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CHRONIQUE ACIDE - Chromosomus Britanicus

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 4 août 2016, mis à jour le 1 août 2016

 

Après Adrien et ses chroniques qui faisaient grincer des dents il y a quelques mois, lepetitjournal.com vous propose de nouvelles chroniques....acides celles-ci et brillamment écrites par Rémi, jeune Français vivant en Australie. Attention humour décapant et second degré sont nécessaires à la lecture. Aujourd'hui "Sorry but not sorry, le Chromosomus Britanicus"

Quand je dis acide, je ne parle pas de drogue. Certainement pas. Au pays des bisounours, on ne parle pas de choses qui fâchent et surtout on ne se fâche pas. J'ai très vite compris qu'en Australie il y avait des règles et que la première règle c'était de ne pas enfreindre les règles. Ça m'énerve. Je le confesse, j'ai péché deux trois fois, histoire de tester le système. Après tout, je suis français. Chez nous les règles sont faites pour qu'on y trouve des exceptions. Je partagerais bien mes résultats avec vous mais aucune faille dans le système n'a été détecté a ce jour, en revanche, j'ai cherché et j'ai appris qu'en Australie la recherche ça coûte cher, très cher.  Mon investissement m'a tout de même permis de faire une découverte capitale que j'ai baptisée le « chromosomus britannicus ». Ame sensible s'abstenir, c'est une véritable saloperie. Il engendre des problèmes de communication, une forme aigue de rigidité et surtout une impossibilité a critiquer. Imaginez ! J'ai malheureusement constaté une certaine aggravation des symptômes après 18 heures ou /1g d'alcool par litre de sang. 

Fort de ma découverte, je me suis dit, mon bonhomme, tu n'as pas fait 20 000km pour rester avec des français et j'ai décidé de comprendre, parce que comprendre c'est me donner une chance de m'intégrer. Mon problème, c'est que je vois des problèmes partout mais eux non. C'est troublant. Peut être que j'ai été entrainé pour détecter les problèmes et eux non. J'ai remarqué qu'un australien ça ne s'énerve jamais. Quand il commence à s'énerver, l'australien a le visage qui se fige, puis il rétorque "no worries mate" avant de décrocher un sourire et de tourner le dos pour murmurer des noms d'oiseaux. Quel sang froid, c'est énervant ! Contester, parler fort et être désagréable, bref tout ce qui rend le français si attachant n'existeraient donc pas chez nos amis australiens ? Serions-nous si différents? Pas si sur. Figurez vous que l'australien peut aussi être un gros con. Par exemple au volant, tout est permis au volant. La première fois, je n'ai pas compris, j'ai même cru que c'était un cas isolé. La femme avait deux sièges bébés dans son gros 4x4 noir,  m'a doublé comme une furie en klaxonnant, les têtes blondes m'ont fixé, impassibles, puis elle s'est retournée en hurlant le mot interdit qui commence par un C et se termine part un T, le bras brandi à la fenêtre, elle m'a fait un doigt, le tout enrobé par trois F**king hell prononcés en voix de tête. Je suis reste bouche-bée - J'étais heureux, il y avait donc de l'espoir. 

Après quelques années en Australie, je suis assez fier d'annoncer, qu'en voiture, je maitrise parfaitement la gestuelle et le vocabulaire. C'est une intégration réussie. En revanche, je fais toujours un blocage sur le décrochage du sourire. J'ai un mal fou à sourire quand je suis énervé. Margaret, ma psy m'a dit que je devais oublier mes vieux réflexes de français et arrêter de me plaindre en public. Elle y va fort Margaret en me demandant de renier mon patrimoine génétique, mais elle peut m'aider, dit-elle, une fois par semaine. Dans les yeux de Margaret mes problèmes d'intégration sont une mine d'or.

Hier encore je me suis laisse surprendre à fauter. Dans un moment de faiblesse, j'ai accepté une invitation à bruncher avec une groupe d'australiens. Bruncher qu'avec des australiens c'est un peu comme voyager long courrier sur Air France. Bref, ils avaient choisi un café "hipster".  C'est un de ces cafés où le mot "organic "est utilisé pour justifier de mélanger trois bouts de salade dans votre assiette. Après 40 minutes assis sur ma cagette en plastique, à parler marvellous-fantastic, fantastic-marvellous, mon assiette arrive. Réaction/stupéfaction sortie droit du coeur..."les cons ils ont décomposé mon brunch". A $22 il fallait justifier les trous, alors, le saumon fumé occupait la partie haute gauche de l'assiette, la tranche de pain la partie droite basse, les deux tomates le centre et les 3 feuilles de salade avec la rondelle d'avocat comblaient le reste de l'espace vide. Pas de sauce, pas de citron, pas de crème fraîche. J'assemble mon brunch et regarde mon assiette vide et sèche.  La serveuse arrive "all good guys?", bien évidemment personne n'était satisfait mais tout le monde rétorque "gorgeous - fantastic" . Mon visage s'est crispé et la j'ai craqué. J'ai fait comme au volant, j'ai tourné la tête pour capter son regard, puis j'ai regardé mon assiette, re-capté son regard et j'ai râlé, râaaalé avec le sourire !

Une fois ma frustration évacuée,  j'ai demandé du citron, de la crème fraîche et de la sauce pour ma salade. Elle m'a répondu "no worries mate" et m'a fait un grand sourire. A la table, vu que personne n'était vraiment satisfait par son brunch, ma tranche de citron a fait des envieux. C'est quand même cool d'avoir un « Chromosomus cassecouillicus »

RF (Lepetitjournal.com/sydney)

Pour contacter directement Rémi : remifauvel75@gmail.com

Le Petit Journal Sydney
Publié le 4 août 2016, mis à jour le 1 août 2016

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