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CRISE DU LAIT - Murray Goldburn baisse encore ses prix

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 29 juin 2016, mis à jour le 6 janvier 2018

Hier, Murray Goldburn a annoncé une diminution des prix du lait pour la saison de 2017-2018. Encore un coup dur pour les producteurs de lait australiens qui peuvent néanmoins compter sur la mobilisation des consommateurs. 

Murray Goldburn, leader de l'industrie laitière australienne, vient d'annoncer une diminution du prix du kilo de lait à $4,31 pour la saison prochaine. Or, les laitiers rappellent que les couts de production d'1kg de lait sont compris entre $5 et $5,50. Après la diminution des prix en début d'année et malgré la mise en place d'aides gouvernementales, encore une fois, les laitiers se retrouvent dans l'impasse. 

D'autant plus que le plus grand producteur australien avait promis à ses fournisseurs de les payer $6 par kg d'ici la fin de la saison 2015-2016. Mais à la place, la géant industriel, suivi par son homologue néo-zélandais Fonterra, a décidé d'exécuter ses prédictions du mois d'Avril lorsqu'il avait annoncé une future diminution du prix du kg à $4,75. 

De son coté, le distributeur néo-zélandais a annoncé une baisse de $5,6 à $5 pour la saison prochaine.  

Les deux géants de la distribution justifient ces diminutions par la conjoncture actuelle. « Entre l'embargo russe, la dérégulation du marché du lait européen et la diminution de la demande chinoise, nous ne pouvons pas nous permettre de maintenir des prix aussi élevés » a déclaré le porte parole de Murray Goldburn. 

Pourtant, l'entreprise prévoit $42 millions de profits pour l'année 216-2017, ce qui n'est pas pour apaiser la colère des fermiers qui protestent ces baisses abusives depuis près d'un an. 

Et leurs manifestations ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd. 

Face à cette crise du lait qui s'est abattue sur les producteurs, de nombreux fermiers ont appelés à la mobilisation des consommateurs. Les laitiers les ont donc incités à acheter des marques de lait de ferme plutôt que de se tourner vers des labels laitiers industriels et aux prix dérisoires. Et ce fut chose faite !

La Berry Rural Cooperative du NSW créée en 2005 et rassemblant 7 productions, a enregistré une augmentation de 54% de ses ventes suite au relais médiatique et sur les réseaux sociaux de cet appel à l'aide. De ce fait, la coopérative a pu augmenter son personnel permanent de 11 à 14 personnes et s'est implanté dans la quasi totalité des marchés de proximité et dans certains supermarchés. 

Dans le Queensland, une autre coopérative a vu ses ventes augmenter de 66% dans les trois semaines qui ont suivi l'appel au boycott du lait moins cher. 

D'autres producteurs de lait, un peu plus connus comme Cooloola Milk et Burton's Fraser Coast Milk ont enregistré une augmentation de 2%.

Avec plus de 23 000 vues sur Facebook en moins de 2h et sans compter le relai médiatique dans la presse et sur les journaux télévisés, cet appel au boycott du lait industriel moins cher pourrait bien permettre à certaines marques fermières de souffler un peu.

Néanmoins, cette mobilisation des consommateurs pourrait s'avérer insuffisante pour parer les conséquences de ces baisses de prix.

Malgré la promotion du lait local et de marque fermière, de nombreux petits producteurs se trouvent dépourvus de toutes ressources. 

A Gippsland, dans le Western Australia, Mellissa Ferguson nous explique : « Bien que le Gouvernement ait mis en place des prêts et des fonds d'aide pour les fermiers touchés par la crise du lait, la plupart des petits producteurs les plus affectés ne peuvent y avoir accès. Ces derniers sont depuis le début de l'année privés de toutes ressources et dans l'impossibilité de contracter un prêt ». C'est pourquoi, Melissa Ferguson a mis en place « The relief drive » pour venir en aide à ces fermiers. A l'image de la Foodbank ou des Restos du Coeur, cette initiative se charge de distribuer des vivres à ceux qui ne peuvent plus se les offrir à cause de la crise du lait. L'association se charge de contacter les fermiers dans le besoin, souvent trop fiers pour demander de l'aide, et leur épargne même les trajets en leur livrant des paniers à domicile. « Cela les aide vraiment et leur évite un quelconque embarras » affirme Melissa Ferguson. 

Cette dernière insiste sur la nécessité que les petites fermes locales survivent. 

Et grâce à la mobilisation des agriculteurs et des habitants locaux, The Relief Drive fait en sorte que ces fermiers reprennent du poil de la bête. 

Mais sans un coup de pouce de la part des géants industriels, tous ces efforts pourraient ne pas suffire et cette annonce d'une énième diminution pourrait bien être le coup de grâce. 

En conséquence, de nouveaux plans d'aide gouvernementaux devraient être mis en place après les élections. En attendant, les fermiers comptent sur la mobilisation des consommateurs et des communautés, à défaut de pouvoir compter sur Murray Goldburn. 

 

MC Potet, lepetitjournal.com/Sydney, Mercredi 29 Juin 2016 

Le Petit Journal Sydney
Publié le 29 juin 2016, mis à jour le 6 janvier 2018

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