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BILLET D’HUMEUR - L’homme s’asphyxie, la planète respire !

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Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 14 avril 2020, mis à jour le 15 avril 2020

A toi, qui va lire ce billet d’humeur, je voulais préciser que très tôt, sensible à ce que nous traversons avec cette pandémie, j’ai ouvert un de mes nombreux carnets pour coucher sur le papier, mes pensées, mes réactions, mes interrogations… Une façon certainement de me vider l’esprit et également de prolonger mon action de transmetteur dans l’exercice de ma passion « professeur d’arts martiaux ».

Nous avons tous un rôle à jouer dans cette période tourmentée. Pour ma part je me considère comme un passeur d’idée, un éveilleur de conscience et surtout un éternel apprenti de la Vie. Alors, j’ai décidé de les partager avec vous tous, dans un projet fraternel et uniquement cela…

 

« L’homme s’asphyxie, la planète respire ! »

La pollution a une influence extrêmement grave sur les pathologies qui créent encore plus de mortalité dans le Covid-19. On estime en 2019, à 9 millions de morts prématurées par an et dans le monde à cause de cette dernière.

Le Covid permet un test grandeur nature des propositions écologiques. On constate que la pollution atmosphérique diminue de 50% à 60 % selon certaines régions françaises. Cette période de confinement et d’arrêt de la machine de production donnera des renseignements précieux et concrets sur la capacité de la nature (La Terre) de se reconstituer, en laissant la faune et la flore reprendre la place qu’elles n’auraient jamais dû quitter.

A nous de réaliser la prise en compte de ces paramètres écologiques rendus visibles par le Covid et la nécessité de reprise d’activité économique avec une éthique qui nous permet d’avoir un monde moins carboné ! Tout un tas d’habitude devront être abandonné comme les déplacements intempestifs qui peuvent être remplacé par le télétravail ou des réunions à distance. Il nous faudra investir massivement dans les technologies novatrices qui privilégieront « l’humain » et qui n’utilisent pas ou peu des énergies fossiles.

Les échecs successifs des forums de l’environnement ou les pays comme les USA, l’Arabie Saoudite, la Russie, le Brésil, l’Inde, et la Chine ne désirent pas mettre un frein à leur émission de CO2, montre bien la difficulté à trouver un compromis pour l’ensemble de ces pays. Si nous n’évoluons pas en donnant du sens à notre économie, nous serons exposés plus encore en multipliant les difficultés climatiques, virales, économiques et sociales qui nous rendront encore plus faible.

 

« Chaque jour de confinement en plus, nous fait rendre compte que la planète existe ! »

Les arts martiaux et énergétiques peuvent être des outils de choix pour exercer son corps, son esprit, son émotionnel, sa compassion, sa fraternité, sa solidarité, sa CONSCIENCE ! De la salle à la ville, nous devons répandre ce que nous avons acquis au fil de nos entraînements, dans un esprit de partage et d’entraide. Les pratiquants doivent assumer leur rôle en incarnant ces valeurs. Les choses doivent reprendre leur véritable place, la finance a trop été au centre de toutes les préoccupations, maintenant c’est l’humain qui doit être au centre de tout !

Notre humanité doit entreprendre cette fameuse 3ème révolution celle des « Esprits ». Soyons innovant rappelons-nous ce que Bergson nous disait : « Il y a des choses que l’intelligence seule est capable de chercher mais que par elle-même elle ne trouvera jamais. Ces choses, l’instinct seul les trouverait mais il ne les cherchera jamais. »

Il faut créer des ateliers de réflexions citoyens au travers des réseaux, afin de faire de cet enfer du confinement, un paradis de la pensée. La connectivité des réseaux sociaux doit aboutir vers une intelligence connective, pour gagner en hauteur, en sens, en innovation.

