Connaissez-vous « Los 80 » ? C'est la série à succès de la chaîne Canal 13 diffusée les dimanches soirs à 22h. On y suit la vie quotidienne d'une famille chilienne dans les années 80. Incarnant le père dans la série, l'acteur Daniel Muñoz a accepté de répondre aux questions du petitjournal.com
La petite famille de "Los '80", avec Tamara Acosta et Daniel Muñoz (photo Canal 13)
Chemise verte, le regard intense et indéniablement charismatique, l'acteur Daniel Muñoz, d'abord connu pour « Un taxi pour trois » ("Un taxi para tres"), puis désormais incontournable à la télé comme sur les planches, a peu à voir avec le sage père de famille, à la coiffure et au costume raides, qu'il incarne dans la série « los 80 », le succès télé du moment. Du moins en apparence. A l'écouter parler de cette époque et de lui-même, on découvre une anti-star, qui ne renie pas ses origines populaires. Le Chilien des années 80? : "celui qui ne fait pas les grandes révolutions mais qui tente simplement de survivre". Le premier épisode s'ouvre sur la crise économique qui a frappé le Chili en 1982 et plongé beaucoup de ses habitants dans le chômage. « Cette crise a provoqué un bouleversement à tous les niveaux dans la société chilienne, notamment pour les femmes. Elles ont dû travailler et les hommes ont été obligés d'être plus présents à la maison, un inversement s'est produit, la famille s'est restructurée » déclare Daniel Muñoz. Les scénaristes ont choisi la famille comme point central de la série : le père Juan plutôt humble qui ne fait pas de vagues, la mère interprétée par l'actrice, Tamara Acosta, à l'écoute de tous, la fille Ana qui est anti-Pinochet, son frère Martin qui lui au contraire lui vaut un culte et enfin le petit Felix, « le rayon de soleil » de la famille et de la série : tous reflètent un aspect du Chili de cette époque.
Le poids invisible
Le Chili de cette époque c'est évidemment la dictature et le poids qu'elle fait peser sur la société. Mais surtout ne cherchez pas de critique ou de polémique dans cette série. C'est d'ailleurs ce qui frappe le spectateur étranger. Le scénario est axé autour de l'amour, la famille, les petites histoires de chacun (les amourettes de la fille et du fils, les aventures de Felix), et c'est seulement entre ces intrigues que s'insèrent parfois les thèmes douloureux de l'époque, avec d'authentiques extraits d'archives radio ou télé. Le v?u des scénaristes était de montrer la famille typique de cette époque, « la famille populaire qui n'intervient pas en politique (...) qui évite les problèmes et qui les subit quand même », explique l'acteur. « Le Chilien est traditionnellement soumis, ajoute-t-il, il se battra pour sa famille mais pas pour ses voisins ». Ainsi, on ne montre pas les douleurs de la dictature et de la crise mais elles sont suggérées à travers le quotidien de personnes populaires comme le père, Juan, qui dès le début se retrouve au chômage. Daniel Muñoz avoue se retrouver dans cette famille qui ne voit rien venir : « avant que je « monte » à la capitale pour faire du théâtre, je ne me rendais pas compte de ce qui se passait vraiment. Je suis aussi issu d'une famille humble et mon seul v?u était d'être acteur, c'est à Santiago que j'ai ouvert les yeux. » Même si elle évoque un moment très difficile dans l'Histoire, c'est une série extrêmement gaie qui semble toucher les Chiliens. Comme Francisca, Chilienne vivant en France , elle suit les épisodes sur internet et se demande sur le forum: « Pourquoi ils n'exportent pas la série ? Cela permettrait aux étrangers de briser quelques mythes qu'ils ont sur le Chili et leur ferait vraiment connaître ce qu'est la famille chilienne ».
Si vous voulez découvrir la série, il vous reste deux épisodes : les deux prochains dimanches à 22H. Peut-on compter sur une deuxième saison ? « Quasiement sûr » d'après Daniel Muñoz. Pllongez vous dans la famille chilienne pour une heure, vous y retrouverez peut-être un peu de la vôtre, quel que soit votre pays origine.
Loeiza Recourt (www.lepetitjournal.com Santiago) Vendredi 12 Décembre {mxc}