EXPO RIFLESSI D’ORIENTE - Miroir, mon beau miroir…

Le miroir est un objet manufacturé des plus importants pour comprendre l'évolution de l'histoire et de la culture de la Chine. Omniprésent à travers les siècles, il a un contenu symbolique très important. C'est ce que vous propose de découvrir le MAO à travers l'exposition "Riflessi d'Oriente, 2.500 anni di specchi in Cina e Dintorni" qui se tient à Turin jusqu'au 24 février.

Le miroir, un objet empli de symboles
De par ses propriétés de réflexion, le miroir est un objet mystérieux, qui porte des symboles à la fois religieux et magiques et reflète le monde à une période donnée. C'est un objet de la vie quotidienne qui crée un lien de proximité physique avec son propriétaire, renforçant cette intimité entre le miroir et le monde qu'il reflète. Sans tache, sans ombre, il offre l'image d'une réalité vraie. Il est ainsi aussi le symbole du calme et de la pureté de l'âme du sage ; il pouvait être utilisé comme un appareil de radiographie pour débusquer les maladies ou encore comme une protection contre les forces occultes : le miroir, source de lumière -solaire ou lunaire- accompagnait les décédés dans leur tombe pour les aider dans leur voyage dans l'au-delà.

Un miroir à deux faces
Si on a bien en tête cette face qui reflète, il ne faut oublier pas la partie arrière, décorée de motifs, qui est tout aussi importante. Et en effet, dans cette exposition, vous ne verrez que des dos de miroirs que les Chinois ont élevé au rang d'art depuis des millénaires. La découverte se fait de manière chronologique, cinq époques, correspondant aux cinq agents qui se suivent selon des processus créatifs ou destructifs : les cendres constituent de la nourriture pour la TERRE dont l'intérieur produit du METAL qui fond pour former de l'EAU (analogie au mercure) qui nourrit plantes et forêts (BOIS) qui brûlent et produisent le FEU... et le cycle recommence.

Une promenade à travers l'histoire de la Chine du Ve s. av. J.-C. au dernier empereur
Les dynasties se succèdent : des Zhou aux Qing en passant par les Hans, le miroir est omniprésent. Il y a quelques constantes : de forme généralement ronde, d'abord majoritairement composé de bronze puis d'autres alliages, ils sont rarement peints (en tout cas la couleur n'est pas arrivée jusqu'au XXIe siècle) avec une boule au centre qui permettait de passer un ruban. Par contre, les ornements du dos varient selon les périodes mais aussi selon les zones géographiques. On a trouvé des miroirs à thématique plutôt animale dans le nord de la Chine où vivaient des peuples nomades, des motifs inspirés de tissus dans les parties sud de la Chine. Les descriptions et les interprétations faites par le MAO sont très précises et il est conseillé d'en lire quelques-unes sous peine de manquer beaucoup de choses. Miroirs d'inspiration cosmique, miroirs avec des animaux fantastiques comme le dragon ou le ph?nix, miroirs influencés par le bouddhisme ou miroirs nuptiaux, plus floraux, les sources d'inspiration ont évolué au cours des siècles tout en conservant un contenu symbolique très fort. Echappez-vous en Chine pendant une petite heure, relaxez-vous avant de sortir en vous asseyant devant le jardin zen et vous ne verrez plus les miroirs de la même manière.

Françoise Jovenet (www.lepetitjournal.com/Turin) jeudi 13 décembre 2012