Édition internationale

BORSALINO – Le fabricant de chapeaux légendaires proche de la faillite

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 mars 2015

C'est un paradoxe : les ventes se portent bien et pourtant la célèbre chapellerie piémontaise, victime d'une gestion hasardeuse, est à deux doigts de la faillite. Retour sur un chapeau légendaire qui, d'Humphrey Bogart à Michael Jackson et de François Mitterrand à Giorgio Napolitano a coiffé les personnalités et les célébrités de tous les temps.
    

(Capture d'écran du site de la marque)

Les ennuis de la chapellerie Borsalino portent un nom, celui de Marco Marenco : piémontais (il est originaire d'Asti), âgé de 60 ans, chef d'entreprise et financier actif dans le secteur du gaz et du pétrole, titulaire de plus de la moitié des actions de l'entreprise Borsalino par l'intermédiaire d'un système complexe de sociétés emboîtées, dont un holding allemand, introuvable depuis presque un an. L'homme, accusé d?avoir détourné les fonds de ses sociétés ? le déficit total, vertigineux, s'élèverait à environ trois milliards d'euros, a en effet disparu à la suite du crack financier de son empire l'été dernier et sa fuite a entraîné une saisie d'actions par le fisc qui fait état d'une fraude fiscale d'un montant de 16 millions d'euros. D'importantes sommes d'argent ont donc également été bloquées. Le conseil d'administration a donc été contraint d'ouvrir une procédure de restructuration des dettes et du règlement des créances, qui pourrait conduire l'entreprise à déclarer faillite.

Le chapeau des stars

Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, coiffés de leur Borsalino, à l'affiche du film du même nom

L'inquiétude règne donc à Alessandria, patrie du Borsalino. C'est là qu'en 1857, après une période de formation en chapellerie à Paris, Giuseppe Borsalino rachète un atelier et fonde son entreprise de fabrication de chapeaux qui s'affirme très vite dans le monde de la mode comme un synonyme de luxe et de qualité : les modèles pour hommes et pour femmes sont extrêmement variés et suivent la mode des différents pays où ils rencontrent un grand succès, à tel point qu'à la fin du XIXe s. la production des établissements Borsalino est de 750.000 chapeaux par an. Son produit phare reste le modèle éponyme de la société, le Borsalino (également appelé Fedora), qui fait son apparition dès 1857. Grâce au cinéma, ce chapeau de feutre mou en poils de lapin s'est imposé dans l'imaginaire collectif comme le couvre-chef du détective, du gangster ou de l'aventurier : d'Al Capone qui ne s'en séparait jamais à Indiana Jones, il est immortalisé dans un film de gangsters dont Alain Delon et Jean-Paul Belmondo sont les héros : Borsalino, de Jacques Deray (1970).

160 ans d'histoire

L'entreprise, qui a fêté ses 150 ans en 2007, serait-elle donc sur le point de fermer définitivement, mettant un point final à une aventure entrepreneuriale qui, si elle n'est plus familiale depuis 1992, n'en reste pas moins un symbole de la qualité piémontaise (la vallée du Cervo, aux environs de Biella, est un autre haut-lieu de l'histoire de la chapellerie piémontaise, avec notamment la marque Barbisio qui a également fêté ses 150 ans en 2012) et italienne dans le domaine de la mode ? Elle a pourtant su affronter bien des épreuves et traverser bien des tempêtes, notamment lors du déclin du chapeau comme accessoire de mode, ou à la fin du XXe s. alors que l'ancien actionnaire majoritaire Silvano Larini avait été balayé par le scandale de Tangentopoli, à l'époque de l'action judiciaire connue sous le nom d'opération Mains propres. Cette fois encore, elle saura peut-etre éviter les écueils et trouver sa route pour que ce symbole continue à orner les têtes des amoureux du luxe et du confort à l'italienne, mondialement célèbres ou anonymes.
Christine Correale (www. lepetitjournal.com/Turin) mardi 10 mars 2015

Publié le 9 mars 2015, mis à jour le 8 mars 2015
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