Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

ENTREPRENEUR FRANÇAIS EN AUSTRALIE - Vaité Perrin fondatrice du label Ocean Light (2)

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 3 mai 2016, mis à jour le 28 juillet 2016

Coogee, un mercredi à 10h. Les surfeurs sont déjà sur la plage depuis un bon moment et continuent d'affronter les vagues. C'est au bord de cette plage mythique de Sydney que Vaité, fondatrice de la marque Ocean Light nous a donnés rendez-vous pour déguster un smoothie. L'endroit n'a pas été choisi au hasard puisque sa marque est spécialisée dans les vêtements de plage. Portrait d'une entrepreneuse qui surfe sur la bonne vague.

Une marque pionnière 
Il y a quatre ans, Vaité débarquait en Australie avec son mari et ses trois enfants après avoir tout plaqué, pour « changer de vie avec mon mari et faire connaitre à nos enfants autre chose ». Au départ, Vaité a une formation « école de commerce, marketing » mais elle a décidé à 30 ans de se reconvertir dans le domaine de la bijouterie. « Je travaillais à l'association française des bijoutiers et fabricants joailliers de la place Vendôme. J'organisais des formations pour les fabricants bijouterie en haute joaillerie mais également pour faire connaitre la joaillerie et la bijouterie.». N'ayant aucune équivalence en Australie, Vaité est arrivée sans travail et sans en chercher un. Elle avait plutôt envie de lancer sa propre entreprise « J'avais toujours eu en tête de me lancer un jour, de créer ma propre entreprise. L'Australie a pour moi été l'endroit idéal car il est très facile de créer son entreprise ici, au niveau administratif. Le marché est encore limité. J'arrivais en quelque sorte dans un pays pionnier et c'était l'occasion pour moi de créer quelque chose »

Sortie de bain 
De par sa formation en tant que bijoutière joaillière, Vaité a commencé à créer des bijoux faits à partir de Keshi des perles de Tahiti, région d'où elle est originaire, qui ne sont pas rondes mais plus difformes. « Avec ma connaissance en fabrication de bijoux, j'ai lancé une petite collection de bijoux en argent avec des perles de Tahiti. Le concept avait plutôt bien marché par le bouche-à-oreille, j'ai fait des marchés. J'ai toujours des petites commandes pour les bijoux mais je me suis dit « ce n'est pas ça que je veux faire ». Vaité a donc cherché un autre produit qu'elle pourrait lancer en Australie. Elle qui est une « nageuse régulière » et qui « adore la mer », animait un groupe de nage en mer. A sa sortie de bain, elle se mettait souvent « une robe en éponge qui datait ». « Plusieurs fois des Australiennes sont venues à moi pour me demander où je l'avais acheté ». C'est là que son idée est venue : créer une robe en éponge pour les femmes qui sortent d'une baignade. « L'Australie est l'endroit idéal pour ce produit. Nous sommes près de la mer, les gens sont sans cesse entre le Coogee Pavillon, le café, vont faire leur course? Je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire. » 

Bleu-Blanc-Rouge 
A partir de cette idée, elle a dessiné plusieurs modèles de robes, choisis des tissus éponges et fait fabriquer le tout dans des ateliers en France « haut de gamme », de très bonne qualité qui travaillent notamment avec Hermès et qui de surcroît surfait sur la vague actuelle du Made in France. « J'ai vendu ces robes quand je suis revenue de France. Elles se sont très bien vendues ici en Australie. Comme je suis Française j'ai surtout touché la communauté française. Je me suis dit qu'il fallait que j'aille plus loin, notamment en terme de prix. ». En effet, qui dit produit fabriqué en France, dit produit ayant un cout assez important pour le porte-monnaie, notamment à cause du taux de change. « Je venais avec un produit bien trop cher pour pouvoir le vendre aux boutiques » et ainsi toucher bien plus de personnes. J'ai cherché un endroit où produire moins cher et cela a été un long travail. J'ai envoyé des échantillons dans de nombreux pays: le Vietnam, la Thailande, le Bangladesh. J'ai finalement trouvé mon tissu à Hong-Kong et je produis mes vêtements en Chine. De là est partie ma deuxième production asiatique qui me permet d'avoir un produit vraiment accessible ».

Un nom phare 
Une fois la marque lancée, il ne restait plus à Vaité qu'à trouver un nom qui reprend ses deux produits: les robes de plage et les bijoux, même si ces derniers ne sont plus son activité principale et qu'elle souhaite se consacrer à ses robes. « Je voulais une marque liée à la mer. Derrière cette marque il y a deux produits : les bijoux avec les perles de Tahiti qui naissent dans la mer et les robes de plage. Il fallait absolument que le nom de la marque contienne le mot Ocean. Je trouvais que Light allait bien avec la lumière du bijou. » Pour l'instant la marque n'est disponible qu'en Australie mais rassurez-vous si vous habitez en France et aux Etats-Unis vous pourrez bientôt avoir accès aux robes de plage signées Ocean Light. « Ce sont des zones à fort potentiel pour la marque, notamment le sud de la France ainsi que la Floride et la Californie ». Si pour l'instant la marque n'est disponible qu'en ligne, Vaité a commencé à « démarcher des boutique » notamment des boutiques de plage telles que Wylies Bath ou Berry. Vaité va également prendre contact avec des hôtels en Polynésie française pour qu'ils proposent sa marque à leurs clients. 

