Depuis quelques semaines, les « backpackers » étrangers travaillant dans les fermes australiennes se retrouvent dans une situation assez confuse : priés de rentrer chez eux, les conditions de prolongation des visas de travail ont pour autant été assouplies. Retourner chez eux ou demeurer sur place ? Le choix s’avère assez compliqué en pratique.
L’Australie compte grandement sur la main d’œuvre étrangère pour le travail agricole : semences, récoltes, conditionnement, producteurs et distributeurs de fruits et de légumes recourent aux personnes étrangères détentrices de visas temporaires. Le ministre australien de l’Immigration par intérim, Alan Tudge, a d’ailleurs affirmé début avril que les « titulaires de visas temporaires sont extrêmement précieux pour l'économie et le mode de vie australiens ». Des assouplissements exceptionnels face à la pandémie du COVID-19 ont été décidés pour notamment permettre l’extension des visas et la possibilité de rester avec un même employeur plus de six mois (chose impossible jusqu’alors).
Main d’œuvre étrangère importante mais néanmoins non essentielle : les personnes n’ayant pas la sécurité financière pour rester dans le pays ont été invitées par le Premier ministre Scott Morrison à quitter l’Australie. De la même façon, le ministre Alain Tudge a bien expliqué que, face à la crise sanitaire et économique entrainant la perte d’emploi des Australiens, « les Australiens et résidents permanents doivent être la priorité du Gouvernement ».
Un cas de coronavirus dans une zone rurale lié à des touristes a contribué à la stigmatisation des étrangers par les communautés locales, qui ont alors demandé aux backpackers de « rentrer chez eux ». D’autres règles sanitaires ont également fortement affecté les travailleurs saisonniers étrangers en leur imposant par exemple une quarantaine de 14 jours avant de pouvoir travailler dans une nouvelle région. Si le but annoncé est de préserver les zones rurales relativement épargnées dans la crise, ces mesures et craintes additionnées débouchent sur la perte d’emploi de nombreux backpackers étrangers et l’impossibilité de trouver des logements décents. Exhortés à partir, ce choix reste pour autant hors de portée pour nombreux travailleurs saisonniers au vu des prix excessifs des billets d’avion, voire de l’absence de vols.