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Pint of Science arrive en Suède

pint of science 2019pint of science 2019
Festival Pint of Science 2019 - Photo : Pint of Science tous droits réservés
Écrit par Fabienne Roy
Publié le 14 mai 2019, mis à jour le 14 mai 2019

À vos agendas ! Le festival Pint of Science arrive en Suède. De la science à portée de tous dans un cadre convivial : un concept qui séduit. Le Petit Journal est parti à la rencontre de Stéphanie Da Silva-Heil et Carine Signoret, deux Françaises membres de l'organisation suédoise.


 

Qu'est-ce que Pint of Science ?

Stéphanie : Pint of Science est né en Angleterre avec une première édition en 2013. Il s’agit d’une organisation à but non lucratif. Le but c’est de sortir la science de son écrin habituel : les murs de nos labos. Le concept est simple, dans le Monde entier à la même date, sur trois soirs, les événements ont lieu en même temps : des scientifiques rencontrent dans des bars, des restaurants ou autres lieux le public en petit comité pour rendre accessible la science à tous. Il s’agit d’un événement coordonné, qui a beaucoup évolué depuis 2014 la seconde édition. Cette année nous serons 24 pays ensemble. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter.

Carine : Comme l’a si bien titré Science et Avenir, Pint of Science est un événement scientifique “mondialement local” fait pour le grand public. L’idée est de se focaliser à travers le monde entier, trois soirs par an, sur la diffusion des derniers résultats de recherche de manière la plus accessible possible pour tous. Stéphanie a eu l’idée de développer ce concept en Suède et je l’ai suivie avec joie dans cette aventure.

 

pint of science france

 

Une première en Suède. Qui sont ces deux Françaises derrière cette organisation ?

Carine : Carine Signoret, chercheure en psychologie, employée comme enseignante à l’université de Linköping en sciences du handicap depuis 2013. Comme tout chercheur en sciences humaines, il me semble primordial que les résultats des recherches soient directement partagés avec le grand public, qui nous apporte des questions et des réflexions en lien étroit avec la réalité à laquelle il est confronté chaque jour. Ce n’est pas facile pour un chercheur de rester proche des questions et besoins de la société quand on passe des heures à contrôler tous les détails et paramètres d’une étude. Sortir la tête du labo et aller à la rencontre des personnes là où elles se trouvent est essentiel, aussi bien pour le chercheur que pour la société.

 

Stéphanie : Stéphanie Da Silva-Heil, ingénieure de Recherche à l’université de Linköping. Arrivée en tant que post doc en 2014, depuis je suis restée là, et je n’ai pas très envie de repartir pour le moment. Pour ma part, originaire de Limoges (...) ayant commencé à travailler à Toulouse. J’ai échangé Toulouse pour Linköping, c’est un peu brutal comme changement au départ. Je suis spécialisée sur l’intestin, ayant réalisée ma thèse à l’INSA de Toulouse sur le syndrome de l’intestin irritable et une souche de probiotique, je travaille actuellement sur les maladies inflammatoires chroniques intestinales, notamment la maladie de Crohn. Passionnée de création de bijoux, grosse dévoreuse de livres notamment Virginie Despentes, Jo Nesbo, Camilla Larsson et frénétiquement de Frédéric Beigbeder, pêcheuse dès que je peux, j’adore la nature et le calme (sauf musicalement).

 

pint of science trombinoscope

 

Quels ont été les défis rencontrés pour implanter ce concept en Suède ?

Carine : On va être clair sur le fait que le concept de sortir la science des labos pour les amener au plus près du grand public, c’est-à-dire dans les bars ou les restaurants (là où les gens sortent et se détendent), ce n’est pas du tout positivement connoté en Suède. Beaucoup de potentiels partenaires ne voulaient pas avoir leur image associée à une “pinte”. Tout ce qui est évocateur de boissons potentiellement alcoolisées en Suède est à bannir. On a donc dû bosser sur l’image de Pint of Science pour l’établir clairement comme une pinte de science et non d’autre chose. Ce qui ne pose aucune question en France, aux États-Unis et encore moins en Angleterre a été un réel problème en Suède.

