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DOSSIER RELIGION - (1) - Sectes en France, religion en Australie

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 24 janvier 2017, mis à jour le 24 janvier 2017

Autrefois, la religion définissait un Etat mais désormais la multitude de confessions dans les pays modernes demande à l'Etat de définir clairement le terme de religion. Ainsi, la Haute-Cour d'Australie a défini la religion en 1983 dans une décision concernant l'Eglise de Scientologie. "Pour les besoins de la loi, les critères de la religion sont les deux suivants : tout d'abord la croyance en un Être Surnaturel, une Chose ou un Principe ; et deuxièmement, l'acceptation de règles de conduite dans le but de donner effet à cette croyance, bien que si ces règles de conduite sont contre les lois ordinaires, elles sont en dehors de l'espace d'immunité, de privilège ou de droit conférés dans le cadre de la religion". 

Lepetitjournal.com a décidé de s'intéresser à la place accordée à la Religion en Australie.



 Depuis quelques années, des formes "alternatives" de religion sont apparues. Elles  ont été définies par la Haute Cour d'Australie en 1983 comme "un mélange de  croyances et de pratiques, avec la présence d'une forme d'être surnaturel donnant  un sens à la vie". Certaines de ces nouvelles religions se sont vues accorder le  statut de religion par l'Etat australien, mais sont considérées comme des sectes  ailleurs.



 Les nouvelles formes alternatives de religions sont apparues en réponse à la  diminution de la religiosité parmi les "grandes religions". L'Eglise des Saints des  Derniers Jours, Les Témoins de Jéhovah ou encore l'Eglise de Scientologie sont  des religions récentes, qui remettent en cause les enseignement des anciennes  religions. De nos jours, les individus espèrent de leur religion qu'elle soit "fun et  glamour" et que celle-ci ne leur impose pas de règles. La Scientologie par exemple garantit à ses membres de trouver le bonheur et ne les sermonne pas à propos de l'argent ou du fait de bien vivre. Chaque membre passe un test de personnalité avant d'entrer dans la communauté : ce test montre le niveau de bonheur de la personne (ce niveau est souvent faible) et l'Eglise propose une possibilité pour les membres de devenir heureux. Cependant, si il n'y a pas de contraintes apparentes, elles sont implicites et peuvent même être plus importantes que les anciennes religions.

Ces nouvelles religions sont apparues dans le débat public depuis une quarantaine d'années, bien qu'elles aient été présentes depuis plus longtemps. Dans de nombreux pays, elles ne sont pas reconnues comme des religions mais plutôt comme des sectes. En France, par exemple, l'Eglise de Scientologie est considérée comme une secte et a par ailleurs été condamnée en 2013 pour escroquerie en bande organisée.

Récemment, l'Eglise du Monstre Spaghetti Volant (le Pastafarisme), créée d'abord comme une satire des religions, a obtenu le droit de porter le signe représentatif de la religion lors de photos d'identité en Australie. Un habitant du Victoria a ainsi pu garder sa passoire sur la tête pour la photo de son permis. Ce succès est le premier pas vers une reconnaissance de cette religion. En effet, le Pastafarisme a déjà été reconnu dans plusieurs Etats, dont les Pays-Bas, en janvier 2016. Mais comment un groupe de croyance obtient-il le statut de religion en Australie ?

L'arrêt de la Haute-Cour qui fait jurisprudence est la décision de 1983, Church of the New Faith vs the Commissioner of Payroll Tax. Durant cette affaire, l'Eglise de la Nouvelle Foi (ancienne dénomination de la Scientologie) demandait une exemption d'impôts, comme toutes les autres religions. La Haute-Cour a suivi le mouvement de plusieurs états, qui reconnaissaient les mariages célébrés par l'Eglise de Scientologie, et a donné un jugement en faveur de l'Eglise, en lui permettant de ne plus payer d'impôts. Elle a déclaré : "les croyances, les pratiques et les observances de l'Eglise sont une religion dans le Victoria", lançant le processus de reconnaissance au niveau de l'Etat fédéral.



Finalement, il n'y a pas de procédure standard pour que l'Australie reconnaisse un groupe de croyances comme une religion. Tout dépend de l'avancée des états dans ce sens. En France, en comparaison, il n'y a jamais eu de définition officielle de la religion, ni par les juges, ni par les législateurs, ni par la doctrine. Ainsi, les tribunaux décident au cas par cas pour attribuer le statut de caractère cultuel à une association ou un groupement tandis qu'en Australie, une définition de la religion a été donnée, facilitant l'accord du statut de religion à un groupe de croyances.

La situation en Australie est donc atypique puisque tout en étant séparée des religions,  l'Etat n'hésite pas à régir le débat. La religion n'est donc pas limitée à la sphère privée (comme en France) mais n'a aucun rôle politique officiel.

Image : Free Great Picture

Lucie LESPINASSE (lepetitjournal.com/sydney) Mardi 24 Janvier 2017

Le Petit Journal Sydney
Publié le 24 janvier 2017, mis à jour le 24 janvier 2017

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