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BIC - De Turin à Paris, l’histoire du stylo à bille qui révolutionna l’écriture

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 25 février 2014

 

Corso Re Umberto 60, à Turin. Apposée sur la façade de l'immeuble au c?ur de l'élégant quartier de la Crocetta, une plaque commémorative rappelle, non sans fierté : "Ici naquit Marcel Bich". Car le baron qui a donné son nom au célèbre stylo-bille et qui révolutionna le monde de l'écriture n'est pas d'origine française mais italienne. Plus précisément turinoise. 

Si tout le monde s'accorde pour rendre à César ce qui est à César, en Italie la confusion règne quand il s'agit de nommer le stylo à bille. Bic ou biro ? C'est là la question, pour paraphraser Hamlet : les Italiens hésitent, les deux mots sont synonymes et ils rendent hommage à l'inventeur József László Bíró et au Baron Marcel Bich qui racheta son brevet. Et en France ? Un bic est un bic, pas de doute possible. Mais quelle surprise de découvrir que Marcel Bich est né à Turin le 29 juillet 1914. Issu d'une famille de la noblesse savoyarde de la Vallée d'Aoste, de père italien et de mère française, Marcel Bich quitta assez rapidement la ville pour partir faire ses études d'abord en Espagne, ensuite à Paris. A sa majorité, il opta pour la nationalité française et c'est à Clichy, en région parisienne, qu'il racheta une petite usine qui fabriquait des stylographes. C'était le premier pas d'une belle aventure qui non seulement était destinée à révolutionner l'écriture, mais également à accompagner les transformations profondes de la société de consommation.

Le stylo à bille à la conquête du marché 

Mais comment est né le célèbre bic ? Les anecdotes ne manquent pas. Celle qui raconte l'intuition de l'Hongrois József László Bíró alors qu'il regardait la trace laissée par une balle après avoir traversé une flaque, par exemple. Ou celle où Marcel Bich lui-même, poussant une brouette, réalisa tout d'un coup l'innovation que pouvait représenter l'application de la roue à l'écriture. Quoi qu'il en soit, Marcel Bich ne se limita pas à acheter le brevet des frères Bíró, il perfectionna le produit en cherchant  une formule d'encre idéale et en travaillant avec passion pour que la bille s'adapte de manière parfaite au tube réservoir.  Mais, surtout, il lança sur le marché un stylo-bille non-rechargeable à un prix très abordable, une vraie révolution dans la France de l'après-guerre. Une révolution qu'il souligna à l'aide de campagnes publicitaires particulièrement efficaces et qu'il baptisera en utilisant son nom de famille privé du h final.

Un petit garçon à tête de bille, l'emblème de la marque

Il faudra néanmoins attendre jusqu'en 1965 pour que le BIC Cristal entre officiellement dans les établissements scolaires français, un changement de taille qui fut précédé d'un débat très animé opposant les partisans de la modernité et de la simplicité aux amoureux d'une belle écriture à la plume. Qu'ils soient bleus, noirs, verts ou rouges, ces fameux stylos à bille font désormais partie de notre quotidien,  à l'école comme au bureau, à la maison comme à la Poste, et ce toutes latitudes confondues, puisque le BIC Cristal est vendu à plusieurs millions d'exemplaires par an aujourd'hui.

Ce n'est pas par hasard que la plaque commémorative dédiée à Marcel Bich à Turin rappelle l'un de ses principaux mérites : "il simplifia l'écriture au quotidien (semplificò la quotidianità della scrittura)". Plus encore, il la rendit accessible à toutes les bourses. Les claviers des smartphones et des tablettes vont-ils bientôt détrôner ce produit fétiche et encore si résolument moderne ? Pas sûr, le bic a certainement encore de beaux jours devant lui.

Luisa Gerini (www.lepetitjournal.com/Turin) mardi 25 février 2014

Publié le 24 février 2014, mis à jour le 25 février 2014
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