 

Stéphanie : Le challenge est de changer les habitudes je trouve et de savoir qui contacter. Le concept est de “sortir la science” comme l’a dit Carine, et le problème a pu être avec le mot Pint qui va être connoté ”bière”. Or pour un anglais natif, d’où est issu le concept, ce mot ne choque pas car c’est plus culturel et renvoi à une unité de mesure. Donc le gros du travail est là, s’expliquer, bien choisir ses mots et arriver à véhiculer l’image que l’on souhaite. On est là pour partager une bonne grosse dose de science avant toute chose. Donc là-dessus, je rejoins Carine c’est le plus gros challenge, mais aussi de savoir qui contacter exactement.

 

Quels sont les événements de ce festival à ne pas manquer ?

Carine : Les présentations des 20-22 mai dans les 4 villes accueillant le festival : Linköping, Lund, Stockholm et Uppsala ! Il y en a pour tous les goûts et tous les intérêts ! Par exemple à Linköping, nous avons la chance inouïe de recevoir le chercheur le plus cité de toute l’université, Gerhard Anderson, mondialement connu et reconnu ! Sur Uppsala, Ulf Danielsson est un chercheur internationalement reconnu pour ses travaux en astronomie, notamment sur les fameux trous noirs. Ce serait une folie de louper ces événements, si rares (et de plus gratuits) pour le grand public.
 

Stéphanie : Tous ! Cinq événements en parallèle sur trois soirs et quatre villes, on est satisfaite de la première édition. Chaque équipe locale a réussi à faire venir des chercheurs qui vont discuter de sujets d’actualité, autant des étudiants en doctorat que des grands professeurs. Personnellement dès le premier jour à Stockholm on peut assister à une expérience de Bioprinting en live et ça, je me dis que ça va être top. À Linköping, on a aussi la chance d’avoir Eleni Stravinidou pour nous parler des " plantes électroniques " : Dans les sujets d’actualité à Lund, il y a " You are my Great Pacific Garbage Patch” ou encore " The life and death of the Sun ".  À Uppsala, il y a deux événements par soir avec des sujets aussi variés que le “Machine Learning” ou “Masters of Manipulation - how viruses shape our world”.

 

Quels sont les projets futurs de Pint of Science au-delà de ce festival ?

Carine : Grâce au soutien de nos partenaires et surtout de celui de l’université de Linköping, nous pensons certainement organiser d’autres événements au cours de l’année autour de thématiques actuelles, comme par exemple le changement climatique, l’intelligence artificielle, les véhicules autonomes ou les effets du stress sur la santé… Nous voulons particulièrement mettre en avant non seulement la recherche faite au sein des universités mais aussi mettre en valeur la recherche du secteur privé, notamment au niveau des sciences économiques ou bien encore du développement des technologies ayant un impact sur notre quotidien.

 

Stéphanie : De le faire perdurer et croître d’année en année ! Mai 2020, on sera là ! Et on compte bien continuer. Dans le futur, nous souhaitons organiser des événements toute l’année, sur des thématiques de sociétés en mêlant les universités et les entreprises, et dans des lieux variés comme les musées, les salles de spectacles. Il y a aussi des initiatives de ce type à l’international, donc dans un futur où tout cela marche bien, ça serait aussi de faire venir des initiatives d’ailleurs en Europe. Je pense à une petite troupe de Stand Up, le " Science Comedy Show ", des petits frenchies qui se déplace déjà pas mal en Espagne et qui joue dans toute la France. Ils ont déjà été programmé sur des événements de l’Institut Français dans d’autres pays, ça serait peut-être une piste à développer pour les faire venir jouer à Stockholm. Ce genre d’initiative où vraiment, on montre que l’époque du chercheur dans son laboratoire c’est terminé. Le monde change, évolue… Notre travail c’est avant tout de générer de la connaissance et je pense que le partager de manière compréhensible et ludique, c’est l’étape suivante. On peut aussi sans souci imaginer des événements dédiés aux enfants et aux écoles, ce qui semble très réaliste pour un pays comme la Suède !

 

Fabienne Roy, 14 mai 2019

Fabienne ROY
Publié le 14 mai 2019, mis à jour le 14 mai 2019

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