

La rumeur qui avait commencé à se répandre parmi les ouvriers s'est malheureusement transformée en annonce officielle : Michelin, le géant français des pneumatiques, a décidé de réorganiser ses usines en Italie et en particulier de fermer le site de production de Turin, corso Romania
Il existe des villes qui ont lié leur destin à des groupes industriels. Turin en est le meilleur exemple avec Fiat, mais aussi avec Michelin. Présent à Turin depuis 1907 avec la fameuse usine Torino Dora, Michelin fut le premier à fabriquer des pneus de scooter après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, le groupe compte 5.000 employés regroupés sur quatre sites industriels : Alessandria, Cuneo, Fossano et Turin.
La réorganisation planifiée par Michelin a pour but d'améliorer la compétitivité des unités de production en modernisant les usines. Le groupe prévoit donc d'investir 200 millions d'euros d'ici 2013. Ce plan comporte plusieurs étapes :
- la fermeture du site de production de pneus tourisme à Turin fin 2009, 600 salariés sont concernés. Une part de la fabrication de produits intermédiaires (semi-finis) sera maintenue et le pôle logistique de Vercelli transféré sur ce site. La surcapacité de production de l'usine ainsi que la concurrence des sociétés des pays de l'Est aux coûts de production plus faibles, ont été les raisons principales de ce choix;
- le renforcement de la capacité de production de l'usine de Cuneo qui deviendra l'unité de production la plus importante pour les pneus tourisme haut de gamme;
- l'augmentation de la capacité de production de l'usine de pneus poids lourds à Alessandria de 10%;
- des investissements de productivité sur le site de Fossano.
Des salariés désabusés
Les trois principaux syndicats italiens se sont unis dans la protestation contre la nouvelle réorganisation des usines dans le Piémont (photo M.C.)
Les employés du site de Turin ont laissé exploser leur colère. Depuis des années, pour sauver leur usine, ils se sont prêtés à tous les sacrifices : flexibilité maximale, travail de nuit ou même le week-end. Cela n'aura pas suffit à faire face à une baisse des commandes, liée à la diminution d'achats de voiture.
Michelin s'est néanmoins engagé à "proposer un poste à chaque salarié concerné″et à "recréer sur le territoire le même nombre d'emplois que ceux qui seront supprimés". Déjà dans le passé lorsque le groupe avait fermé le site de Dora, chaque salarié avait retrouvé un poste. Mais l'ambiance reste tendue et les syndicats ont réclamé plus de garanties. Ils craignent, en effet, que les 7.000 m2 de l'usine turinoise, prochainement occupés à 50% de leur capacité, ne puissent continuer sur le long terme.
La défection de Michelin de la capitale piémontaise est un coup dur pour la ville, c'est un autre poids lourd de l'industrie turinoise qui quitte le navire.
Nathalie CHARLANNES. (www.lepetitjournal.com ? Turin) mercredi 10 décembre 2008