En chassant les habitudes déplorables définitivement, comme on chasse des mauvaises personnes qui nous ont fait du tort, nous trouverons une orientation de vie à titre personnel qui trouvera son rayonnement dans la société.

 

« Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant » (Montaigne)

On trouve une journée pour goûter un plaisir, mais on cherche en vain une heure pour s’acquitter d’un devoir. Peut-être le terme de « devoir » est mal perçu par notre mentalité « gauloise ». Quand on fait ses devoirs étant scolarisé, c’est pour acquérir des connaissances et des savoirs transposables pour résoudre des problématiques de notre vie.

Le « sens du devoir », c’est aussi la piété filiale, très asiatique où les anciens doivent être honorés et protégés. Quel serait notre devoir envers nous-même ? De sa famille ? De la société ? De l’humanité ? (Je vous engage à. faire un exercice en prenant la plume et de coucher sur le papier une sorte de testament philosophique).

Envers nous-même, pour ma part, c’est de se maintenir en santé physique, en entretenant son tonus musculaire, son habileté corporelle. Sur le plan mental, c’est de garder sa raison, son sang-froid, son intelligence instinctive et intuitive. Et enfin au niveau émotionnel de conserver un équilibre au niveau des émotions en chassant l’excès et l’insuffisance, stabilisant aussi pour notre entourage nos rapports sociaux.

Les arts martiaux et énergétiques nous entraînent en permanence pour faire face à nos marées énergétiques internes mais aussi aux fluctuations de notre environnement parfois agressif sur les 3 plans : physique, émotionnel et mental.

« Connais-toi, toi-même », cette inscription gravée à l’entrée du temple de Delphes, prend tout son relief dans la quête du pratiquant martial et énergétique. En exerçant son corps on apprend, certes, à l’apprivoiser mais également à le « ressentir » et non à le « penser ».

Le mental est comme une pierre précieuse, et nous informe que nous devons ciseler patiemment en sculptant chaque facette, qui misent en harmonie donneront tout l’éclat à votre personnalité. L’émotionnel est comme une boule d’énergie instable que nous devons « contrôler » dans notre corps avec élasticité, en lui laissant suffisamment de place pour s’épanouir et en n’en laissant trop pour nous polluer.

 

« La voix de la conscience et de l’honneur est bien faible lorsque les boyaux crient » (Diderot)

Si nous sommes en guerre, inspirons-nous des troupes d’élites et des services actions, lancés dans les opérations spéciales. L’entrainement dans les situations concrètes est plus qu’importante, le retour d’expériences partagées, permet d’adapter les personnels aux problématiques rencontrer, à anticiper d’autres et d’améliorer le matériel opérationnel.

Et pourtant le « Zéro faute » n’existe pas… Souvenons-nous de l’intervention brillante du GIGN sur l’aéroport de Marignane à Marseille en 1994, face à une prise d’otages par des terroristes du GIA. L’assaut s’était soldé par la neutralisation de l’ensemble des terroristes et la vie sauve pour les otages, un modèle du genre !

 

« Nous sommes en guerre ! »

La gestion d’événements exceptionnels, renseignent beaucoup sur ceux qui sont censés les gérer. La capacité d’anticipation, l’esprit de décision, l’inventivité sont des qualités que nous développons dans les arts martiaux. 

On ne peut répondre de manière offensive car le système de défense est inexistant : masques non-disponible, tests de détection insuffisants, nombre de lits en réanimation limités, médecins et personnels hospitaliers en sous-effectif et pas armés pour ce genre de combat. Face à cette vague pandémique, n’étant pas du tout préparé, comme beaucoup de pays, il ne reste que le retrait (pour ne pas dire la retraite ou le replis) qui s’impose à cette armée courageuse, mais en sous-effectif et peu équipée.

