Longtemps grand pays d'émigration, la tendance s'est inversée puisque l'Italie est devenue à présent une importante terre d'accueil des immigrés. D'où viennent ces immigrés qui choisissent l'Italie comme terre d'accueil ?
L'émigration italienne
Des Amériques à l'Océanie en passant par l'Europe, un peu partout dans le monde, on retrouve des signes de l'émigration italienne. Selon le dernier rapport de la Fondazione Migrantes, "Rapporto sugli Italiani nel mondo", on décompte aujourd'hui environ 60 millions de personnes d'origine italienne à travers le globe.
De la fin du 19e jusqu'à la fin des années 50, l'Italie est un pays qui se dépeuple en raison notamment du faible potentiel de son économie. Durant cette période d'émigration, plus de la moitié des Italiens qui décident de s'exiler choisissent des destinations transocéaniques, telles que le Brésil, l'Argentine, l'Australie ou encore les Etats-Unis. C'est d'ailleurs dans ce derniers pays que l'intégration a été la plus difficile, puisqu'on estime que 20% à 30% des Italo-américains sont rentrés au pays dans les années 1930. Ces derniers étaient contraints d'accepter les postes les plus pénibles physiquement et vivaient dans des conditions que les Américains eux-mêmes n'auraient jamais tolérés.
Le retour aux pays
En fait, l'immigration en Italie est encore un phénomène tout récent puisqu'il commence seulement à partir des années 1960, au moment où débute ce que les économistes nomment "le miracle économique italien". Les expatriés de la Péninsule rentrent dans leur pays d'origine pour occuper les nombreux emplois qui s'offrent à eux, notamment dans l'industrie qui connaît une forte pénurie de main-d'?uvre. Cette première vague d'immigration est composée de travailleurs issus des anciennes colonies africaines italiennes. Des milliers de Libyens, d'Ethiopiens, d'Erythréens et de Somaliens débarquent ainsi sur les côtes de Sicile pour soutenir la production du pays. Avec une croissance économique annuelle de 6% durant cette période, de nombreux Sud-américains, de parents italiens, retournent au pays de leurs ancêtres dans l'espoir eux aussi de profiter de cette prospérité apparente.
L'immigration aujourd'hui en Italie
La seconde vague d'immigration débute dans les années 1990, directement en lien avec l'évolution de la situation géopolitique. Avec la disparition de la Yougoslavie, voisine de la péninsule, le nord de l'Italie devient une terre d'accueil pour les réfugiés politiques. Dans le même temps, "le rideau de fer", qui empêchait toute immigration des pays d'Europe de l'est vers leurs voisins occidentaux, n'est plus qu'une illusion avec le démantèlement de l'URSS. Des centaines de milliers de Roumains et d'Albanais s'installent ainsi massivement dans la Péninsule, si bien qu'aujourd'hui, ces derniers représentent les deux communautés les plus importantes en Italie (l'ISTAT a recensé, en 2010, 270.000 Roumains et 260.000 Albanais sur le sol italien).
Mais depuis 2010, l'entrée massive des Africains du nord sur l'ile de Lampedusa est en train de changer la tendance. Avec le vent de révolte qui souffle sur le monde arabe depuis le début de l'année, ils sont des milliers à fuir leurs pays, agités par des troubles post-révolutionnaires comme en Tunisie, en Egypte et en Libye. Nombre d'entre eux s'installent ainsi en Italie dans l'espoir de trouver un travail.
Laurent Maurel (www.lepetitjournal.com/milan) jeudi 17 novembre 2011
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