

A l'occasion de la célébration du 14 juillet, El Mercurio a rencontré madame Maryse Bossière , Ambassadrice de France au Chili, en voici notre traduction:
Quel est le bilan de la relation bilatérale de l'année écoulée?
Le Chili appartient maintenant à l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique). Nous avons une relation de partenaires, à tous les niveaux. L'année dernière a été très riche sur le plan bilatéral. Et malgré une pause compréhensible durant la période électorale, de nombreuses rencontres ont pu être organisées. ?D'abord, entre nos deux Présidents : depuis le 11 mars, ils se sont rencontrés à plusieurs réunions, à Washington et à Madrid, en marge des sommets internationaux. ?Ensuite, le dialogue entre les ministres est resté constant. Il y a tout juste un mois, le ministre de la Défense, Jaime Ravinet, était en France; ce voyage fût la continuation de la visite au Chili, en octobre 2009, du ministre français de la Défense, Hervé Morin. ?Christine Lagarde, ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, a représenté le Président Nicolas Sarkozy durant les cérémonies d'investiture du Président Piñera; à cette occasion, elle a pu prendre contact avec plusieurs ministres, dont le ministre des Finances, Felipe Larraín, avec lequel elle a eu une réunion à Paris en mai, et le ministre de l'Economie, Juan Andres Fontaine. ?Nous avons aussi reçu plusieurs délégations parlementaires. C'est important que les sénateurs et les députés, élus par le peuple, puissent rencontrer régulièrement leurs homologues étrangers afin de partager leurs expériences et leurs points de vue.
En plus de l'aide de la France survenue quelques jours seulement après le tremblement de terre et le tsunami, en quoi les entreprises françaises pourraient collaborer à la reconstruction du pays?
Comme vous le savez, dans les jours suivant le séisme, beaucoup de pays, à la demande des autorités chiliennes et en étroite collaboration avec elles, se sont efforcés d'apporter de l'aide. Le gouvernement français a répondu, bien sûr, a cet appel, en apportant jusqu'aux zones sinistrées de l'aide matérielle et médicale, des équipements satellites, des tentes et des médicaments. ?Une équipe de sismologues s'est mis à travailler immédiatement sous la coordination du département Géophysique de la Faculté de Sciences Physiques et Mathématiques de l'Université du Chili, en apportant du matériel de haute précision.? Une délégation consulaire européenne, à laquelle appartenait la France, s'est rendue à Concepción. 1,2 million de doses de vaccins contre la grippe H1N1, d'un montant de 8 millions d'euros, ont été livrées aux autorités chiliennes, pour les populations qui en avaient le plus besoin. ?Enfin, les collectivités territoriales françaises se sont mobilisées. Par exemple, la Région Île de France a exprimé sa solidarité avec la Région Métropolitaine de Santiago, avec laquelle elle coopère depuis plusieurs années, en participant à la reconstruction de l'Institut Supérieur de Commerce Eduardo Fri Montalva, endommagé par le séisme; une participation budgétaire de 1,4 million d'euros a ainsi été votée. La Région Bourgogne a fourni son aide à la Région du Maule. Le navire de la Marine Française qui était à Valparaíso en juin, le Chevalier Paul, a apporté des équipements et des uniformes pour les pompiers des "bombas Francia" dans les zones les plus affectées. ?Dans cette phase d'urgence, les entreprises et associations françaises ont activement participé. Encore hier, avec l'appui de la Municipalité de Santiago, notre traditionnel bal de la Fête nationale a été organisé au bénéfice de la "Pompe France" de Concepción, dont la caserne a été détruite pendant le tremblement de terre. Après l'urgence vient la reconstruction. Les entreprises françaises peuvent mettre au service du Chili leur savoir-faire. Le Sous-Secrétaire aux travaux Publics, Loreto Silva, était à Paris en avril pour présenter les besoins des régions les plus touchées. Plus d'une centaine d'entreprises françaises se sont réunies a cette occasion, représentant surtout les secteurs des infrastructures publiques (hôpitaux, routes et ponts, aéroports, transports en commun, assainissement) et des services annexes (télécommunications, distribution et transmission d'électricité). A la suite de cette réunion, qui a eu un grand succès, la ministre du Commerce extérieur Anne-Marie Idrac, sera à Santiago la semaine prochaine avec plusieurs dizaines d'entreprises, des responsables de grandes villes françaises et des représentants de l'Agence française pour le développement (AFD), afin de délimiter de la meilleure manière les possibilités de partenariat avec les entreprises et les collectivités locales chiliennes.
Les relations franco-chiliennes pourraient-elles prendre une nouvelle tournure avec l'arrivée au pouvoir d'un nouveau gouvernement au Chili, qui a montré une grande affinité avec le Président Sarkozy?
