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PORTRAIT - Loro, un Français gravé dans Valparaíso

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 18 février 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

 

A 62 ans, Loro n'est pas vraiment un Français comme les autres. Un chapeau de paille sur la tête, des affiches ou des canevas à la main, il erre dans Valparaíso, à la recherche de scènes de vie, qu'il grave sur de larges fresques. Rencontre avec un artiste aussi sympathique qu'étonnant.

Thierry, au Chili, se fait appeler "Loro" (littéralement, "le bavard"). Il serait trop facile de le présenter comme un simple Français extravagant. 20 ans déjà qu'il a posé le pied dans une ville qui, selon ses souvenirs, était à l'agonie. 20 ans qu'il revient chaque année s'émerveiller de la beauté urbaine de Valparaíso. "Le Chili n'est pas "ma terre", mais c'est mon modèle, ma muse", affirme-t-il, un sourire en coin. Loro n'est pas un peintre: c'est un graveur. Il s'emploie à raconter des histoires, des récits du quotidien. Des pécheurs travaillant sur un quai, la vie d'un marché au petit matin... Loro ne veut pas représenter des lieux, mais des instants de vie. Une fois la "scène" repérée, il revient tous les jours, à la même heure, pendant trois semaines, et en fait maints et maints croquis. Il les reproduit ensuite en les gravant. La majorité de son travail est en noir et blanc: ses ?uvres, affiches murales géantes, disséminées dans la ville surprennent, émeuvent. Il affirme avoir trouvé au Chili un public inespéré: "en France, mon travail intéressait peu. Ici, j'ai la chance d'être entouré par des personnes aimantes, encourageantes...". Il a ouvert sa propre entreprise, Ediciones Como si la vida fuera a durar siempre Ltda., qui vend affiches et cartes-postales, les siennes et cellles d'autres graveurs. (calle Esmeralda 118, près de la  Plaza Anibal Pinto)

"L'identité d'un homme est son mouvement".

L'oeuvre de Loro se dévoile au fil des rues  (photos T. B)

Sa philosophie correspond en tous points à son existence. En peinture comme dans la vie, il affirme que "l'identité de l'homme est son mouvement". Et lui a connu une trajectoire particulièrement agitée: né en France, il passe toute son enfance au Sénégal, et tombe très tôt amoureux du dessin. Après avoir travaillé à l'école supérieure des Arts et des Industries à Paris, il s'envole pour l'Amérique du Sud. Ancien alcoolique, il porte un regard touchant et nostalgique sur le monde, sur le Chili, sur Valparaíso. Il affirme que son art est l'expression de son esprit joyeusement détraqué. Vivant 6 mois ici, et 6 mois en France, il dit vouloir rester pour toujours "sous pavillon chilien". Fatigué d'être présenté comme le "franchute amoureux de Valpo", il apprécie pourtant toujours le "temps suspendu" qui caractérise la ville, même s'il regrette parfois que son charme bohème soit devenu un peu trop artificiel et touristique. Par une métaphore, il conclue: "Valparaíso est une très belle gitane. Mais à force de la bousculer, elle a fini par se barrer. Aujourd'hui, il ne reste ici que ses atours... et non son charme originel."
Tudy Bernier (www.lepetitjournal.com Santiago) vendredi 18 février 2011


Désormais connu et reconnu à Valparaíso comme ailleurs, Loro Coirón est exposé en permanence à la galerie de "Bahía Utópica" (cerro Alegre, Almirante Montt 372). Certaines de ses ?uvres sont aussi visibles sur les murs Valparaíso, même si le séisme et la reconstruction en ont effacé plusieurs. Il a été exposé à la Bibliothèque nationale du Chili, mais également en France.

logofbsantiago
Publié le 18 février 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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