Depuis mars, de nombreux États réfléchissent au déploiement d’applications sur téléphone mobile pour lutter contre la propagation du coronavirus, et l’Australie n’échappe pas à la règle. Fonctionnement, objectifs, critiques et peurs suscitées par une application de suivi, le Petit Journal Sydney revient sur l’annonce controversée du Premier ministre Scott Morrison.
Le Gouvernement australien a annoncé développer une application smartphone de suivi des interactions entre les utilisateurs pour retracer les cas de coronavirus. Similaire à l’application singapourienne TraceTogether, l’outil utiliserait le Bluetooth des téléphones mobiles et détecterait si une personne a passé plus de 15 minutes à proximité d’une autre personne qui serait infectée – et ce, même si ces deux personnes ne se connaissent pas. Les autorités sanitaires utiliseraient alors les données recueillies pour contacter la personne potentiellement contaminée.
Look behind the scenes of how #TraceTogether was built, and the challenges faced from ideation to implementation. #TechforGoodhttps://t.co/pIlL6fLk0k pic.twitter.com/FamCcTXu7a
— GovTech (Singapore) (@GovTechSG) March 31, 2020
Selon le Premier ministre australien, Scott Morrison, la récolte de ces informations grâce à l’application serait nécessaire pour « sauver des vies ». Le chef du Gouvernement tente de rassurer la population en affirmant que l’application, basée sur le consentement, ne serait pas obligatoire, mais qu’elle aurait néanmoins un rôle important pour l’assouplissement progressif des restrictions liées au confinement.
The App we are working on to help our health workers trace people who have been in contact with coronavirus will not be mandatory.
— Scott Morrison (@ScottMorrisonMP) April 18, 2020
Pour être efficace, ce type de technologie nécessiterait l’adhésion d’au moins 40 % de la population. Contre les détracteurs potentiels, les développeurs affirment œuvrer pour assurer la confidentialité des données par le biais de cryptage, d’effacement des données au bout de 21 jours ou encore d’un système d’anonymisation par génération d’identifiants temporaires.
Le déploiement de l’application pose malgré tout de nombreuses questions en termes d’accessibilité ou de respect de la vie privée. Quid des personnes qui ne possèdent pas de smartphone ? Comment s’assurer que les données ne soient bel et bien qu’utilisées par les autorités sanitaires, et non par le Gouvernement pour réaliser une surveillance de masse ? D’autant plus que les géants Google et Apple ont annoncé également travailler sur la question.
L’idée d’un traçage numérique des malades se répand à travers le monde. Le Président français Emmanuel Macron a d’ailleurs lui aussi confirmé le développement d’une application de suivi appelée « StopCovid » qui fera l'objet d'un débat le 28 avril à l’Assemblée nationale et le 29 au Sénat.
[Innovations numériques dans la lutte contre l’épidémie de #covid19] Mardi 28 avril après les #QAG, déclaration du Gouvernement suivie d’un débat et d’un vote, en application de l'article 50-1 de la Constitution. #DirectANhttps://t.co/OakH7xIQHL pic.twitter.com/y9sqLwZzVN
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) April 21, 2020