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GIANNI AGNELLI – Fiat : dix ans après, Turin se souvient

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 24 janvier 2013

24 janvier 2003 : la mort de Gianni Agnelli coïncide avec une période de grande difficulté pour l'entreprise Fiat. A partir de ce moment-là, plus rien ne sera pareil. Le décès de l'Avvocato,  souvent comparé au dernier des princes, marque la fin d'une époque. Retour sur une légende, dix ans après.

Il y a dix ans jour pour jour s'éteignait Gianni Agnelli. Il avait 81 ans. Ce jour-là, l'Italie apprenait la nouvelle avec émotion. Car qu'il s'agisse de ses admirateurs ou de ses détracteurs, l'homme n'a jamais laissé indifférent : il a suivi son destin, tracé dès l'âge de 14 ans quand, en 1935, Giovanni Agnelli le désigne comme son successeur. Bien que le fondateur de la dynastie meure en 1945, Gianni Agnelli (qui s'appelle en réalité Giovanni mais qu'on surnomme ainsi pour le différencier de son grand-père) ne prend personnellement les rênes de l'entreprise qu'en 1966, laissant la direction de la société à Vittorio Valletta. Il entend bien profiter de sa fortune et de sa jeunesse? Mais pendant ses trente ans de "règne" personnel de 1966 à 1996, il a su transformer l'entreprise dont il a fait le premier groupe industriel de la Péninsule. Il n'y a pas de juste milieu : on l'aime ou on le déteste dans un pays où il fait la pluie et le beau temps, pliant, semble-t-il, les gouvernements à sa volonté.

Janvier 1969 : pour le Time, Gianni Agnelli est un héros industriel à l'italienne

Naissance d'une légende
Ses multiples facettes passionnent, séduisent ou horripilent l'opinion publique. Séducteur et play-boy dont les liaisons amoureuses défrayent la chronique, ami des puissants de ce monde, chef de famille défendant farouchement une gestion familiale de son empire, l'homme fait tendance. Son style est inimitable, son allure sportive, son élégance naturelle. De lui, la postérité retient deux signes distinctifs arborés avec nonchalance : la montre-bracelet portée sur son poignet de chemise et la cravate nouée au-dessus d'un pull-over. Il existe cependant un Gianni Agnelli plus discret, travailleur acharné, frappé par les tragédies familiales, du décès de son père Edoardo dans un accident d'avion à Gênes en 1935 au suicide de son fils (un autre Edoardo) en 2000, en passant par la mort soudaine de son neveu et héritier désigné Giovannino, atteint en 1997 d'un cancer foudroyant.

Janvier 2003, l'Italie sans Agnelli...

Turin, Fiat et l'Italie
Turin est Fiat, Fiat est Turin : même si aujourd'hui, avec l'internationalisation du groupe et les efforts de la municipalité pour miser sur le tourisme et la culture, le lien entre les deux s'est un peu distendu, le groupe est indissociablement lié au nom de la ville qui figure dans son nom, puisque Fiat est un acronyme signifiant Fabbrica Italia Automobili Torino. De la création en 1902 de la première usine située corso Dante à la construction du Lingotto en 1922, de l'inauguration en 1939 du site de Mirafiori, l'un des plus grands ensembles industriels italiens, aux milliers d'ouvriers représentant un pourcentage important de la population lors des années du boom économique, Fiat est omniprésente dans la ville. Et, bien au-delà de la ville, dans l'Italie tout entière : pendant longtemps, on a assimilé le groupe automobile à l'Italie, selon un schéma industriel à l'ancienne qui était déjà entré en crise au moment du décès du "roi Gianni". Ce modèle a néanmoins été tellement fort qu'aujourd'hui encore, dix ans après, le groupe, la ville et le pays rendront hommage à l'Avvocato lors d'une messe solennelle célébrée par l'archevêque de Turin Cesare Nosiglia, en présence des autorités locales et du président de la République Giorgio Napolitano. Le 24 janvier 2003, le roi est mort? Nul ne l'a encore remplacé.
Christine Correale (www.lepetitjournal.com/Turin) jeudi 24 janvier 2013

Publié le 24 janvier 2013, mis à jour le 24 janvier 2013
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