

A l'occasion de l'étape espagnole de l'exposition "Trésors engloutis d'Égypte", le père de cet événement exceptionnel, Franck Goddio, archéologue et commissaire de l'exposition, a répondu aux questions de notre édition de Madrid. Nous vous offrons ici quelques extraits choisis de cette interview
Franck Goddio lors de la conférence de presse au Matadero (LPJ)
Lepetitjournal.com : Comment est né votre intérêt pour les villes immergées de l'Égypte antique ?
Franck Goddio : il y a eu d'abord un intérêt littéraire pour les textes anciens, qui parlaient des villes qu'on n'avait jamais retrouvées et d'Alexandrie. Quand je travaillais en Égypte en 1984 sur les fouilles du navire de Bonaparte, on m'a parlé des ruines retrouvées dans la baie d'Aboukir et le fait de penser qu'il pouvait y avoir des cités englouties jamais retrouvées comme Canope et Héracléion m'a fasciné.
Pour quelles raisons ces villes ont-elles été englouties par les eaux ?
Il y a une conjonction de trois facteurs principaux. Le premier facteur, qui est un phénomène constant et long, est la montée des eaux de la Méditérranée. Au fil des 15 siècles qui se sont écoulés, le niveau de la mer a monté de 8 mètres par rapport à celui de l'Antiquité. Ensuite il y a la descente des terres quand la plaque Afrique passe sur la plaque Europe. Enfin il y a eu un autre phénomène qu'on appelle la liquéfaction des terres. Le poids des bâtiments constuits sur les terres argileuses du delta du Nil a fait qu'ils se sont effondrés sous la mer. Une chose est sûre : dès la deuxième partie du VIIIe siècle de notre ère, le grand port d'Alexandrie, Héracléion et Canope ont disparu completèment.
Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées pour récupérer les pièces ?
Je dirais que la principale difficulté a été de faire la prospection géophysique pour retrouver les sites. Ensuite, il a fallu voir si cela correspondait à quelque chose de réel. Quand vous plongez, vous ne voyez rien car tout est recouvert de sédiments. Il a donc fallu faire des centaines de fouilles archéologiques différentes pour définir les cartes des villes. Il y a eu aussi des difficultés physiques comme l'étendue gigantesque du site ainsi que la très faible visibilité.
D'après vous, quelles sont les pièces les plus intéressantes ?
Pour la ville de Canope, je dirais que c'est la reine Arsinoé II, représentée en Aphrodite sortant des eaux. Peut-être, avant cela, la grande tête de Sérapis, statue devant laquelle tous les pèlerins du monde antique venaient prier. Pour Héracléion, il y a la stèle de Nectanebo qui a son importance historique parce qu'elle nous dit que Héracléion et Thônis étaient la même ville. Mais j'aime surtout le dieu Hâpy, l'une des statues les plus colossales et les mieux conservées. Enfin pour Alexandrie, la pièce la plus intéressante est pour moi la tête de Césarion, fils de Jules César et de Cléopâtre. L'exposition rassemble 500 pièces, mais on en a trouvé presque 30.000 dans les deux cités perdues et le port d'Alexandrie.
Propos recueillis par Nadia MATTAR FERNÁNDEZ DE HEREDIA (www.lepetitjournal.com) vendredi 6 février 2009 (Article diffusé initialement dans l'édition Madrid du petitjournal.com, le 8 mai 2008)
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En savoir plus
Franck Goddio est un archéologue français. Il a fondé en 1985 l'Institut européen d'archéologie sous-marine.
Le site de Franck Goddio : http://www.franckgoddio.org/
Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Franck_Goddio






