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STOCKHOLM FILM FESTIVAL — « Nocturama », entre chien et loup

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Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 23 novembre 2016

 

Paris victime d'attaques à la bombe : c'est l'étrange prémonition du réalisateur Bertrand Bonello, persuadé depuis quelques années que « ça devait arriver ». Ce long film (2h10) nous permet de suivre des « ennemis de l'État » aussi hébétés que leurs possibles victimes et incapables de répondre à la question que nous nous posons tous : pourquoi ?

La première heure du film se concentre sur le ballet chronométré de huit jeunes transpirants de nervosité à travers Paris. Le réalisateur se plaît à se fixer sur des détails : le nom des stations, les plans de la ville? on les suit à la trace dans un dédale de couloirs froids qui sont le quotidien des Parisiens. Très peu de paroles : les regards et les bruits de pas suffisent à rythmer le film et à donner le ton. La bande-son est dès le début obsessionnelle et souligne la violence du drame dans tous les extrêmes. Du silence angoissant et annonciateur de mort au vacarme entêtant et assourdissant, chaque musique ou absence de musique est source de torture psychologique pour l'un ou l'autre des terroristes, qu'on a déjà du mal à considérer ainsi. La moitié des acteurs du film sont non-professionnels et apportent cette neutralité dont le film a besoin, entre fiction et réalité.

Le huis-clos se confirme dans la seconde partie du film, tourné dans l'édifice de feue La Samaritaine. Dans ce temple de la consommation, les marques de luxe défilent jusqu'à causer l'éc?urement du spectateur et l'indifférence des personnages. Ils sont piégés, sidérés et écrasés sous le poids de la responsabilité. Le sentiment de malaise laisse place assez rapidement à un vide, un vide émotionnel qui touche le spectateur comme les personnages. Vacuité des êtres, simples mannequins créés par le monde dans lequel ils ont grandi, et vacuité des actes. En effet si on a une explication, vague et pas très convaincante, de la cause, on n'aura jamais d'éclaircissement sur le but. Pensaient-ils vraiment changer le monde ? 

Le film a été projeté lors du Stockholm International Film Festival et ses droits ont été achetés en Suède. Date de sortie à venir.  

 

Jennifer DUPUY lepetitjournal.com/stockholm Lundi 18 novembre 2016 

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