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PORT DE YANGSHAN – Escapade au milieu de la Chine d’hier et d’aujourd’hui

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 28 mai 2015, mis à jour le 28 mai 2015

Par Alexandre Pouilly

A force de tourner en rond dans Shanghai pendant les sorties dominicales, la ville commence par paraître bien familière. Il est toujours intéressant de s'extraire de cet environnement quotidien pour réellement décompresser, à moindre coût bien évidemment. C'est exactement le cas pour Yangshan, de petites îles de pécheurs devenues, depuis une décennie, un port en eaux profondes dépendant de celui de Shanghai, le plus actif du monde.

Le port de Yangshan, grand comme 476 terrains de football ! (AP)

Certains penseront que l'idée de se rendre dans un port de commerce est sans intérêt, voir pour le moins ridicule. Toutefois, les îles Yangshan valent réellement le déplacement pour plusieurs raisons. Elles sont le reflet de la Chine d'hier et d'aujourd'hui, condensé en un territoire relativement petit. En effet, de nos jours, ce nom est directement reconnu comme étant un port en eaux profondes, certes en activité depuis 2005 mais dont la construction n'est toujours pas terminée. Il fait partie de l'ensemble du port de Shanghai, dont l'activité a très nettement cru depuis une quinzaine d'années au point d'être le port le plus important du monde, dépassant ainsi ceux de Singapour et Hong Kong. Rien qu'à Yangshan, le port en eaux profondes s'étend sur dix kilomètres, résultat obtenu par l'extension artificielle des îles, et équivaut en superficie à 476 terrains de football ! De plus, il est prévu qu'au terme des travaux il puisse accueillir 25 millions de conteneurs par an, soit près de 70 000 par jour ! Ces chiffres sont vérifiés par l'étendue multicolore des conteneurs qui représente un spectacle à couper le souffle, et invite les plus méditatifs à la réflexion sur le dynamisme indéniable de la Chine qui se produit directement sous nos yeux.

La réelle question est de savoir comment faire pour pouvoir apprécier ce panorama. Ce sont des îles, donc bien entendu, il faut emprunter? la voiture ! En effet, l'activité effrénée du port en eaux profondes amène les camions à faire de continuels allers-retours entre le continent et les îles. Un pont a donc vu le jour en 2005 : celui de Donghai, dont le nom s'inscrit parmi les projets les plus ambitieux de la Chine en étant l'un des plus longs ponts maritimes du monde (les autres se situant aussi en Chine d'ailleurs). En tout et pour tout, il mesure 32,5 kilomètres, dont 26 au-dessus de la mer. La construction elle-même est un véritable tour de force. Initialement prévue entre sept à huit ans, elle n'aura finalement demandé que trois ans, ceci s'expliquant par des journées de travail de douze heures (dans des conditions parfois difficiles) et le maintien des ouvriers pendant toute cette durée directement sur place (jour et nuit). Le pont aura coûté 1,1 milliard d'euros (estimé au départ à 400 millions d'euros !) et les ouvriers auront été rémunérés mille yuans par mois, l'équivalent à ce moment-là d'un double salaire dans le secteur de la construction. Un autre pont a par ailleurs été annoncé l'année dernière pour répondre à l'accélération du développement du port de Yangshan, en combinant route et rail.

Forêt d'éoliennes en pleine mer pendant la traversée du pont Donghai (AP)

Pendant la traversée, la première impression est de remarquer que le pont serpente dans la mer. L'explication en est la nécessité de faire reposer les fondations sur des fonds solides afin de pouvoir faire face à des caprices climatiques fréquents. La deuxième est de constater l'étendue de ce pont dont le bout se perd dans l'horizon. Enfin, la troisième, et pas des moindres, est d'être surpris en passant au beau milieu d'une forêt d'éoliennes. Pour ceux qui doutent encore de l'avènement de la Chine dans les solutions d'avenir, ce trajet leur prouvera le contraire. A l'arrivée, ce sont les derniers travaux du port qui accueillent les curieux, peu nombreux, sur l'île principale.

Ballade dans les collines et dans le temps

Succession d'escaliers en guise de parcours dans les collines (AP)

Près des quelques immeubles d'habitation se trouve l'entrée (payante) d'un parcours dans les collines plutôt rocailleuses. Et alors là, deux avertissements sont utiles : le premier est de ne surtout pas planifier cette activité un jour chaud et le second est d'aimer le sport (dans tous les sens du terme quand on a en plus des enfants râleurs avec soi !). Car même si le parcours est relativement court (deux heures environ), il n'en est pas moins intense : c'est une succession d'escaliers.

Temple construit en hommage des ancêtres des anciens pêcheurs de Yangshan (AP)

Outre ces deux mises au point, l'effort fourni est récompensé par la beauté de la vue. Là encore demeure une source d'étonnement avec le contraste saisissant entre un côté de l'île resté naturel et calme, et l'autre côté, celui du port, complètement artificiel et mouvementé. Si la beauté des environs ne vous convainc pas, mesdames, vous pourrez peut-être (si vous êtes là-bas au bon moment) vous consoler dans la contemplation de militaires en exercice d'escalade. Yangshan a toujours été un terrain d'entrainement pour l'armée chinoise, voire une zone décisive en direction de Taïwan. C'est pourquoi, au cours de la marche, des casernes en béton armé se fondent désormais dans la nature. Des maisons traditionnelles, elles aussi envahies par les plantes, demeurent : ce sont celles des pêcheurs. Car avant le port en eaux profondes, Yangshan n'était qu'un bout de terre peuplé de 3553 résidents (1423 familles). Les autorités ont donc demandé à ces pêcheurs de quitter les lieux et, conscients du sacrifice, ont décidé l'édification d'un temple à la mémoire de tous leurs ancêtres pour les remercier de leur contribution exceptionnelle au développement de la Chine (via le port). De plus, des pauses ponctuent l'ascension et la descente des escaliers, notamment sous forme de panonceaux expliquant les divers récits et croyances de ces îles. Enfin, le point culminant permet une vue imprenable sur le port dans toute sa splendeur. Ainsi, en deux heures de temps, c'est un cliché complet de la Chine qui défile : celle des pêcheurs, de son passé belliqueux, de son développement économique, et de sa beauté tout simplement.

Pour compléter une journée en vadrouille, un petit arrêt s'impose à l'aller près du lac Dishui, lac sphérique artificiel de trois kilomètres de diamètre situé au début du pont Donghai, pour pique-niquer ou profiter du vent marin pour faire plaisir à vos enfants en sortant le cerf-volant !

Article réalisé suite à la visite organisée par l'agence MOSAIC Voyages.

Alexandre Pouilly lepetitjournal.com/shanghai Vendredi 29 Mai 2015

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 28 mai 2015, mis à jour le 28 mai 2015

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