Jérémie suit le parcours international GETT* de l’EDHEC. En double diplôme depuis janvier dernier à la Graduate School of Business de l’Université de Sungkyunkwan (SKK), il a choisi, en pleine crise du coronavirus, de rester à Séoul. Il nous raconte son expérience du confinement à la coréenne.
Pourquoi as-tu choisi de rester en Corée ?
Arrivé début janvier en échange à Séoul, nous avons basculé à distance dès le 24 février. Je souhaitais avant tout poursuivre l’expérience coréenne et j’avais aussi très envie d’être là lorsque les cours en présentiel reprendraient. A SKK, nous devons nous connecter en temps réel pour recréer une classe virtuelle. Rester en Corée me permettait de ne pas subir le décalage horaire ( + 7h), sans quoi j’aurais dû me réveiller en pleine nuit pour suivre mon cursus à distance.
Ta journée-type en confinement ?
Il faut savoir que les mesures de confinement en Corée sont moins drastiques qu’en Europe ou en Amérique du Nord. Les cafés, les restaurants sont ouverts et nous pouvons sortir à notre guise. J’ai choisi de me confiner dans mon goshiwon, mini studio d’environ 9m2, pour rester au contact de mes autres camarades. Je m’astreins à des heures fixes pour les repas et le réveil, avec tout de même un bonus d’1h de sommeil supplémentaire gagné sur le temps de transport !
J’ai cours tous les jours, avec des intervalles de 2 à 4 heures entre mes électifs. Je les mets à profit pour travailler mes cours, quitter mon goshiwon pour me rendre dans un café qui offre un beau panorama sur Séoul.
Je dois avouer que la situation actuelle m’a redonné le goût de la lecture. A force de passer la journée devant un écran, cela me fait du bien de me plonger dans un livre ! D’ailleurs, je vous conseille l’ouvrage Civilizations de Laurent Binet que je dévore actuellement.
Des conseils pour étudier à distance ?
Après 6 semaines d’expérimentations, la pédagogie à distance exige de la discipline! La possibilité de revoir les cours en replay est un véritable atout.
Comment maintiens-tu le lien avec l’extérieur ?
Tout d’abord, j’ai mis en place des rituels, comme celui de rendre visite, une fois au moins par semaine, à mes amis qui résident dans d’autres quartiers de Séoul. Cela nous aide à maintenir un contact. L’administration de l’EDHEC, notre directeur de programme et notre directeur international prennent régulièrement de nos nouvelles via Skype et Workplace, et se rendent disponibles pour répondre à nos questions et nous accompagner dans nos démarches administratives.
Ta vie après le confinement ?
Je rentre en France début juin riche d’expériences inattendues pour certaines ! J’ai la chance de commencer en juillet un stage d’analyste en Venture Capital qui vient d’être confirmé.
Cette crise inédite va-t-elle changer ta perception de la société ?
Oui, très certainement. A mes yeux, elle va faire très probablement émerger une réflexion sur le modèle du flux tendu et du zéro stock. Je pense aussi qu’elle diffusera plus largement la pratique du télétravail, et encouragera celle du digital nomadisme.
Je me dis aussi que cette crise conduit à réfléchir à ce qui est réellement important, à se questionner sur le sens que l’on veut donner à sa vie, réapprendre à apprécier les petits riens de la vie quotidienne. Elle donne plus de crédit aux héros du quotidien : aides-soignants, pompiers, policiers si décriés il y a quelques mois….
Les conseils de lecture de Jérémie…
Outre « Civilizations » de Laurent Binet, je recommande aussi « Auprès de moi toujours » de Kazuo Ishiguro, qui traite de la mémoire, très bien écrit et immersif mais peut- être un peu triste en cette période…. Je conseille également « la 7e fonction du Langage », toujours de Laurent Binet.
*GETT : Global Economic Transformation & Technology est un parcours international du PGE construit sur un programme d’échange en Corée du Sud et en Californie en partenariat avec deux institutions prestigieuses Sungkyunkwan University SKK Graduate School of Business et Berkeley’Hass School of Business