Le vieil adage : « Qui veut la paix prépare la guerre ! » prend tout son sens. Il faudra développer le matériel, entraîner les hommes et les femmes, en construisant des stratégies, sans oublier de faire des simulations pour avoir un retour d’expérience. Dans ce cas la collaboration entre les états semble impératifs. Pour l’heure, le repli national est de mise…

Je veux être positif, comme toujours, la France est un grand pays avec un peuple citoyen qui sait se mobiliser dans l’épreuve, l’histoire nous l’enseigne. Cet accouchement dans la douleur aboutira à des jours meilleurs. Mais pour le moment, il nous faut, nous armer de patience, mettre à profit ce temps pour mobiliser nos esprits sur la reconstruction d’un monde meilleur. Pour cela, il semble important de :

   - Bannir les querelles entre les administrations, unir les compétences, cesser les ordres contradictoires, avoir une vrai politique…

   - L’Europe doit servir à organiser des rapatriements sanitaires afin de montrer son utilité dans la crise, indépendamment d’une manne financière injectée dans l’économie. Des pont ferroviaires, aérien, routier ont été organisés, afin d’amortir le choc hospitalier des réanimations, on ne peut que s’en féliciter.

   - Nous aurons besoin de psychologues pour accompagner les familles qui ne peuvent pas faire normalement leur deuil. Le confinement est une protection physique mais peu devenir un désastre si cela se prolonge au niveau psychique. La peur est un mécanisme de défense normal alors que l’angoisse sidère, est inhibant et affaiblit nos défenses immunitaires.

   - Le drame des EHPAD qui se joue à huis-clos va être désastreux en fin de pandémie. 7.200 Ehpad en France, qui représentent 600 à 700.000 personnes avec 400.000 personnes qui y travaillent. Le manque de masque, de tenues de protections est désastreux dans ce cas.

   - Les violences faites aux femmes et celles envers les enfants vont certainement éclater au grand jour, à la sortie du confinement.

   - Le blocage de la justice, faute d’interconnexion entre les différents services, est un exemple que dans notre pays, de nombreuses choses n’ont pas été envisagées.

Tout semble reposer sur du sable et il suffit d’un grain pour enrayer la machine. Il va nécessiter une mise à plat des pouvoirs régaliens de l’état, en réorganisant l’ensemble des services. Nous sommes en 2020, mais en réalité sur le plan administratif, nous vivons en 1970 ! Évitons les débats houleux qui entaillent la solidité de notre société et creuse la crise sociétale, mais restons lucides en gardant notre regard critique. Les fractures au sein de la société vont créer des morts supplémentaires si nous n’y prenons pas garde, les silences aussi.

 

« La société est construite sur l’individu alors qu’elle devrait être faite sur le groupe. »

Je ne suis pas pour l’affrontement des personnes mais je ne rechigne pas sur la confrontation des idées. L’affrontement est un processus scientifique normale car il confronte les idées, les protocoles, les stratégies, c’est la croyance qui est néfaste ! Les mots des philosophes sont vides, s’ils n’offrent de remèdes pour aucune des souffrances humaines.

Il va nous falloir trouver les ressources pour organiser notre vie, dans un confinement installé et dans l’objectif de diminuer l’impact des répliques possibles de cette saloperie de virus. La résistance est le péché de l’intelligence. Nous devrons faire évoluer notre démocratie comme l’expression de la protection des minorités et pas seulement celle de la loi de la majorité. Car aucun peuple ne pourrait vivre sans d’abord fixer des valeurs. Nous avons vécu sur la route de l’excès, heureusement que celle-ci nous conduit au Palais de la Sagesse.

L’important pour moi, n’est pas que ma façon de raisonner soit bonne, mais qu’elle fasse réfléchir, c’est tout l’objectif de ces billets. Et comme le disait ma grand-mère : « Le sourire vaut bien un steak, car cela nous nourrit d’espoir ! »

Un texte de Roger Itier, professeur de Wushu à Paris

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Le Petit Journal Shanghai
Publié le 14 avril 2020, mis à jour le 15 avril 2020

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