De Biarritz à Coogee 
« Le but était au départ de faire une marque française pour les Australiens ». C'est à partir de cela que Vaité a pensé Ocean Light mais elle n'avait pas forcément pensé que les Australiens ont une autre vision de la plage que les Français. « Je vois la page comme quelque chose de gai. En France, les gens portent du noir en hiver et de la couleur en été parce qu'ils sont plus heureux. Pour moi, un produit de plage doit être coloré. Au départ j'ai travaillé sur des produits avec du rose assez voyant, du vert pétant. J'avais fait de jolies associations de couleurs. Je suis ensuite allée sur la plage avec mes tissus pour savoir lesquels plairaient le plus aux Australiens. Il s'est avéré que les Australiens sont bien plus classiques que les Français à la plage. Par exemple, je viens de lancer une robe, la Biarritz en noir et blanc et je n'aurais jamais cru que je pourrais avoir une robe de plage noire et pourtant elle s'est très bien vendue. Les Français aiment la couleur alors que les Australiens sont bien plus classiques». Comme prochain produit, la créatrice aimerait lancer une robe à la coupe plus poncho, plus ample pour les femmes ayant plus de formes. Deux collections sortent chaque année, une mi-saison et une d'été. Tous les vêtements sont dessinés par Vaité qui travaille à l'heure actuelle seule sur sa marque.  

A l'heure actuelle, le produit qu'a lancé Vaité est unique et personne d'autre n'est présent sur le secteur. « Mon concurrent auquel on me compare souvent mais qui reste différent, c'est la robe capuche même si les matières de mes robes sont plus fines, plus légères et que mon produit est plus élégant. » Qui dit marque qui n'existe pas encore, dit copie, reprise de l'idée et pourquoi pas contrefaçon. « Si les magasins commencent à me faire de la visibilité, il faut que je garde un temps d'avance sur la concurrence pour me préparer à leur arrivée. Il y a notamment les marques des surfs qui pourraient se mettre sur ce marché ».  

Chic et sportif 
«  Ma source d'inspiration ce sont les surfeuses que je vois sur la plage. L'idée initiale est de se dire que la femme n'a pas beaucoup de temps mais c'est une amoureuse de la mer. La robe lui facilite la vie, lui fait gagner du temps. Elle peut profiter de la vie, de ses baignades sans avoir les contraintes qui vont avec. Ma motivation est de faciliter la vie de cette femme libre. ». Vaité définit le style de sa marque comme chic, sportif, simple et pur et il est vrai que les robes que nous avons pu découvrir reprennent ces quatre éléments-clés. Après les bijoux et les vêtements pour femmes, la prochaine étape, le prochain produit qu'aimerait lancer Vaité serait un équivalent masculin à sa robe de plage. « J'aimerais bien toucher le marché de l'homme, pour les hommes qui veulent être plus élégant que ceux qui portent ces grosses capuches. Je réfléchis à des modèles pour hommes, des polos avec des jolies capuches, quelque chose de plus proche du corps, qu'ils enfilent après leur sortie de surf. Je reste sur mon produit et je pense qu'il y a encore plein de choses à faire avec. Qui sait la gamme peut peut-être s'agrandir à d'autres produits. » 

Culture surf  
A l?heure d'internet et des réseaux sociaux, il est important pour une marque de se faire remarquer. « Je réfléchis en ce moment à qui je pourrai offrir une robe. Je suis en train de sélectionner des bloggers et des amoureux de la mer qu'il faut que j'arrive à toucher. C'est la chance que j'ai avec mes robes qui sont très spécifiques. Grâce à internet je peux toucher ces gens-là, cette niche. Internet est le média le plus adapté pour ma marque. » D'autant plus qu'aujourd'hui, le fait qu'une célébrité porte une marque importe plus qu'une tribune dans un magasine. C'est pour celle qu'elle « aimerait beaucoup que les championnes de surf ou de natation portent [ses] créations ».  D'ici cinq ans, Vaité aimerait que sa marque « soit présente dans d'autres pays, aux Etats-Unis et en France notamment » A plus long terme, elle aimerait également « ouvrir [sa] propre boutique » qui distribuerait sa marque. 

A la rédaction, nous avons adoré l'idée et les robes de Vaité. Pour la retrouver, rendez-vous sur ocean-light.com.au et sur Instagram @oceanlight 

Propos recueillis par Simon Arrestat, lepetitjournal.com/sydney, mercredi 4 mai 2016

 

Le Petit Journal Sydney
Publié le 3 mai 2016, mis à jour le 28 juillet 2016

Flash infos