Les relations entre la France et le Chili sont traditionnellement excellentes mais je n'ai aucun doute sur le fait que la proximité entre nos deux Présidents, y compris sur le plan personnel, permettront d'aller plus loin. Le Président Nicolas Sarkozy avait déjà reçu Sebastián Piñera, alors qu'il n'était que candidat à la Présidence, en juin 2009 à Paris. Depuis le 11 mars, les deux chefs d'Etat se sont rencontrés à plusieurs occasion et une visite officielle du Président Piñera en France est prévue en octobre prochain. De son côté le Président Sarkozy a formulé l'intention de répondre en 2011 à l'invitation de son homologue chilien. ?Avec le Chili, il y a plusieurs thèmes de dialogues. Nous voulons travailler ensemble sur les grands défis de notre temps : le développement soutenu, y compris sur le plan de la sécurité énergétique, la lutte contre les trafics, la gouvernance mondiale et la régulation du système financier international. Nous pensons aussi que nous pouvons mener à bien de fructueux échanges dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la décentralisation.
Quels aspects de la relation bilatérale considérez-vous comme les plus faibles et de quelles façons pourraient-ils être renforcés?
Un Ambassadeur doit toujours avoir l'ambition d'approfondir les relations dans tous les domaines ! Comme je viens de le dire, le dialogue politique, très ouvert et encourageant, peut et doit chercher de nouvelles occasions pour échanger. Par ailleurs, sur le plan du commerce spécifiquement, nous n'utilisons pas encore toutes les possibilités offertes par la signature de l'accord avec l'Union européenne de 2003. ?Le dialogue au plus haut niveau que maintiennent nos gouvernements est une partie de la réponse. C'est une impulsion que nous, acteurs de l'Etat, cherchons à donner pour permettre une meilleure connaissance mutuelle et favoriser l'initiative privée dans son sens le plus grand, économique, mais aussi social et culturel. ?Nous devons continuer de travailler pour que les citoyens de nos deux pays trouvent de nouveau les affinités qu'ils avaient auparavant. Les nouvelles générations sont chaque fois plus mobiles et ouvertes au monde et je vois que cet intérêt réciproque est en train de recouvrer de la vigueur. Comme preuve, je citerai le fait que les étudiants français, dans le cadre d'un semestre d'études à l'étranger inclus maintenant dans presque tous les cursus universitaires français, choisissent de plus en plus le Chili.
En terme général, comment la France voit le Chili dans le monde latino-américain ?
Récemment, le Chili nous a impressionné en deux occasions par son extraordinaire capacité à faire face à des grands défis : la première fois, au moment de la crise économique et financière en 2007-2008, pendant laquelle le pays a prouvé la sagesse et l'efficacité de sa gestion. La seconde fois, après le terrible séisme du 27 février, où la population et les autorités ont fait preuve d'un courage et d'une capacité de travail exceptionnels. Nous nous sommes rendus compte, à cette occasion, de la rapidité avec laquelle la solidarité s'est déployée. C'est le fruit des relations de confiance et d'amitié qui ont su être établies, malgré des différends ponctuels, entre les gouvernements et les peuples.
Propos recueillis par Andrés Perez-Cotapos , traduction Morgane Rous (www.lepetitjournal.com Santiago) jeudi 15 Juillet
Biographie de madame Maryse Bossière
Née le 27 mars 1954 Ancienne élève de l'Ecole normale supérieure technique Agrégée d'espagnol Ancienne élève de l'Ecole nationale d'administration, promotion "Solidarité", 1983
Ministre plénipotentiaire de 2ème classe
Mariée à Philippe Bossière, Ambassadeur de France en Namibie, trois enfants ??
Postes occupés
1981-1983 : Ecole Nationale d'Administration
1983-1986 : Ministère des Affaires étrangères (Nations Unies et Organisations internationales)
1986-1989 : Première secrétaire à l'ambassade de France à Berlin
1989-1991 : Ministère des Affaires étrangères (Affaires économiques et financières)
1991-1992 : Conseillère technique au Cabinet du Premier Ministre
1992-1995 : Conseillère chargée de la presse à l'Ambassade de France à Londres
1995-1999 : Ministre Conseillère à l'Ambassade de France à Tunis
1999-2002 : Ministère des Affaires étrangères (Inspectrice des Affaires étrangères)
2002-2008 : Ministère des Affaires étrangères (Directrice de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger ? AEFE)
Septembre 2008 Nommée Ambassadeur de France au Chili
Distinctions honorifiques
Chevalier de l'Ordre national du Mérite





