Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

JOURNALISME - Le plaidoyer pour les faits de Gérald Fillion

Écrit par Lepetitjournal Toronto
Publié le 22 mars 2015, mis à jour le 23 mars 2015

Journaliste économique à Radio-Canada, Gérald Fillion est une figure de la presse francophone canadienne. Le 26 février 2015, il était l'invité d'honneur du Club canadien de Toronto. Dans son allocution, le présentateur de RDI Économie s'est employé à promouvoir les valeurs qui selon lui s'imposent à la mission d'informer.

Gérald Fillion est intransigeant sur son métier. Sans doute encore plus dans le contexte actuel, qu'il juge difficile. Les médias traditionnels sont confrontés à une certaine défiance du public, et sont concurrencés par de nouvelles sources, parfois obscures. Mais, loin d'être pessimiste quant à l'avenir des grands médias, il l'assure, la confiance se gagne et se maintient par l'exemplarité et le sérieux.

L'exemplarité du journaliste : objectif, nuancé et modeste

À écouter Gérald Fillion, si tous les journalistes s'appliquaient un certain nombre des principes qu'il préconise, c'est l'ensemble de la profession qui en bénéficierait. L'objectivité est certainement le premier d'entre eux. « Être objectif, c'est s'attarder sur les faits » clame-t-il. Peu de chance donc de voir le journaliste courir les plateaux de télévision pour livrer ses opinions sur la politique économique du gouvernement. Il en serait peut être même incapable avoue-t-il. Car, à force de rechercher l'objectivité absolue ? exercice exigeant en soi ? et d'être à l'écoute des différentes opinions, ses propres convictions se seraient elles-mêmes diluées avec le temps, ou en tout cas se sont modérées. À un confrère qui lui oppose que « l'objectivité, c'est l'arme des lâches », il concède que la subjectivité est certainement plus « jouissive », mais qu'elle n'est pas applicable à l'impartialité des faits. Toujours revenir aux faits, base du travail journalistique. Ils attestent de la véracité de l'information. Le journaliste fait néanmoins davantage que seulement les relater, il en ressort les enjeux, fournissant ainsi une grille de lecture au public. Un rôle pour lequel la modestie doit primer, notamment en matière économique où les concepts sont difficiles à manier, a fortiori à expliquer.

D'où l'importance de la nuance, autre principe, et droit que Gérald Fillion revendique. Il n'entend ne jamais céder à la tentation de la polarisation, « tout n'est pas blanc ou noir, il y a plusieurs nuances de gris, je dirais environ une cinquantaine ! » soutient-il. C'est pourquoi il estime que le journaliste est tenu de s'intéresser et d'offrir une tribune à tous les points de vue « regarder les trois côtés de la médaille », et de rechercher le meilleur équilibre possible dans son traitement de l'information. Il défend à propos son employeur, Radio-Canada, qu'il considère respectueux du pluralisme des opinions.

Faire barrage à la désinformation

Ces principes énoncés seraient ainsi les garants de la qualité de l'information. Car cette qualité ne se retrouverait pas partout. À l'heure des médias de masse et de la prolifération des sources, la désinformation gagne du terrain, en premier lieu sur internet, averti Gérald Fillion. Le danger serait qu'elle « prenne le pas », poursuit-il dans son propos. Le journaliste n'est malgré tout pas alarmiste. Il encense la presse traditionnelle comme rempart à ce piège. « La confiance dans les grandes institutions [médiatiques] peut se maintenir par leur crédibilité et leur solidité », estime-t-il. Celles-ci ont en effet bâti leur réputation sur le respect d'une certaine déontologie. La justesse des informations qu'elles offrent est vérifiée consciencieusement, notamment par des avocats dans la plupart des grandes enquêtes, souvent riches en révélations. Ce fût le cas lors de l'enquête menée par Radio-Canada sur la corruption et la collusion dans l'industrie de la construction québécoise, qui a conduit à la commission Charbonneau.

Un exemple parmi tant d'autres qui permet à Gérald Fillion de consacrer l'importance du travail journalistique pour la société. À condition que celui-ci soit exercé avec rigueur et intégrité. Des valeurs pour lesquelles il n'a pas fini de plaider.


Ronan Le Guern  (www.lepetitjournal.com/toronto) le 23 mars 2015

Crédit Photo  Radio Canada

 

 

logofbtoronto
Publié le 22 mars 2015, mis à jour le 23 mars 2015

Flash infos