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PORTRAIT - Cristian Valenzuela, sévère avec la France, agacé par la Suisse

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 2 septembre 2008, mis à jour le 9 janvier 2018
Cristian a été assistant d'espagnol pendant un an en France. Après être retourné vivre au Chili en 2004, il a décidé de poursuivre ses études d'art en Suisse. Il expose un groupe d'artistes tout le mois de septembre à Santiago, la ville où finalement il se plait le mieux

Avec sa tignasse brune rassemblée en chignon, et ses yeux tellement noirs qu'on les croirait maquillés, Cristian Valenzuela incarne "l' artiste". Le Chilien de 34 ans, a vécu dans la région parisienne pendant un an, et étudie à présent en Suisse. De retour à Santiago pour quelques semaines, il présente une exposition regroupant des artistes mondiaux°. Il confie sa vision des deux pays francophones qu'il connaît bien.

Destination Paris
Assistant d'espagnol au lycée Saint-Exupéry à Mantes-la-Jolie en banlieue parisienne, Cristian découvre que l'image de la France véhiculée par ses cours au Chili ne correspondait pas à la réalité : "j'ai trouvé les Parisiens apathiques, lourds, j'ai dû m'adapter mais ça a été très dur ", confie t-il. Cristian rêvait d'une France des années 70, "la France d'après mai 68 ", "plus poétique, romantique, celle qui écoutait de la chanson française". Cependant d'autres aspects de la vie à la française l'ont séduit : "cette combinaison de cultures différentes, ces divergences créant une homogénéité. Ici la divergence est ponctuelle et située, là-bas, elle est partout tout le temps".
Plus tard le jeune Latino-Américain s'est mis à travailler pour le Congrès International d'Architecture Moderne (CIAM) et a développer un "style différent, basé sur la technologie et les transformations esthétiques qu'elle génère". A son retour à Santiago en 2004, après presque un an passé en France, Cristian organise successivement deux expositions au centre Matucana 100 puis au Centre Culturel de l'Espagne.
Un an plus tard, voulant éviter "de se regarder le nombril au Chili", Cristian décide de retourner en Europe pour y faire son post-grade, en France, en Allemagne ou en Suisse, "mais pas en Espagne car je voulais affronter la difficulté de la langue". Accepté avec une bourse à l'Ecole Cantonale du Valais (ECAV), en Suisse, le jeune homme s'envole pour l'Helvétie. "Ce fut une expérience folle, avec des gens de partout dans le monde, mais je fus toujours considéré comme l'étranger". Cristian souffre parfois de ces préjugés que l'on calque sur lui, "on me voit encore comme une personne bizarre, je porte en moi tous les clichés sur l'Amérique latine".

3 villes, 3 manières de vivre
De la Suisse et la France, le Chilien retient un "formidable mixage des cultures". Mais, après avoir voyagé en Europe, Cristian développe une théorie bien particulière. Il prétend que "les conditions géographiques définissent la manière de penser d'un peuple". Aussi les Suisses "coincés entre deux montagnes ont des ?illères". Entre Valais, Paris et Santiago, "l'artiste visuel", comme il se définit, voit également une différence de vitesse. "Tout va plus vite à Paris mais tout est plus facile en Suisse, on comprend mieux, ils sont plus calmes, plus lents ". De Paris, Cristian déplore aussi la mauvaise qualité de vie, sans espace suffisant, où tout devient « insupportable et étouffant ». De plus, Paris ne serait pas la ville vivante et vivace dont parlent les guides de tourisme : "Malgré un flux de gens dans la ville très attirant , Paris est morte, le Louvre ne vit plus".
La Suisse, quant à elle, "ne permet pas l'improvisation". Il explique que tout fonctionne de manière systématique, avec des machines qui rendent la vie "drastique ". A la Suisse sans "saveur et sans dynamisme", il préfère son Santiago "formidable, en désordre et impertinent ". Il raconte, amusé, qu'il n'aimait pas sa ville avant de partir. Il se réjouit à présent du comportement des gens "parfois agressifs dans le métro, mais en même temps, ici, avec un sourire, tu peux parler à n'importe qui ". Il s'enthousiasme sur la cohabitation d'une demeure des années 30 en plein centre santiaguino avec un immeuble ultra moderne : "quelle insolence !"
En mai 2008, l'étudiant en art organise avec des amis une exposition en Suisse rassemblant 15 artistes de plusieurs nationalités. Fort de son succès, . Il propose aux participants de venir à Santiago pour une édition chilienne del  never walk alone . Il décrit l'évènement comme "une expo d'amis, sans vraie unité? c'est un espèce de chaos", expliquant qu'il n'a pas agi "comme un commissaire d'exposition, mais tout le contraire". Il rit, "c'est une exposition d'urgence, tout a été généré de façon spontanée": en moins de deux mois, tout était prêt. Cette exposition à la "diversité absolue "regroupe 7 artistes de la précédente expo présentée en Suisse (un Chinois, deux Français, deux Suisses, un Zambien, un Sud-Africain) auxquels se joignent 5 artistes locaux (dont Cristian). Pour s'y retrouver dans ce chaos international et cosmopolite, l'organisateur assure qu'une personne se tiendra présente pour expliquer au public chaque ?uvre et répondre à toutes les questions.
Marie GIFFARD. (www.lepetitjournal.com) mardi 2 septembre 2008

°I'll never walk alone  - Chile
Du 9 au 29 septembre
A la Galerie Trafixx, San isidro 512 ,métro Santa Lucia
Entrée gratuite
Tout public{mxc}

logofbsantiago
Publié le 2 septembre 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

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