

Mustapha Abdeladin, Marocain originaire de Casablanca, installéau Chili depuis 20 ans (photo LPJ)
Mustapha Abdeladin n'aurait jamais pensés'installer au Chili. Mais ce qu'il appelle "les hasards et les rencontres de la vie"en ont décidéautrement. Il y a 20 ans, le jeune Marocain rencontre une Chilienne. Il l'épouse et la suit dans son pays. Il n'en est jamais reparti.
Depuis, il a travaillé"aux quatre coins"du Chili, principalement dans l'hôtellerie. À San Pedro d'Atacama, d'abord, puis dans plusieurs villes du sud, et enfin a Santiago, oùil a montévoici sept ans un restaurant?péruvien ! "Mon associéde l'époque venait de ce pays", explique-t-il en souriant, dans un français impeccable. Mustapha Abdeladin n'en oublie pas pour autant ses racines.
Pour s'en convaincre, il suffit de lever la tête lorsqu'on dîne dans son restaurant de Bellavista, au pied du cerro San Cristobal. Accrochée au plafond, une superbe lanterne marocaine en fer forgédécore la salle, et s'harmonise parfaitement avec les tissus péruviens recouvrant les murs. A la fin du repas, ce natif de Casablanca n'hésite pas àproposer un théàla menthe àses convives.
18 Marocains au Chili, six àSantiago
Pourtant, les quatre enfants du restaurateur parlent exclusivement espagnol. Lui-même confesse avoir beaucoup d'amis chiliens, mais peu de contacts avec la communautémarocaine du Chili. Il faut dire qu'ils ne sont pas nombreux. 18 tout au plus, selon Abdelaziz Jatim, le chargéd'affaires de l'ambassade du Maroc. Dont six àSantiago. L'un d'entre eux a montéune petite pâtisserie marocaine qui livre àdomicile, un autre a étédirecteur d'une sociétéd'autoroutes. Comme Mustapha, "la plupart sont arrivés ici un peu par hasard, en général après avoir rencontréet épouséune Chilienne en Europe", affirme Abdelaziz Jatim. Et d'ajouter : "Ils sont en général très bien intégrés, très bien vus. Ils souffrent moins de discrimination ici qu'en Europe".
Pourtant, les Chiliens connaissent encore très peu le Maroc, même si celui-ci fait des efforts pour se faire connaître, notamment dans le domaine culturel. "Nous avons construit un centre culturel àCoquimbo. On voit le minaret depuis l'entrée de la ville", s'enorgueillit Abdelaziz Jatim. Chaque année, une vingtaine d'étudiants du collège arabe de Santiago partent àla découverte du Maroc. Le royaume tente également d'exporter son expérience en matière de tourisme au Chili. Quant aux échanges commerciaux, ils restent encore limités, même si le Maroc importe pour 20 millions de dollars de bois chilien chaque année, ainsi que des produits agricoles. "Mais, insiste Abdelaziz Jatim, le Maroc est le seul pays arabe àdonner de l'importance àses relations avec le Chili. La preuve : en décembre 2004, le roi Mohammed VI a étéle premier chef d'Etat arabe àeffectuer une visite officielle au Chili".
Dans son restaurant, Mustapha Abdeladin est bien loin de ces considérations géopolitiques. Lui réussit parfaitement àpartager son c?ur entre les deux pays : "S'il y a un match de foot Maroc-Chili, je suis pour le Maroc. Mais si le Chili gagne, je suis content aussi".
Emmanuelle MICHEL. (www.lepetitjournal.com - Santiago) 25 juillet 2006





