différemment. Pour que la tolérance et la curiosité remplacent les tabous et les peurs.
Valentine Patry et Christine Correale (www.lepetitjournal.com/Turin) lundi 30 mai 2011

Publié le 30 mai 2011, mis à jour le 14 novembre 2012
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